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SHAY REFERMA BRUSQUEMENT LE LIVRE DE LA BIBLIOTHÈQUE ET le repoussa violemment.
L’ouvrage glissa sur la table et tomba par terre avec un bruit sourd. C’était la cinquième fois depuis que
je m’étais assise à côté de lui, à quatre heures.
– Tu veux qu’on se dispute maintenant ou tu attends de voir combien de reliures tu peux casser avant
qu’on se fasse virer de la bibliothèque ?
Pour toute réponse, il tapa furieusement sur le clavier de son ordinateur.
– Allez, Shay. Arrête.
Il se laissa aller contre sa chaise.
– Sérieusement, ça ne te dérange pas d’être traitée comme ça ?
– Traitée comment ?
– Comme un objet.
La veine de son cou palpitait.
– Ce n’est pas ça, dis-je en me levant et en ramassant les livres. Tu ne comprends pas nos rapports,
c’est tout. Nous sommes tous les deux des alphas ; nous nous défions tout le temps.
– Bien sûr.
J’attrapai un livre posé près de lui pour qu’il ne soit pas tenté de l’envoyer valser lui aussi.
– Et comment le défies-tu, au juste ?
– Ça ne te regarde pas. D’ailleurs, rien de tout ça ne serait arrivé si tu ne l’avais pas provoqué en
venant t’asseoir avec nous. Ren n’a fait que répliquer à ton incursion sur son territoire. Qu’est-ce qui t’as
pris ?
– Tu vois, tu l’admets ! Tu viens de te qualifier toi-même de « territoire ».
– C’est une façon de parler, Shay. Et tu n’es pas en position de t’estimer lésé. Tu n’es pas innocent ; tu
as défié Ren et tu le sais.
Il fronça les sourcils, se concentrant sur son ordinateur.
– Écoute, dis-je, enfouissant les mains dans mes cheveux. Je t’ai expliqué comment notre monde était
régi. Tu ne peux rien y changer.
– C’est là que tu te trompes. Sur deux points. D’abord, je ne sais pas vraiment ce qu’il en est. Tu m’as
seulement parlé des ordres de tes Gardiens. Je ne sais pas ce que tu ressens réellement au sujet de ce petit
mariage arrangé, parce que tu ne veux pas me le dire.
Je me retins de renverser les livres à mon tour.
– Ensuite, je pense que les choses peuvent changer.
La détermination que je lisais dans ses yeux me terrifiait.
– Tu te trompes et tu dois arrêter. D’abord les baisers, et ensuite cette scène au déjeuner. Tu
n’imagines pas combien ce que tu fais est dangereux. Ren est déjà jaloux…
– C’est toi qui m’as demandé de t’embrasser la première fois, et la seconde fois tu en avais
manifestement envie, dit-il en se balançant sur sa chaise. Et s’il est jaloux, tant mieux. Il a toutes les
raisons de l’être.
Je pris un livre, m’enfonçant dans mon siège.
– Ce n’est pas bien. Ren est un alpha. Tu te conduis comme un intrus, un loup solitaire. S’il pense que
tu interfères avec sa meute, son premier instinct sera de te tuer.
Un sourire hautain apparut sur ses lèvres.