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cette table, déchirée entre Shay et Ren.
J’inspectai les cabines pour m’assurer que j’étais seule. Elles étaient vides. Je m’approchai du lavabo,
j’ouvris le robinet d’eau froide et m’aspergeai le visage.
La porte s’entrouvrit.
Au moins j’ai eu deux secondes d’intimité.
– Calla.
Une main puissante me prit par le bras et me força à me retourner.
– Sors de là ! criai-je en repoussant Ren. Nous sommes dans les toilettes des filles.
– Si quelqu’un entre, je dirai que je me suis perdu, dit-il en souriant.
Je fis les gros yeux, essayant de m’essuyer le visage du dos de la main.
– Tu es vraiment pâle, ajouta-t-il. Qu’est-ce qu’il y a ?
De l’eau coula dans mon cou.
– Rien. J’ai juste oublié de faire une partie de mes devoirs hier soir. Je te l’ai déjà dit.
J’allai chercher une serviette en papier.
Un grognement a résonné dans sa poitrine.
– Bien essayé. Tu n’oublies jamais de faire tes devoirs.
Touchée.
– Pourquoi m’as-tu suivie ? ai-je demandé en me tournant vers le miroir et en faisant semblant de
réarranger mon chemisier. Je t’ai dit que j’allais bien.
Un sourire amusé flottait sur ses lèvres.
– Tu m’as aussi dit que tu ne voulais pas que je te laisse tranquille.
Je jetai la serviette froissée dans la poubelle.
– En parlant de ça, tu t’es bien amusé aujourd’hui ?
Son rire brusque retentit dans toute la pièce.
– Tu veux dire quand je t’ai prise sur mes genoux ou quand j’ai vu l’expression de son visage ?
– Il est au courant pour nous deux, Ren, dis-je en m’appuyant contre le lavabo. Inutile d’être cruel.
– Je pense que je peux juger par moi-même de son respect pour notre relation. Tu n’as pas remarqué la
façon dont il te regarde ?
– Ne sois pas bête, lançai-je sèchement, mais je ne pus m’empêcher de rougir.
– Je suis tout à fait sérieux, répondit-il calmement. Il n’a pas peur de nous comme les autres humains.
Je vais le tolérer à cause des ordres des Gardiens, mais il repousse les limites de ma patience quand il
s’agit de toi.
– Tu es jaloux, dis-je en lui donnant un petit coup sur la poitrine.
Il ne répondit rien, mais couvrit mes mains des siennes et les pressa contre l’évier.
Je lui montrai les dents.
– Quand j’ai dit que je ne voulais pas que tu me laisses tranquille, je ne voulais pas dire tout le temps.
Et maintenant, j’aimerais rester seule. Ce n’est pas ce que j’appelle un décor romantique.
Il secoua la tête.
– Trois choses.
– Quoi ?
– Un : qu’est-ce qui te préoccupe vraiment ?
Les lignes inquiètes autour de ses yeux eurent raison de ma colère.
– Les spectres. Ce qu’a dit Shay sur l’impression que des ombres le suivaient. J’ai peur qu’il y en ait
dans sa maison, qu’ils le surveillent lorsque Bosque n’est pas là. Il ne sait rien sur eux. C’est tellement
dangereux.
Je frissonnai.
– Tu t’inquiètes pour lui.