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LE LENDEMAIN MATIN, SHAY N’ÉTAIT PAS EN COURS. UNE VAGUE de nausée me submergea.
Les Gardiens auraient-ils pu lui faire du mal ?
Je me rongeai les ongles pendant les trois premiers cours de la journée. Lorsque j’entrai dans la classe
de chimie organique et que je le vis, assis à sa place, je luttai contre l’envie de courir le prendre dans
mes bras. Quand je m’approchai, ses deux partenaires humains se blottirent à l’autre bout de la table.
Shay observa leur réaction du coin de l’œil.
– Tu fais toujours cet effet-là aux humains ? demanda-t-il avec un petit sourire.
– En général, oui. Comme tous les Protecteurs. Tu es une anomalie de la nature, je devrais te terrifier.
Je m’appuyai contre la table, essayant de garder une voix calme.
– Où étais-tu ce matin ?
– Tu t’es fait du souci pour moi ? demanda-t-il en souriant de plus belle. Pour ta petite anomalie de la
nature ?
– N’importe quoi, mentis-je.
– J’ai séché, dit-il en faisant tourner un crayon de papier entre ses doigts. Je n’avais pas envie de sortir
de mon lit ce matin.
– Je trouve ton attitude bien cavalière, lançai-je, agacée d’avoir risqué un ulcère alors qu’il dormait.
Il baissa la voix et se pencha vers moi.
– D’après toi, mon oncle est un sorcier ultra-puissant, et d’après Logan, c’est un membre du conseil
d’administration. Que vont-ils faire, me renvoyer ?
– Peut-être, mais j’apprécierais un peu de considération. Pour ce que j’en savais, les Gardiens auraient
bien pu te donner en petit déjeuner à un spectre.
Il fronça les sourcils.
– C’est quoi, un spectre ?
Un frisson m’a parcourue.
– Peu importe. Appelle-moi, la prochaine fois, d’accord ?
– Tu vas me donner ton numéro de téléphone ? demanda-t-il avec un sourire taquin.
Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire à mon tour.
– Il faut croire.
Il sortit son téléphone et y entra le numéro que je lui dictais.
– Tu veux le mien ? demanda-t-il avec un regard plein d’espoir.
– Bien sûr, dis-je en sortant à mon tour mon téléphone.
– Ton bien-aimé n’a pas l’air d’apprécier, lança Shay, toujours souriant.
Je jetai un coup d’œil au fond de la classe. Ren, appuyé nonchalamment sur notre table, nous observait,
une paire de ciseaux à la main. Jamais fourniture scolaire ne m’avait paru aussi dangereuse.
– Bon cours, murmurai-je.
Je retournai à ma place, me reprochant de m’être montrée si ouvertement amicale envers Shay.
Lorsque j’arrivai à notre table, Ren était occupé à préparer l’expérience du jour.
– Hé, Ren.
Mon pouls battait si fort que j’ai à peine entendu ma propre voix. Lorsque je le regardais, je ne voyais
qu’une chose : mon lit. Je sentais la chaleur de son corps près du mien, entendais mon souffle court alors
que ses mains se glissaient sous ma robe.