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– Tout le monde le sait, rétorquai-je en gardant les yeux fixés sur la table. Ça n’a pas d’importance.
C’était son choix. Les règles sont différentes pour lui.
– Comment ça ? Les garçons seront toujours des garçons mais les filles doivent bien se tenir ? se
moqua-t-il.
– Je suis la femelle alpha, expliquai-je en coinçant mes chevilles derrière les pieds de ma chaise.
Personne ne peut me toucher. C’est la loi des Gardiens.
– Mais Ren peut toucher qui il veut ? Parce qu’apparemment, c’est ce qu’il fait.
– C’est un mâle alpha. La chasse fait partie de sa nature.
Je forçais tellement contre les pieds de ma chaise que le bois a craqué. Je ne voulais pas qu’il pose la
question que je voyais se former son visage.
– Mais si tu es une alpha toi aussi, la chasse n’est-elle pas dans ta nature ?
Je ne répondis pas. J’avais les jambes en feu.
– Et je t’ai touchée…
Ses doigts tressaillirent, comme s’il voulait recommencer. Me désire-t-il autant que je le désire ?
– Je n’aurais pas dû te laisser faire, dis-je, alors que tous les muscles de mon corps se relâchaient.
Peut-on parler d’autre chose ?
– Mais ce n’est pas juste…
Il essaya de me prendre la main. Je m’écartai.
– La justice n’a rien à voir là-dedans. Il s’agit de tradition. Et elle est importante pour les Gardiens.
– Mais et…
Il se tut.
– L’union est trop proche, le coupai-je en glissant les mains sous la table. Je ne suis pas libre. Et pour
ton information, Ren ne sort avec personne non plus en ce moment.
– Est-ce qu’il sort avec toi ? demanda-t-il en refermant violemment son ordinateur portable.
– C’est compliqué.
En réalité, c’est simple. J’appartiens à Ren, pas à toi.
Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise.
– Je ne supporte pas ce type. Il se comporte comme si tu lui appartenais.
– Tu ne le comprends pas, répliquai-je, embarrassée par l’absurdité de cette conversation. Et tu ne
m’embrasseras plus, Shay Doran.
– Je ne te promets rien.
Je me détournai, espérant qu’il n’avait pas remarqué la rougeur qui avait envahi mes joues. Je ne
voulais pas de sa promesse, mais ce choix ne m’appartenait pas. Je dois arrêter ça, maintenant.
– Très bien, dis-je froidement. Je suis sûre que tu t’en sortirais parfaitement dans la vie avec une seule
main.
Il enleva ses mains de la table.
– Tu n’oserais pas.
– À toi de voir si tu veux prendre le risque, ajoutai-je en riant.
Il frissonna et marmonna quelque chose dans sa barbe.
– Je n’ai pas entendu.
La frustration me donnait mal au ventre. Je voulais qu’il me touche encore, et j’étais furieuse contre
moi-même et contre lui, qui éveillait ce désir en moi.
– Je disais juste que je suis content de savoir que je suis tombé sous le charme d’une vestale.
– Une quoi ?
– Oh, des bêtises, de l’histoire, dit-il avec un sourire froid qui me hérissa. Des jeunes filles elles aussi
extrêmement désirables mais intouchables. Si elles brisaient leur vœu de chasteté, elles étaient enterrées
vivantes.