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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

« Concernant ma personne, mon cher Cicéron, puisse seulement la République se délivrer<br />

avec mon aide des m<strong>au</strong>x qui la menacent ! J’apprécie les honneurs et les récompenses venant<br />

de vous, car ils sont comparables à l’immortalité, mais en leur absence je ne rabattrai rien de<br />

mon ardeur et de ma persévérance…Le 26 avril, j’ai fait passer mon armée de l’<strong>au</strong>tre côté du<br />

Rhône, à grandes étapes ; j’ai envoyé mille cavaliers à Vienne en avant-garde… Je te<br />

demande ton amitié, puisque tu sais qu’ainsi tu me paieras de retour. Bonne santé. 1 »<br />

D’Orient, Cassius envoya une lettre pour avertir la Ville de sa victoire sur Dolabella, et<br />

Lépide fit savoir <strong>au</strong> consul de 63 qu’il se rattachait également <strong>au</strong> camp des vainqueurs. Il est<br />

probable que si Antoine avait été capturé en cette fin du mois de mai, la dictature de César<br />

serait restée dans l’histoire comme anecdotique ou presque et que la République <strong>au</strong>rait vécu<br />

encore de longues années troublées avant de mourir. Peut-être serait-elle cependant devenue<br />

une vraie démocratie prospère grâce <strong>au</strong>x réformes de César dans une version modifiée. Quoi<br />

qu’il en soit on ne peut refaire l’histoire. Antoine ne fut pas capturé et mon travail ne s’arrête<br />

pas à cette ligne.<br />

Camp de pont d’Argens, 22 mai 43<br />

« En tout temps nous avons rivalisé entre nous d’une ardeur extrême à nous rendre<br />

mutuellement service, eu égard à nos liens d’étroite amitié, et veillé l’un sur l’<strong>au</strong>tre avec un<br />

soin approprié à préserver cette ardeur ; cependant, j’ai la certitude que, dans cet immense<br />

bouleversement si soudain de la République, des rumeurs erronées, propagées par mes<br />

détracteurs, t’ont transmis à mon sujet des in<strong>format</strong>ions indignes de moi, bien faites pour<br />

t’émouvoir <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t point, étant donné ton amour pour la République. Je sais par mes<br />

représentants que tu les as accueillies avec préc<strong>au</strong>tions et que tu n’as pas jugé leur devoir<br />

une confiance aveugle ; je t’en suis fort reconnaissant, comme il se doit ; de fait, je n’ai pas<br />

oublié, en particulier, ces initiatives antérieures, qui sont nées de ta volonté, pour accroître et<br />

embellir ma dignité et qui resterons à jamais gravées dans mon cœur. Je te le demande avec<br />

force, mon cher Cicéron : si tu as bien présentes à l’esprit ma vie, mon ardeur, ma vigilance,<br />

ma loy<strong>au</strong>té dans mon activité politique passée, qui sont dignes de Lépide, attends-toi, dans<br />

l’avenir, à des actes de valeur égale ou d’<strong>au</strong>tant plus grande et fais-toi d’<strong>au</strong>tant plis un devoir<br />

de me soutenir de ton <strong>au</strong>torité que je te suis d’avantage redevable pour les services que tu me<br />

rends. Bonne santé. 2 »<br />

Lépide et Plancus encerclaient alors Antoine et ses dernières troupes devant Fréjus. Lépide<br />

informa Cicéron qu’il retardait l’ass<strong>au</strong>t pour laisser le temps <strong>au</strong> maximum de déserteurs<br />

d’Antoine de venir renforcer ses troupes. En réalité, une intense correspondance s’était établie<br />

entre Plancus, Lépide et Pollion, gouverneur de l’Espagne ultérieure qui avait également, le<br />

16 mars, fait acte d’allégeance à la République. Les trois césariens hésitaient. Choisir Cicéron<br />

c’était être certains de la victoire, mais devoir non seulement rentrer dans une large mesure<br />

dans le rang des hommes norm<strong>au</strong>x, des citoyens. C’était se rallier, d’une certaine manière <strong>au</strong><br />

camp pompéien, aspect que Cicéron n’avait rien fait pour cacher quand il ne l’avait pas<br />

accentué. En face, avec Antoine, une victoire incertaine, mais la possibilité de bénéficier bien<br />

plus de celle-ci. C’était, en quelque sorte rester fidèles à leur camp d’origine. Plancus et<br />

Pollion, contrairement <strong>au</strong>x apparences, ne faisaient <strong>au</strong>cun choix décisif. Il leur <strong>au</strong>rait été très<br />

facile à ce moment de défaire Antoine mais ils ne le firent pas. Lépide, lui, choisit son camp.<br />

Le 29 mai, alors que sept jours <strong>au</strong>paravant il assurait encore l’Arpinate de sa fidélité, il trahit<br />

le Sénat et se rallia à Antoine avec toutes ses troupes.<br />

1 Cicéron, Correspondance, XI, DCCCLXVII de L. Munatius Plancus, 2, 3.<br />

2 Ibidem, DCCCXCVII de Lépide, 1, 2.<br />

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