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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Ne croyons-nous pas qu’ils vont se repentir d’avoir déclaré et manifesté leur haine contre<br />

Antoine, ceux qui ont promis de l’argent et des armes, ceux qui se sont portés, corps et âme,<br />

<strong>au</strong> salut de la République ? Comment notre résolution présente sera-t-elle approuvée de<br />

Capoue, qui, en ces derniers temps, s’est montrée une seconde Rome ? Elle, elle a jugé,<br />

rejeté, chassé des citoyens impies ; elle, oui, cette cité, <strong>au</strong>x efforts si courageux, a vu Antoine<br />

échapper de ses mains. Et nos légions ? Nos résolutions ne leur coupent-elles pas les nerfs ?<br />

Qui donc pourrait avoir le cœur enflammé pour la guerre, si on lui offre l’espoir de la<br />

paix ? 1 »<br />

On peut s’étonner de cette hargne qu’avait Cicéron de déclarer la guerre à l’ennemi en<br />

comparaison de la fougue avec laquelle il réclamait la paix lors du début de la guerre civile.<br />

L’orateur avait-il radicalement changé durant les six années séparant les deux conflits ? Sans<br />

<strong>au</strong>cun doute oui, le remplacement de la République par un régime dictatorial et la mort de sa<br />

fille l’avaient profondément transformé. Mais il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi prendre en compte les<br />

circonstances. En 49 la paix était le meilleur moyen, si ce n’est le seul, de s<strong>au</strong>vegarder les<br />

institutions républicaines attaquées par les triumvirs et leur guerre. En 43, la paix conserverait<br />

le régime en place mit en place par César qui donnait le pouvoir à un seul. Seule la victoire<br />

sur les partisans du pouvoir unique pourrait, peut-être, rest<strong>au</strong>rer le système « démocratique ».<br />

Sans compter que la première fois le temps jouait pour les sénateurs. La seconde, chaque<br />

minute renforçait Antoine et affaiblissait les républicains. Je ne pense pas que l’on puisse dire<br />

que Cicéron avait des opinions facilement changeantes. Sa c<strong>au</strong>se, dans les deux conjonctures,<br />

il l’avait défendue farouchement, on ne peut le nier.<br />

Pendant que le Sénat lui envoyait ambassade sur ambassade, Antoine se renforçait. Il se<br />

rapprocha de Lépide, gouverneur de l’Espagne citérieure et de la G<strong>au</strong>le narbonnaise et de<br />

Munatius Plancus qui avait sous sa juridiction la G<strong>au</strong>le chevelue et la G<strong>au</strong>le Transalpine.<br />

Tous deux avaient été mis en place par César et maintenus par Antoine. Là <strong>au</strong>ssi les<br />

transactions du Sénat se révélèrent néfastes. Les deux gouverneurs voyant que les certitudes<br />

de la victoire de Cicéron s’effritaient petit à petit, minées par le parti de la paix, envoyèrent<br />

des lettres <strong>au</strong>x Pères pour les encourager à conclure une trêve avec Antoine. Voyant le danger,<br />

l’orateur réagit immédiatement. Il envoya des lettres <strong>au</strong>x deux hommes incriminés et<br />

prononça parallèlement, le 20 mars, sa 13 ème Philippique. Incitant tous les honnêtes gens à<br />

combattre le nouve<strong>au</strong> tyran. Il fit également un éloge à Sextus Pompée pour sa collaboration<br />

dans la crise, il remémora à tous le souvenir de son illustre père. Il espérait ainsi réveiller les<br />

derniers pompéiens qui s’étaient retirés après la victoire de César. C’était un choix dangereux.<br />

Nombre de sénateurs, de puissants et de citoyens ressentaient encore du respect, sinon de<br />

l’amour pour celui qui les avait soit mis en place, soit défendus soit comblés de présents.<br />

L’orateur risquait gros. Mais il n’y eut pas de réaction supplémentaire <strong>au</strong>x propositions de<br />

paix que défendaient les anciens césariens convaincus. La haine et le mépris d’Antoine que<br />

l’Arpinate leur avait inculqués avaient, chez be<strong>au</strong>coup, pris le dessus.<br />

Le 14 avril les troupes de Pansa qui venaient renforcer celles d’Hirtus, furent prises dans une<br />

embuscade tendue par Antoine et Pansa fut grièvement blessé mais son collègue arriva à<br />

temps et infligea une sévère défaite <strong>au</strong> consul de 44. Celui-ci parvint néanmoins à s’en sortir<br />

vivant.<br />

1 Cicéron, Philippique, XII, II, III, 7.<br />

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