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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Le consul de 63, par son seul talent oratoire et son habile stratégie politique, avait, malgré la<br />

m<strong>au</strong>vaise volonté sénatoriale, passé la corde <strong>au</strong> cou de son ennemi. Il ne restait plus qu’à la<br />

tendre et la République serait s<strong>au</strong>vée. Mais cette fois Cicéron avait été joué. Dans l’ombre un<br />

homme avait, sous couvert d’une bonne c<strong>au</strong>se, gravi les échelons et outrepassé les lois<br />

protégeant l’Etat des ambitieux, il était devenu l’un des plus puissants personnages de Rome.<br />

Il ne lui restait plus qu’à éliminer ses adversaires pour être l’unique maître de l’Empire<br />

romain.<br />

Le point décisif<br />

Cicéron n’avaient jamais totalement fait confiance <strong>au</strong>x deux consuls de 43 car ils avaient tous<br />

les deux été des fervents partisans du dictateur les années précédentes. Le discours de Pison<br />

lors des premiers jours de janvier pour faire preuve de clémence envers Antoine l’avait<br />

renforcé dans son doute sur leur réelle ferveur dans le combat pour le régime républicain. «…<br />

en particulier ce qui concerne les consuls désignés : ce sont des hommes que je connais à<br />

fond, pétris de la sensualité et de la mollesse propres <strong>au</strong>x âmes complètement efféminées ;<br />

s’ils ne quittent pas la barre, il y a un risque majeur de n<strong>au</strong>frage universel. 1 »<br />

Les consuls cependant n’étaient pas <strong>au</strong>ssi lâches que Cicéron les présente. En ce mois de<br />

février ils eurent l’occasion d’achever Antoine, de rest<strong>au</strong>rer la République et pourtant ils ne le<br />

firent pas. Pourquoi ? Parce qu’ils en furent empêchés par le Sénat. Le parti de la paix,<br />

toujours influent à la curie malgré les manœuvres de l’orateur, avait en effet fait adopter à<br />

l’illustre assemblée la proposition de l’envoi d’une seconde mission diplomatique <strong>au</strong>près<br />

d’Antoine. Cicéron avait, dans le courant du mois de février, prononcé la 9 ème Philippique,<br />

éloge funèbre pour son ami Sulpicius Rufus qui était mort de maladie <strong>au</strong> cours des premières<br />

négociations avec Antoine. Choisi pour être l’un des trois membres de la mission<br />

diplomatique, il n’avait pas voulu se dérober à sa tâche et était décédé <strong>au</strong> cours de sa mission.<br />

La 10 ème Philippique, rédigée un peu plus tard, appuyait une proposition faite <strong>au</strong> Sénat de<br />

donner à Brutus l’imperium sur la Macédoine et la Grèce. La 11 ème Philippique avait, quant à<br />

elle, incité les Pères à confier à Cassius la mission d’éliminer Dolabella, mission initialement<br />

déléguée <strong>au</strong>x consuls. Ce fut un échec. Cependant les conjurés des ides de mars<br />

débarrassèrent tout de même l’Orient du consul de 44 peu après et cela sans l’accord du<br />

Sénat 2 . La 12 ème Philippique, fut plus importante, <strong>au</strong> même titre que la 1 ère , la 2 ème ou la 8 ème .<br />

Cicéron y attaqua violemment les nouvelles tractations de paix, jugeant qu’elles étaient<br />

premièrement inutiles, Antoine n’avait-il par répondu par la négative voire par le mépris <strong>au</strong>x<br />

premières, et secondement pouvaient affaiblir le camp et les troupes républicaines, fatiguées<br />

de rester inactives pendant que les aristocrates faisaient des délibérations stériles.<br />

S’il y a eu erreur, Sénateurs, sous l’effet d’un espoir f<strong>au</strong>x et fallacieux, revenons sur le droit<br />

chemin. Le meilleur port, pour qui se repent, consiste à changer de dessein. En quoi peut bien<br />

servir à la République, par les dieux immortels, notre députation ? Je dis : servir ; et si elle va<br />

même nuire ? Elle va, et si déjà elle a fait du tort et nui ? Ce désir si vif et si ferme qu’avait le<br />

peuple romain de recouvrer la liberté, ne le croyez-vous pas diminué et affaibli par l’annonce<br />

d’une députation en vue de la paix ? Et les municipes ? Et les colonies ? Et l’Italie entière ?<br />

Pensez-vous qu’ils garderont la même ardeur, qui les avait enflammés contre l’incendie<br />

commun ?<br />

1 Cicéron, Correspondance, X, DCCCXXXIV à Tiron, 1.<br />

2 Les dates retenues pour les 9 ème , 10 ème , 11 ème et 12 ème Philippiques furent respectivement prononcées le 4, le 15<br />

février puis le 8 et le 10 mars mais elles sont incertaines.<br />

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