Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard
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Cicéron contre les triumvirs<br />
Le 4 on décida enfin d’envoyer une ambassade à Antoine. Il obtiendrait comme province<br />
proconsulaire la G<strong>au</strong>le chevelue à condition de lever le siège de Modène, et de retirer son<br />
armée à plus de 200 miles de Rome. En cas de refus il serait déclaré ennemi public. En<br />
prévision de quoi Hirtus marcha vers Modène avec des troupes. On décerna également, selon<br />
une proposition de Cicéron, des honneurs à Octave ; celui-ci pourrait siéger <strong>au</strong> Sénat, on<br />
légaliserait son armée et il <strong>au</strong>rait le droit de briguer quelque magistrature que ce fût en dépit<br />
de son âge. Tout, en apparence, montrait que le consul resserrait lentement l’ét<strong>au</strong> sur Antoine.<br />
Du 4 janvier <strong>au</strong> 1 er Février, où l’on reçut la réponse de l’ancien tribun, Cicéron prononça la<br />
sixième et la septième Philippique, la première <strong>au</strong> peuple, la seconde <strong>au</strong> Sénat. Il combattait<br />
sur tous les fronts. Protégeant les conjurés contre des attaques césariennes, montant le peuple<br />
contre l’homme qui assiégeait Modène et ralliant à lui le plus de gouverneurs et de sénateurs<br />
possibles. Plus les jours avançaient et plus la défaite d’Antoine semblait probable. Brutus<br />
s’était débarrassé des dernières oppositions dans la majeure partie des provinces orientales et<br />
avait rassemblé une armée qu’il tenait à la disposition de la République. Ses troupes étaient<br />
l’exact opposé de celles que Pompée avait rassemblées quelques années plus tôt ; elles<br />
comptaient nombre de jeunes officiers dont Horace et le fils de Cicéron chargé d’une unité de<br />
cavalerie. De même lorsque Dolabella était arrivé en Syrie pour commencer son proconsulat,<br />
il y avait trouvé Cassius qui était déjà en place avec de nombreuses troupes. Le Sénat<br />
confirma alors la magistrature à l’ancien conjuré et ce pour six ans. Dolabella, furieux, tua par<br />
traîtrise le gouverneur d’Asie, prit sa place, et se prépara à envahir la Syrie. Il remporta bien<br />
quelques succès maritimes grâce <strong>au</strong> soutien de Cléopâtre, mais, déclaré ennemi public, il fut<br />
finalement vaincu et se suicida. L’Orient fut entièrement sous contrôle des conjurés, et donc<br />
du Sénat, à la fin du printemps 43. Restait l’Occident.<br />
La proposition d’Antoine <strong>au</strong> sénateurs : la G<strong>au</strong>le chevelue pour six ans, six légions et les<br />
décisions qu’il avait prises en tant que consul confirmées ce que le Sénat avait déjà refusé de<br />
faire, fut jugée inacceptable par la curie. Le 2 février, on vota l’état d’urgence, les Pères se<br />
refusant encore à nommer officiellement l’ancien consul ennemi public. Cicéron continua son<br />
combat et prononça le 3 avec la huitième Philippique qui dissertait sur la décision prise la<br />
veille. L’orateur la considérait comme absurde. Mieux v<strong>au</strong>t une vraie guerre ; une guerre<br />
« larvée » n’<strong>au</strong>rait que des désavantages pour le camp républicain. « Nous ne voulons pas<br />
qu’il y ait apparence de guerre. Quel fondement donnons-nous donc <strong>au</strong>x municipes et <strong>au</strong>x<br />
colonies, pour fermer leurs portes à Antoine, pour enrôler des soldats sans contrainte ni<br />
amende, avec empressement et spontanéité, pour promettre des subsides à l’Etat ? En<br />
supprimant le mot de guerre, on supprimera le zèle des municipes ; et l’assentiment unanime<br />
du peuple romain, qui déjà s’est porté vers notre c<strong>au</strong>se, si nous nous relâchons, s’affaiblira<br />
nécessairement. 1 » Cette fois les arguments de l’orateur l’emportèrent. Sa proposition d’offrir<br />
l’amnistie à tous les déserteurs d’Antoine fut adoptée et l’on sous-entendit que quiconque<br />
supprimerait l’ennemi recevrait une forte récompense. Parallèlement Hirtus et Octave qui<br />
avaient reçu les pleins pouvoirs grâce à la déclaration de l’état d’urgence, annoncèrent qu’ils<br />
avaient engagé les opérations contre l’ancien vassal de César. Dès le début de la guerre,<br />
Antoine fit figure de vaincu, ce qui facilitait grandement la tâche de Cicéron car nombre de<br />
sénateurs votaient en fonction de la situation plus que par véritable dévouement à tel ou tel<br />
camp.<br />
1 Cicéron, Philippique, VIII, II, 4.<br />
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