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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Le jeune ambitieux voulait clairement se servir de la crise pour conquérir un grand pouvoir. Si<br />

après l’avoir aidé dans son ascension, ce que lui proposait le Sénat ne lui plaisait pas, il<br />

risquait fort d’être impossible à arrêter et de devenir le nouve<strong>au</strong> tyran dont il avait bien plus la<br />

carrure que son prédécesseur. Le jeune politicien joua cependant de bonne volonté et aligna<br />

les bons arguments, ceux-ci commencèrent à faire changer l’avis de l’Arpinate. Et quand<br />

Octave prononça devant les Pères un discours excellent accusant Antoine de nombre de m<strong>au</strong>x<br />

et qu’il l’eut envoyé à Cicéron qui ne put que l’approuver, l’orateur se rangea de son côté<br />

contre l’avis d’Atticus et de Brutus. « Cicéron, n'écoutant que sa haine contre Antoine, se<br />

déclara pour le jeune César, et en fut vivement repris par Brutus, qui lui reprocha de ne pas<br />

craindre un maître, mais seulement un maître qui le haïssait ; et qu'en faisant dans ses<br />

discours et dans ses lettres l'éloge de la douceur de César, il ne cherchait qu'à se ménager<br />

une servitude moins dure. 1 » Il ne pouvait laisser un « enfant » porter seul le destin de la<br />

République. Aussi, oubliant la prudence, revint-il à Rome le 9 décembre, presque un mois<br />

avant la fin du mandat d’Antoine. Il prononça le 20 décembre ses troisième et quatrième<br />

Philippiques destinées respectivement <strong>au</strong> peuple et <strong>au</strong>x Pères. Il s’expliqua de ce choix à<br />

Brutus : « Les tribuns de la plèbe ont convoqué le Sénat le 20 décembre…j’avais déjà décidé<br />

de ne pas me rendre <strong>au</strong> Sénat avant le 1 er janvier ; cependant ton édit étant publié<br />

précisément ce jour, j’ai jugé sacrilège ou bien que le Sénat tînt séance sans qu’il fût question<br />

de tes bienfaits divins envers la République, ce qui <strong>au</strong>rait été le cas si je ne m’y étais pas<br />

rendu, ou encore, si l’on parlait de toi avec honneur, que je ne fusse présent. 2 » En effet le<br />

gouverneur de la G<strong>au</strong>le cisalpine, Décimius Brutus, qui avait également participé à la<br />

conjuration contre le dictateur, avait fait le même jour, encouragé par Cicéron, publier un édit<br />

qui prévenait les Pères de sa décision ; il allait tenir bon et conserver sa province à la<br />

disposition du Sénat et du peuple romain. Les sénateurs, comprenant quel camp la fortune<br />

avait choisi, ne pouvaient pas encore prendre de décisions légales contre le consul, les lois de<br />

César le protégeant. Mais ils firent cependant clairement ressentir qu’ils se joignaient <strong>au</strong> choix<br />

de Cicéron et se ralliaient à Octave contre le successeur du tyran.<br />

Entre-temps les « libérateurs » avaient rejoint leurs provinces bien que les agissements du<br />

consul leur en aient légalement enlevé le commandement. Brutus avait fait voile vers la Crète<br />

et de là s’était rendu en Grèce où il avait reçu le soutien des gouverneurs de Macédoine et<br />

d’Asie et en conséquence de leurs troupes. Antoine avait également échangé sa province<br />

proconsulaire de Macédoine contre la G<strong>au</strong>le cisalpine bien mieux située et be<strong>au</strong>coup plus<br />

importante stratégiquement.<br />

Antoine comprit qu’il n’avait plus rien à attendre de l’assemblée, il la plaça devant le fait<br />

accompli et mit le siège à Modène où s’était retranché Décimius. Dès l’entrée en charge des<br />

nouve<strong>au</strong>x consuls le 1 er janvier les délibérations furent vives pour savoir si l’on déclarerait oui<br />

ou non Antoine ennemi public. Cicéron fut, avec Pansa dans une moindre mesure, partisan de<br />

la fermeté et prononça à cette occasion sa cinquième Philippique. En face, le be<strong>au</strong>-père de<br />

l’ancien lieutenant de César, Q. Fufius Calenus parla pour la paix, ne pouvant se résoudre à<br />

déclarer ennemi d’Etat un ancien compagnon d’armes. L’Arpinate semblait devoir l’emporter<br />

mais le vote fut reporté deux jours de suite ; la première fois car la séance avait atteint le<br />

crépuscule et la seconde parce qu’un tribun de la plèbe, Salvius, imposa à tous une nuit de<br />

réflexion. Le 3 janvier Pison parla en faveur d’une solution pacifique ce qui retourna les<br />

sénateurs, mais on ne prit toujours <strong>au</strong>cune décision concrète.<br />

1 Plutarque, Vie de Brutus, XXVI.<br />

2 Cicéron, Correspondance, X, DCCCXXXI à Décimius Junius Brutus, 1.<br />

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