Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard
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Cicéron contre les triumvirs<br />
7. Pour la République !<br />
Cicéron contre Antoine, le dernier combat du grand orateur<br />
L’échec des conjurés<br />
Cicéron n’avait pas participé à la conjuration, il n’en avait même rien su avant qu’elle ne fût<br />
accomplie. Mais il se réjouit vivement de la disparition du dictateur «…la joie d’avoir vu de<br />
mes propres yeux la mort méritée du tyran 1 ». L’orateur, comme les conjurés et be<strong>au</strong>coup<br />
d’<strong>au</strong>tres, pensaient qu’avec la mort de César la vie politique reprendrait le cours normal<br />
qu’elle n’avait plus connu depuis plus de dix ans. Et c’était là le problème. Les débordements<br />
de Clodius, les réformes des triumvirs qui furent suivies de peu par celles de César, avaient<br />
profondément modifié le fonctionnement des institutions. Les changements politiques<br />
intervenus depuis les réformes des Gracques avaient rendu la République très instable et seule<br />
la dictature de César avait, en fin de compte, pu ramener l’ordre. Le peuple avait pris<br />
l’habitude de voter les propositions du conquérant sans consultation du Sénat et sans le<br />
système des comices avantageant grandement les plus riches. La plèbe n’était pas prête à<br />
rendre ce qu’elle avait acquis. Elle savait que si elle pouvait facilement faire pression sur un<br />
seul homme, il était be<strong>au</strong>coup plus difficile d’en manœuvrer 900. En plus de cela, César,<br />
malgré la brièveté de son règne –il possédait le contrôle de la métropole italienne entre 49 et<br />
44- avait eu le temps de placer des hommes de confiance, du moins pour certains, <strong>au</strong>x postes<br />
clés. Certes, ces derniers, tel Antoine, ne faisaient pas l’unanimité <strong>au</strong>près du peuple ni des<br />
sénateurs. Ils avaient cependant le soutien des soldats et, surtout, le contrôle de l’argent que<br />
leur avait légué César, ce qui était déjà avoir une généreuse option sur le pouvoir. Aussi la<br />
mort du dictateur ne résolut-elle rien. Comme le dit Cicéron un mois après les événements des<br />
ides de Mars : « nous sommes libérés du roi, non de la roy<strong>au</strong>té 2 ».<br />
Lors de la préparation du complot, certains avaient émis l’idée de supprimer Antoine en plus<br />
de César, soulignant le risque qu’il prît la succession du tyran. Brutus, qui était avec Cassius<br />
l’un des deux membres princip<strong>au</strong>x de la conspiration « combattit cet avis, d'abord parce qu'il<br />
était contraire à toute justice ; en second lieu, par l'espoir qu'il leur donna du changement<br />
d'Antoine. Il ne désespérait pas qu'un homme d'un caractère élevé, ambitieux et avide de<br />
gloire, quand il verrait César mort, ne s'enflammât, à leur exemple, d'une noble émulation<br />
pour la vertu, et ne voulût contribuer à la liberté de sa patrie. 3 » Les conjurés avaient donc<br />
décidé de ne tuer personne excepté le tyran.<br />
Après l’assassinat, Antoine, comprenant qu’il pouvait devenir une cible, quitta la Cité sous<br />
des habits de simple plébéien 4 . Sa fuite fut facilitée par la panique qui s’était emparée de la<br />
Ville.<br />
1 Cicéron, Correspondance, IX, DCCXXXV à Atticus, 4.<br />
2 Ibidem, DCCXXXVIII à C. Cassius Longinus, 1.<br />
3 Plutarque, Vie de Brutus, XXI.<br />
4 Ibidem, XXI. A noter que dans sa Vie d’Antoine <strong>au</strong> passage XIV, 1, Plutarque parle d’un déguisement en<br />
esclave. La première version semble la plus correcte <strong>au</strong> vu du statut d’Antoine.<br />
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