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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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l’éclat de ta vertu, de ta sagesse et de ton honneur. Ceci doit t’être d’un grand secours pour<br />

alléger le poids de tes ennuis. 1 »<br />

En Janvier 45, César, après avoir triomphé trois fois, donné des jeux d’une amplitude jamais<br />

vue et avoir été nommé consul et dictateur pour dix ans, venait à peine de partir pour mener<br />

son dernier combat en Espagne, qu’on vit l’ex-avocat entretenir avec Dolabella, qui<br />

accompagnait le futur vainqueur de Munda, une courte correspondance pour que son exgendre<br />

restât <strong>au</strong> courant de toutes les affaires se tramant dans la Capitale.<br />

Cicéron contre les triumvirs<br />

« Je n’ose manquer de donner à notre cher Salvius une lettre pour toi ; je n’ai, ma foi, rien à<br />

t’écrire, sinon que j’ai pour toi une affection étonnant ; mais je suis sûr que tu n’en doutes<br />

pas, même sans que je t’écrive. De fait, à Rome il ne se passe rien dont tu te soucies, je<br />

penses, d’être informé ; 2 »<br />

Mais le destin avait visiblement des comptes à rendre <strong>au</strong> vieux consulaire. Et rien de ce qu’il<br />

avait traversé jusqu’alors ne fut comparable avec l’ultime épreuve qu’il allait devoir<br />

surmonter. En février 45, sa fille adorée, celle qu’il avait élevée avec tant de soin, celle qui<br />

l’avait soutenu à son retour de Grèce, celle qui avait été son réconfort pendant son exil, celle<br />

qui enfin avait toujours été là pour lui même dans les pires situations, mourut à 30 ans en<br />

mettant <strong>au</strong> jour le second petit fils du vieil homme. Pour Cicéron le choc fut terrible. Rien ne<br />

l’avait préparé à un tel malheur et de toute façon rien ne l’<strong>au</strong>rait pu. Il avait deux filles qu’il<br />

aimait par-dessus tout : la République romaine et Tullia, il venait de les perdre toutes deux.<br />

Cicéron était présent <strong>au</strong> moment de son décès dans sa maison de Tusculum. Il quitta<br />

immédiatement la villa pour se rendre chez Atticus à Rome, car il espérait trouver un peu de<br />

consolation <strong>au</strong>près de son ami. Mais là-bas, la foule des gens venant lui apporter leurs<br />

condoléances était telle que l’Arpinate ne pouvait vraiment pleurer la mort de sa fille, fût-ce<br />

un seul instant. « Quand me fut parvenue la nouvelle du décès de ta fille Tullia, j’en ai été<br />

littéralement accablé, <strong>au</strong>tant qu’il se devait, et j’ai considéré que ce malheur nous frappait en<br />

commun ; si j’avais été à Rome, je ne t’<strong>au</strong>rais pas fait déf<strong>au</strong>t et t’<strong>au</strong>rais manifesté ma douleur<br />

devant tes yeux…cependant, j’ai décidé de t’écrire toutes les idées qui me sont venues sur le<br />

moment à l’esprit… Pour quelle raison serais-tu si profondément remué par ta douleur<br />

personnelle ? Examine de quelle façon la fortune nous a traités jusqu’à ce jour, comment elle<br />

nous a arraché ce qui doit être <strong>au</strong>ssi cher à l’homme que ses enfants : patrie, considération,<br />

dignité, honneurs de toute sorte ; ce seul surcroît de disgrâce a-t-il pu ajouter grand-chose à<br />

ta douleur ? Un cœur rompu à ces épreuves-là ne doit-il pas désormais être endurci et faire<br />

moins de cas de tout le reste ?... Certaine circonstance m’a fourni une consolation non<br />

négligeable ; je veux te la faire connaître, <strong>au</strong> cas où elle pourrait atténuer <strong>au</strong>ssi ta douleur.<br />

Revenant d’Asie je naviguais d’Egine vers Mégare, quand je me mis regarder circulairement<br />

l’horizon : derrière moi se trouvait Egine, devant moi Mégare, à droite Le Pirée, à g<strong>au</strong>che<br />

Corinthe ; or, ces villes, à un moment donné si florissantes, gisent <strong>au</strong>jourd’hui devant nos<br />

yeux écroulées et ruinées… "Eh quoi ! nous nous indignons, chétifs humains, si l’un d’entre<br />

nous, dont la vie doit être relativement courte, a péri ou a été tué, quand les cadavres de tant<br />

1 Cicéron, Correspondance, VII, CCCCXCIX à Servius Sulpicius Rufus, 2.<br />

2 Ibidem, DLXXVIII à P. Cornélius Dolabella, 1.<br />

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