Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard
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mais l’on peut suggérer des hypothèses. On sait notamment que Terentia se trompait de plus<br />
en plus souvent dans les comptes de la maisonnée, n’envoyant, par exemple, que 10'000<br />
sesterces sur les douze que lui avait demandés Cicéron à Brindes, gardant ainsi, par mégarde<br />
bien entendu, 2'000 piécettes pour son propre compte. Certes ce n’était pas d’une importance<br />
capitale mais l’avocat confia à Atticus que ce n’était pas la première fois et qu’il y avait eu<br />
des cas be<strong>au</strong>coup plus graves qu’il avait passés jadis sous silence. L’Arpinate avait, à l’instar<br />
de cette tromperie, d’innombrables petits griefs à l’encontre de sa femme, sans compter que<br />
Marcus Tullius Cicéron avait trouvé son nom entaché par des dettes à son débarquement en<br />
Italie. Mais ce ne sont guère là que des c<strong>au</strong>ses « superficielles ».<br />
Cicéron contre les triumvirs<br />
Sur les raisons profondes de la séparation, chaque historien possède son propre avis. Ainsi<br />
Plutarque prétend que ce fut par amour d’une jeune femme, Publilia, et surtout pour son<br />
argent qui lui permettait d’épancher ses dettes que l’avocat brisa l’entente conjugale.<br />
« Cicéron lui-même…épousant, peu de temps après, une jeune personne, séduit par sa be<strong>au</strong>té,<br />
à ce que disait Terentia ; et suivant Tiron… à c<strong>au</strong>se de ses richesses…. Cette fille avait en<br />
effet de très grands biens…mais comme il devait be<strong>au</strong>coup, il se laissa persuader par ses<br />
parents et ses amis de l'épouser malgré la disproportion de l'âge, afin de trouver dans la<br />
fortune de cette femme de quoi se libérer envers ses créanciers. 1 » Les Historiens modernes,<br />
notamment Nicolet et Grimal, soulignent <strong>au</strong> contraire que « En réalité on peut penser que<br />
Terentia, dont on nous dit qu’elle était souvent intervenue dans la vie publique de son mari 2 ,<br />
estime que sa carrière politique est désormais achevée ; elle est déçue par lui, soit qu’elle lui<br />
reproche d’avoir rejoint Pompée en abandonnant César…soit qu’elle le blâme, plus<br />
simplement, mais contre toute logique, de s’être trouvé du côté des vaincus. Quoi qu’il en<br />
soit…après son divorce Terentia épousa un césarien convaincu, l’un des favoris du dictateur,<br />
l’historien Salluste. Cette fois, elle était certaine d’être du bon côté. 3 » La thèse de Plutarque<br />
souffre de deux gros déf<strong>au</strong>ts. On sait combien la vie de famille était importante <strong>au</strong>x yeux de<br />
Cicéron. Il n’avait jamais, du moins à notre connaissance, trompé sa femme ou porté un<br />
regard passionné sur ses finances si bien que l’on voit mal pourquoi il <strong>au</strong>rait brisé l’un de ses<br />
trésors les plus précieux pour de l’argent ou pour la compagnie d’une jeune demoiselle, ce<br />
qui, de plus, <strong>au</strong>rait été contraire à tous ses principes mor<strong>au</strong>x. C’est également un fait entendu<br />
que l’orateur resta seul durant une période conséquente après son divorce. Pourquoi s’il avait<br />
eu des vues sur sa nouvelle compagne depuis longtemps, n’avoir pas préparé l’union à<br />
l’avance <strong>au</strong> lieu de rester isolé dans ses villas italiennes ? Et enfin, pourquoi <strong>au</strong>rait-il choisi<br />
une période si difficile de sa vie pour quitter sa femme ? Certes Cicéron appréciait les<br />
préceptes stoïciens mais tout de même ! Non, ce fut forcément sa femme qui le força <strong>au</strong><br />
divorce. Déception de voir son mari arriver à la fin de sa carrière d’orateur comme d’avocat<br />
et de politicien ? Désir de voir les temps glorieux des années 60 recommencer ? Lassitude de<br />
se voir soupçonner de tel ou tel larcin par l’Arpinate ? Sans doute un peu de tout cela. Quoi<br />
qu’il en soit notre avocat accusa le choc, divorça <strong>au</strong> début de l’année 46 et continua à vivre<br />
malgré ses malheurs.<br />
César regagna l’Italie le 25 septembre 47. Aussitôt le consul de 63 vint à sa rencontre,<br />
confiant sur le fait qu’il recevrait son pardon mais honteux de devoir plaider sa c<strong>au</strong>se devant<br />
le cortège de courtisans qui suivaient désormais le vainqueur où qu’il se rendît. « César ne<br />
l'eut pas plutôt vu venir à lui, précédant d'assez loin ceux qui l'accompagnaient, qu'il<br />
1 Plutarque, Vie de Cicéron, XLI.<br />
2 Rappelez-vous de l’affaire Clodius !<br />
3 Grimal, Cicéron, p. 320.<br />
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