Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard
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déborder l’aile droite de l’armée césarienne, commandée par le général lui-même. La<br />
cavalerie pompéienne repoussa la cavalerie adverse mais fut mise en fuite par seulement huit<br />
cohortes de fantassins tirées de l’infanterie par César. Pendant ce temps, les lignes de batailles<br />
des deux adversaires étaient entrées en contact sans qu’<strong>au</strong>cune ne pût prendre l’avantage. Les<br />
huit cohortes de soutien qui avaient chassé la cavalerie adverse et la cavalerie césarienne<br />
reformée s’élancèrent alors sur le flanc g<strong>au</strong>che de Pompée, taillant en pièce frondeurs et<br />
archers sur leur passage.<br />
Cicéron contre les triumvirs<br />
Les troupes pompéiennes attaquées sur deux fronts se trouvèrent alors en m<strong>au</strong>vaise posture.<br />
Ce fut le moment que choisit César pour jeter dans la bataille ses dernières troupes fraîches.<br />
Enfoncée de toute part l’armée pompéienne craqua et, se dispersant, fut détruite sur place.<br />
Pompée échappant à la mêlée rentra dans sa tente et quand il vit, abasourdi, les soldats<br />
ennemis envahir le camp il partit à la dérobée.<br />
Pour César la victoire fut totale. Son armée avait perdu un peu plus de 1000 soldats, Pompée<br />
dix à quinze fois plus 1 . De nombreux hommes d’importance avaient été capturés, dont Brutus,<br />
<strong>au</strong>quel César pardonna, soulagé qu’il ne fût pas mort dans la bataille car il le tenait en grande<br />
estime. « La résistance était désormais impossible en Epire et, plus généralement, en<br />
Europe 2 ». Arrivant dans le camp ennemi, « les Césariens purent constater l’inconscience et<br />
la légèreté de leurs ennemis. Toutes les tentes étaient enguirlandées de myrte, drapées de<br />
tentures fleuries, meublées de tables pleines de coupes. Il y avait des cratères remplis de vin ;<br />
enfin les apprêts et la décoration faisaient plutôt songer à un sacrifice solennel, suivi d’une<br />
fête, qu’à une veillée d’armes. Tant les Pompéiens, égarés par leurs espérances, étaient pleins<br />
d’une présomption insensée en allant à la guerre ! 3 » Plus que leur manque d’expérience,<br />
c’était leur arrogance qui avait perdu les soldats du Sénat et de Pompée. Le vainqueur du jour<br />
était certes celui qui se trouvait dans l’illégalité, mais <strong>au</strong>ssi celui dont le comportement, et<br />
l’armée, avait été les plus proches de ceux des génér<strong>au</strong>x qui avaient vaincu Carthage pour la<br />
République moins de 200 ans <strong>au</strong>paravant. Les valeurs, courage et modération, que<br />
prétendaient défendre les vaincus étaient la raison même de leur défaite.<br />
Qu’en était-il de Cicéron ? L’Arpinate n’avait pas participé à la bataille. En effet, il était<br />
tombé malade peu avant que César eût été forcé de se replier et se trouvait donc à<br />
Dyrrachium, base arrière de Pompée, avec tous ceux qui <strong>au</strong>raient gêné Pompée s’il avait<br />
vaincu 4 , comme Caton et sa morale inflexible. Après la défaite à Pharsale, Labienus 5 , qui<br />
avait réussi à s<strong>au</strong>ver sa vie arriva dans la cité et répandit la nouvelle de la défaite. Aussitôt les<br />
troupes de mutinèrent et seuls les officiers supérieurs parvinrent, sous la conduite de Caton, à<br />
prendre la mer. Ayant rejoint le gros de la flotte pompéienne à Corcyre, les survivants firent<br />
état de ce qui leur restait, réfléchirent à l’avenir de leur combat et élirent un nouve<strong>au</strong> chef,<br />
personne ne sachant ce qu’il était advenu de Pompée. Le bilan était simple : seules les<br />
provinces asiatiques, indéfendables, et l’Afrique étaient encore en mains pompéiennes. Les<br />
provinces africaines semblaient être le seul choix raisonnable. D’<strong>au</strong>tant plus qu’on pourrait y<br />
bénéficier de l’aide du roi Juba. Enfin, pour nouve<strong>au</strong> chef, on choisit le plus ancien consulaire<br />
présent qui se trouvait être… Cicéron. Lorsque celui-ci refusa l’offre il manqua de se faire<br />
tuer par le fils de Pompée considérant que c’était là sinistre traîtrise. Caton le protégea et le fit<br />
1<br />
César parle lui de 200 soldats perdus et de 15’000 tués et 24’000 prisonniers mais ces chiffres sont trop<br />
impressionnants pour être vrais. C’est sans doute encore un effet de propagande de la part de César.<br />
2<br />
Grimal, Cicéron, p. 313.<br />
3<br />
Plutarque, Vie de Pompée, LXXII.<br />
4<br />
Grimal, Cicéron, p.313.<br />
5<br />
L’ancien lieutenant de César en G<strong>au</strong>le qui avait rejoint le camp pompéien <strong>au</strong> début de la guerre civile.<br />
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