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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

« C'était un spectacle digne de pitié que de voir, dans une si terrible tempête, cette<br />

ville abandonnée, et semblable à un vaisse<strong>au</strong> sans pilote, flotter <strong>au</strong> hasard dans<br />

l'incertitude de son sort. Mais quelque déplorable que fût cette fuite, les Romains<br />

regardaient le camp de Pompée comme la patrie, et ils fuyaient Rome comme le camp<br />

de César. 1 » Très peu de sénateurs et d’aristocrates restèrent fidèle à la Cité Pompée<br />

ayant déclaré « qu’il regarderait comme du parti de César ceux d’entre eux qui resteraient à<br />

Rome 2 ». Dans la débandade, on vit même Lentulus s’enfuir avec une partie de l’argent public<br />

en laissant les portes du trésor ouvertes.<br />

Cicéron ne savait quel parti prendre. Rester à Rome comme l’<strong>au</strong>rait exigé une certaine<br />

conception de l’honneur, c’était se déclarer pour César. Partir à Capoue, c’était prendre le<br />

parti de Pompée. N’ayant pas encore pris sa décision formelle mais se rangeant plutôt du côté<br />

de la légalité, donc du vainqueur de Mithridate, l’orateur fit route <strong>au</strong> petit matin vers sa villa<br />

de Formies pour attendre la suite des événements. Il répugnait à être appelé Pompéien comme<br />

il <strong>au</strong>rait répugné être appelé Césarien si il était resté à Rome. Il avait conscience d’être un<br />

bonus et dans de telles circonstances, un bonus n’a recours qu’à lui-même 3 . Sa famille le<br />

rejoindrait un peu plus tard, moins exposée car profitant de la protection du nouve<strong>au</strong> mari de<br />

Tullia, Dolabella qui était un fidèle de César.<br />

Entre-temps le vainqueur des G<strong>au</strong>les était entré dans Rome. Etant donné que seuls ses fidèles<br />

étaient restés en Ville, il n’y eu <strong>au</strong>cun acte de résistance. Ne s’arrêtant que peu de temps dans<br />

l’Urbs, il laissa à Antoine et à ses amis le soin de gérer les affaires courantes avec ce qui<br />

restait du Sénat. Continuant la poursuite, César entra pour la première fois en contact avec<br />

l’ennemi à Corfinium. La cité était défendue par les troupes de Domitius qui constituaient la<br />

seule et unique ligne de défense pompéienne en Italie. Domitius était un sénateur ultra et<br />

l’ennemi juré du consul de 59. C’était lui qui avait été désigné pour remplacer César dans ses<br />

provinces après le vote du 7 janvier. César parvint <strong>au</strong> pied des remparts le 15 février. Une<br />

semaine plus tard, grâce à des complicités internes, la place était prise. Domitius tenta de se<br />

suicider mais son médecin lui administra un somnifère en place du poison. Revenu à lui, il se<br />

réveilla, il se trouvait prisonnier dans le camp ennemi. Mais César, faisant preuve d’une<br />

clémence étonnante en pareille circonstance, lui rendit non seulement la liberté ainsi qu’<strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>tres sénateurs captifs, mais, ayant été informé qu’il avait placé six millions de sesterces<br />

destinés à ses soldats dans les coffres de la ville, il les lui remit dans leur intégralité « pour<br />

qu'on ne pensât pas qu'il avait plus de respect pour la vie des hommes que pour leur<br />

argent 4 ». Cette clémence du général envers l’un de ses pires adversaires politiques<br />

impressionna grandement ses ennemis. César, loin de prendre exemple sur les proscriptions<br />

de Sylla, préférait s’imposer par la « douceur ». « Il écrivit à ses amis de Rome que le fruit<br />

le plus réel et le plus doux qu'il pût retirer de sa victoire était de s<strong>au</strong>ver tous les jours<br />

quelques-uns de ceux de ses concitoyens qui avaient porté les armes contre lui. 5 »<br />

Politique très réfléchie car avec le nombre de sénateurs hésitant entre suivre Pompée dans sa<br />

fuite à Brindes, synonyme pour be<strong>au</strong>coup de repli futur en Grèce, avec tous les risques que<br />

cela comportait et rejoindre le camp adverse, la générosité du conquérant des G<strong>au</strong>les était de<br />

nature à faire pencher la balance.<br />

1 Ibidem, XL.<br />

2 Plutarque, Vie de Pompée, LXI.<br />

3 Grimal, Cicéron, p.208.<br />

4 César, La guerre civile, I, XXIII, 4.<br />

5 Plutarque, Vie de César, LIII.<br />

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