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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

C’est à cette époque que Cicéron, tantôt en province, tantôt à Rome pour plaider, parfois à la<br />

demande des triumvirs, parfois de son propre chef, mûrit trois de ses œuvres maîtresses 1 . En<br />

55, il rédigea le De oratore dans lequel il traitait de philosophie morale. En 54 ce fut <strong>au</strong> tour<br />

du célébrissime De republica développant la philosophie historique et politique. Enfin en 52,<br />

année où fut, probablement, écrit le De legibus l’avocat aborda la philosophie du droit.<br />

Dans ses ouvrages, Cicéron traite surtout de morale. De comportement à adopter. Je<br />

m’explique : pour Cicéron, le but ultime du citoyen doit être de servir sa cité 2 . La cité est<br />

fondée par le peuple, parce que primo elle sert ses intérêts et secundo c’est un besoin, une<br />

obligation vitale pour tout être humain de fonder une société efficace et destinée <strong>au</strong> bien de<br />

tous. Le De republica et le De legibus sont un habile mélange entre théorie politique, -les trois<br />

formes de la cité 3 : monarchie, aristocratie, démocratie- récit historique du succès de Rome et<br />

philosophie « humaniste ». Ainsi c’est non seulement l’honneur mais <strong>au</strong>ssi le devoir de<br />

l’homme de s’occuper du bien de l’Etat et de ses concitoyens 4 : « Si il f<strong>au</strong>t choisir entre deux<br />

voies, une vie tranquille toute remplie par l’étude et les soins donnés à la culture de l’esprit<br />

paraît à la vérité plus heureuse, une vie employée <strong>au</strong> service de la cité mérite plus d’éloge et<br />

a plus d’éclat : c’est d’une telle vie que se glorifient les hommes de tout premier ordre… 5 ».<br />

« De même que le pilote a pour but une navigation heureuse… l’homme placé à la tête de<br />

l’Etat se propose comme fin la félicité des citoyens… cette tâche, la plus grande des tâches<br />

humaines et la meilleure je veux qu’il la remplisse entièrement 6 ». Cicéron présente de<br />

nombreuses preuves de ses dires dans l’histoire romaine. Dans le De officiis, il montre<br />

notamment que seule une action belle d’un point de vue moral était véritablement utile en<br />

citant l’exemple du consul Régulus fait prisonnier par les Carthaginois et ayant choisi de se<br />

sacrifier plutôt que d’être échangé contre des prisonniers carthaginois de grande importance 7 .<br />

Il f<strong>au</strong>t faire attention cependant à ne pas considérer la pensée de Cicéron comme une politique<br />

patriotique en la comparant <strong>au</strong>x idées du début du XXème siècle. Bien qu’il considérât que<br />

Rome était en droit de dominer le monde connu, ce n’est pas parce que ses citoyens étaient<br />

« génétiquement » meilleurs mais bien parce que leur fidélité et leur dévouement envers l’Etat<br />

étaient les plus grands. Dans ses ouvrages, Cicéron, loin d’imaginer une cité idéale comme<br />

Platon 8 , explique pourquoi Rome était une cité « réussie ». La récompense promise <strong>au</strong>x<br />

serviteurs de l’Etat, <strong>au</strong>x boni comme il aimait à les appeler, il en informe ses lecteurs en citant<br />

un songe qu’<strong>au</strong>rait eu Scipion Emilien et, dans lequel, les ancêtres de cet illustre lui <strong>au</strong>raient<br />

révélé le futur de la République. « Afin, Scipion, poursuivit l’Africain, que tu mettes un zèle<br />

plus allègre <strong>au</strong> service de la République, sache qu’il existe <strong>au</strong> ciel un lieu réservé à tous ceux<br />

qui ont travaillé <strong>au</strong> salut de la patrie, l’ont secourue et fait grande un lieu de béatitude et de<br />

vie éternelle 9 ».<br />

1 Les œuvres théoriques majeures de Cicéron, celles dont il était le plus fier, et que nous possédons, sont : le De<br />

oratore, le Brutus, l’Orator, le De republica, le De legibus, le De officiis, le De rerum naturae, le De natura<br />

deorum, le De finibus, le De diuinatione et le De fato. Ses <strong>au</strong>tres écrits théoriques sont secondaires soit parceque<br />

ce sont des compléments à ceux-ci-dessus soit parceque ce sont des hommages à des personnes que l’orateur<br />

estimait, Caton ou Hortensisus par exemple.<br />

2 Cicéron, De republica, I, IV.<br />

3 Cicéron, De republica, I, XLV.<br />

4 Cicéron, De republica, II, XLII.<br />

5 Cicéron, De republica, III, III.<br />

6 Cicéron, De republica, V, IV / V / VI.<br />

7 Cicéron, De officiis, III, IC / C.<br />

8 Clara Auvray-Assayas, Cicéron, p. 53.<br />

9 Cicéron, De republica, VI, XIII.<br />

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