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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Les accords de Lucques<br />

Un homme avait pourtant vu clair dans le jeu de l’ancien consul. César, qui fut, on ne peut le<br />

nier, le grand bénéficiaire du triumvirat, n’avait pas l’intention de laisser agir l’Arpinate sans<br />

réagir. Le 15 avril 56, il convoqua donc à Lucques, petite ville située dans une de ses<br />

provinces, les deux <strong>au</strong>tres triumvirs ainsi que plus de deux cents sénateurs. Cicéron n’était pas<br />

présent. Non qu’il ait été tenu à l’écart ou qu’il n’eut pas été <strong>au</strong> courant, mais voyant que le<br />

contrôle de l’Etat allait une fois de plus être arraché <strong>au</strong> Sénat et <strong>au</strong> peuple de Rome, et cela<br />

malgré ses efforts, il en fut probablement assez écoeuré pour faire l’impasse sur l’événement 1 .<br />

De fait la réunion aboutit à un vrai programme dictatorial. « Quant à Crassus et à Pompée, il<br />

conclut avec eux une convention <strong>au</strong>x termes de laquelle ces hommes illustres devaient se<br />

présenter <strong>au</strong> consulat avec l’appui de César, qui enverrait un grand nombre de ses soldats<br />

voter pour eux. Aussitôt après leur élection, ils s’assureraient à eux-mêmes des<br />

gouvernements de provinces et des commandements d’armées, et feraient confirmer César<br />

dans les siens pour une <strong>au</strong>tre période de cinq ans. 2 » Crassus ayant prévu de partir en Orient,<br />

Pompée en guerre contre les pirates et César prévoyant déjà de franchir le Rhin puis de<br />

débarquer en Bretagne, les triumvirs ne pouvaient permettre que l’on sapât leur <strong>au</strong>torité dans<br />

la Métropole, comme venait justement de le faire, une fois de plus, Cicéron en attaquant dix<br />

jours plus tôt une des lois agraire les plus chères à César. Pour l’orateur ces accords allaient<br />

être source de grands changements pour sa vie publique, changements dont il allait très vite<br />

comprendre la teneur. Quoi qu’il en soit, il se déroula à Lucques cette année-là « un<br />

<strong>au</strong>thentique partage du monde 3 » qui n’est pas sans rappeler un même événement entre trois<br />

<strong>au</strong>tres grands hommes à Yalta près de 2000 ans plus tard.<br />

Cicéron qui n’avait pas encore été averti des résultats du concile, continuait son attaque contre<br />

les triumvirs notamment avec le Pro Sestio dans lequel, caché derrière de belles paroles<br />

théorique, Cicéron égratignait les puissants. « Il y a toujours eu dans notre cité deux groupes<br />

de gens, parmi ceux qui ont aspiré à s’occuper des affaires publiques et à s’y distinguer ; ces<br />

deux groupes ont voulu être, de réputation et de fait, les uns, des démocrates, les <strong>au</strong>tres, des<br />

aristocrates. Ceux qui, dans leurs actes et dans leurs paroles, voulaient être agréables à la<br />

masse étaient tenus pour des démocrates ; ceux qui se comportaient de manière à rencontrer,<br />

pour leur politique, l’approbation des honnêtes gens étaient tenus pour aristocrates. 4 » Dans<br />

un <strong>au</strong>tre discours de la même époque, « sur la réponse des haruspices », l’Arpinate, restant<br />

fidèle à ses tentatives de monter les triumvirs les uns contre les <strong>au</strong>tres, critiquera violemment<br />

Clodius tout en louant Pompée et en faisant l’impasse sur César et Crassus.<br />

Mais la fortune avait finalement changé de camp. Pompée, loin de se laisser séduire, avertit en<br />

personne Quintus que son frère avait intérêt à bien vite revenir à de meilleurs sentiments.<br />

Cicéron comprenant que dans ces circonstances il n’y avait plus rien à faire et constatant<br />

accablé que tous ceux qu’il avait cru être des bons citoyens rejoignaient les triumvirs, décida<br />

alors, la mort dans l’âme, de cesser le combat. « Mais foin 5 de cette politique dite de vertu, de<br />

loy<strong>au</strong>té, d’honneur ! On n’imagine pas ce qu’il y a de perfidie chez les gens qui se prétendent<br />

des chefs…<br />

1 Grimal, Cicéron, p.218.<br />

2 Plutarque, Vie de Pompée, LI.<br />

3 Mourier, Cicéron l’avocat de la République, p.75.<br />

4 Cicéron, Pour Sextius Roscius, XLV.<br />

5 Je précise que c’est la traduction des belles lettres, certes je suis f<strong>au</strong>x mais quand même.<br />

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