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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

L’Arpinate mit également en pièces les tablettes où étaient inscrites toutes les lois que Clodius<br />

avait promulguées durant son tribunat. Cela brouilla Cicéron et Caton, le second, qui avait été<br />

envoyé en mission à Chypre 1 grande partie du fait du tribun, ayant peu apprécié que tout ce<br />

qu’il avait accompli durant plusieurs années de sa vie soit remis en c<strong>au</strong>se 2 .<br />

Une fois cette petite affaire réglée, l’orateur tenta de trouver un moyen de réduire l’efficacité<br />

du triumvirat. L’idéal eut été d’arriver à éloigner de la Ville un second triumvir afin de<br />

pouvoir utiliser les erreurs de Clodius pour créer des tensions entre Pompée et César. Le Sénat<br />

<strong>au</strong>rait alors été l’arbitre entre les deux grands politiciens et de ce fait <strong>au</strong>rait gardé le pouvoir<br />

réel.<br />

Et justement l’agitateur qui n’était jamais à court d’idées pour nuire à son ennemi, déclancha<br />

le 7 septembre des manifestations populaires qui clamaient que Cicéron était responsable des<br />

attaques de pirates rendant difficile la livraison de blé à la métropole. L’orateur, saisissant<br />

l’opportunité que lui offrait son rival, proposa alors qu’on décerne à Pompée un<br />

commandement exceptionnel pour lutter contre la piraterie dans la mare nostrum afin<br />

d’assurer le bon fonctionnement du commerce de blé. Le Sénat, ayant reconnu une tentative<br />

de leur champion pour éloigner le général, s’empressa d’accepter. Pompée ne fut pas dupe<br />

mais il se soumit à la volonté des sénateurs et s’embarqua peu de temps après. Cicéron<br />

continuant alors sur sa lancée fit voter <strong>au</strong>x Pères quinze jours de supplication pour honorer les<br />

victoires de César en G<strong>au</strong>le. Ainsi paraissait-il <strong>au</strong>x yeux de tous que le triumvirat était<br />

moribond et que la vieille assemblée était le réel arbitre de la vie politique de la Cité. Ayant<br />

laissé quelques mois s’écouler, l’orateur jugea que le temps était venu de porter <strong>au</strong> triumvirat<br />

le coup de grâce. Une fois de plus ce fut son ennemi qui fut la clé de voûte de son plan.<br />

Ralliant à lui la plèbe et les chevaliers, il s’engagea dans une forte campagne de soutien <strong>au</strong><br />

vainqueur de Mithridate. Sachant bien que Clodius ne manquerait pas de contre-attaquer pour<br />

nuire à ceux qu’il considérait comme ses deux plus grands ennemis. L’agitateur étant, <strong>au</strong> su<br />

de tous, l’homme de César. Cela ne devait pas manquer de provoquer une rupture entre les<br />

deux princip<strong>au</strong>x triumvirs 3 . L’idée était ingénieuse. En effet Pompée avait toujours été la<br />

faille dans le bloc que formaient les triumvirs. Il était moins populaire <strong>au</strong>près du peuple que<br />

ses homologues mais bénéficiait d’une plus forte cote de popularité <strong>au</strong> Sénat. Enfin il s’était<br />

mis en porte-à-f<strong>au</strong>x avec les populares depuis ses litiges avec Clodius. Cicéron avait donc de<br />

bonnes raisons d’espérer.<br />

Clodius, séduit à l’idée de faire d’une pierre deux coups, tomba naturellement dans le<br />

panne<strong>au</strong>. Le 7 février 56, alors que les Pères tenaient séance en présence de Pompée, afin de<br />

faire le point sur les progrès de ce dernier dans sa lutte contre les pirates, on entendit retentir<br />

les cris d’une foule insultant le général et le traitant d’affameur du peuple. Milon, qui était<br />

désormais officiellement l’homme du général, intervint et il s’en suivit un pugilat général dont<br />

le grand homme et Cicéron ne réchappèrent que de justesse. La ruse de l’orateur avait réussi.<br />

Le triumvirat semblait voué à une fin rapide. L’Arpinate et les défenseurs de la République<br />

semblaient avoir gagné la partie. « Cicéron a l’impression d’apparaître comme le grand<br />

vainqueur, d’avoir recouvré et la considération générale et la faveur de tous. 4 »<br />

1 Où il se trouvait encore à cette époque-là.<br />

2 Plutarque, Vie de Cicéron, XXXIV.<br />

3 Crassus, membre très influent <strong>au</strong> début du triumvirat, est petit à petit devenue une force secondaire sur<br />

l’échiquier politique. Ses casquettes de chef des populaires et d’agitateur ayant été reprise par César et Clodius.<br />

4 Grimal, Cicéron, p.217.<br />

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