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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Cicéron n’avait pas attendu pour répondre <strong>au</strong>x attaques des puissants. Dans son plaidoyer en<br />

faveur d’Antonius il s’était livré à une violente attaque contre la politique de César. Lequel<br />

avait, à charge de revanche, permis l’adoption de Clodius par des plébéiens, ce qui permettait<br />

désormais à ce dernier d’être élu tribun de la plèbe. La manœuvre était rusée car non<br />

seulement Clodius n’allait pas manquer de s’en prendre à Cicéron et à Caton qui résistaient<br />

toujours <strong>au</strong>x triumvirs, mais il pourrait également protéger César des attaques contre son<br />

consulat qui fuseraient certainement dès qu’il <strong>au</strong>rait rendu sa charge.<br />

Nous possédons une lettre de Cicéron datant de juillet 59 dans laquelle il exprimait<br />

particulièrement clairement son avis sur les changements politiques à Rome depuis que les<br />

triumvirs avaient pris le pouvoir : « Pourquoi te décrire par le menu la situation politique ?<br />

Tout est perdu, et la condition où se trouve la République est plus misérable encore que celle<br />

où tu l’as laissée : car alors on la voyait soumise à une tyrannie qui était capable de plaire à<br />

la masse, et qui, tout en étant pénible <strong>au</strong>x bons citoyens, n’était cependant pas de nature à<br />

c<strong>au</strong>ser leur perte ; <strong>au</strong>jourd’hui, cette tyrannie est devenue soudain si odieuse à tous, qu’on<br />

frémit en se demandant quels éclats elle nous prépare. Nous avons pu voir combien ces genslà<br />

sont irascibles et emportés : parce que Caton les avait irrités, ils ont ruiné tout l’ordre<br />

légal. 1 »<br />

Le triumvirat confisque le pouvoir<br />

Cependant l’année 59 touchait à sa fin. Les triumvirs avaient déjà pris leurs dispositions pour<br />

l’année suivante : leurs candidats avaient été élus consuls, ils détenaient des tribuns de la<br />

plèbe acquis à leur c<strong>au</strong>se et César avait réussi à obtenir les deux G<strong>au</strong>les 2 pour cinq ans comme<br />

provinces proconsulaires et comptait bien y déclencher de grandes opérations militaires.<br />

En effet, les Helvètes avaient quitté leurs terres d’origine sans cesse menacées par les<br />

Germains, et se dirigeaient vers l’ouest. Ils avaient notamment battu les Eduens, alliés des<br />

Romains, et semé un grand trouble dans la province romaine de G<strong>au</strong>le narbonnaise. Afin,<br />

officiellement, d’aller <strong>au</strong> secours des alliés de Rome et, officieusement, de lancer une vaste<br />

conquête, César rassemblait une grande armée sur le champ de Mars. Anecdote fort<br />

intéressante, les légats qui étaient chargés d’accompagner César furent tirés <strong>au</strong> sort par le<br />

Sénat. Or si Grimal nous dit que le nom de Cicéron fut tiré <strong>au</strong> sort en premier et que les<br />

sénateurs s’opposèrent à son départ 3 , Plutarque, <strong>au</strong> contraire, explique que Cicéron ayant<br />

compris la menace que représentait Clodius demanda à César la permission de l’accompagner.<br />

César accepta avec joie, et ce fut Clodius qui, rassurant l’Arpinate sur ses intentions, réussit à<br />

garder celui-ci à Rome où il pourrait lui porter un coup fatal 4 . « Clodius voyant que Cicéron<br />

allait échapper à son tribunal, feignit de vouloir se réconcilier avec lui : et, rejetant sur<br />

Terentia tous les sujets de plainte que Cicéron lui avait donnés, il ne parla plus de lui que<br />

dans les termes les plus honnêtes et les plus doux. Il protestait qu'il n'avait contre lui <strong>au</strong>cun<br />

sentiment de haine, et qu'il ne s'en plaignait qu'avec la modération qu'on doit à un ami. 5 »<br />

L’historien grec écrivit également que ce fut à c<strong>au</strong>se de ce refus de l’orateur que César aida<br />

Clodius dans sa haine de Cicéron,<br />

1 Cicéron, Correspondance, XLVIII à Atticus, 1.<br />

2 Narbonnaise et transalpine<br />

3 Grimal, Cicéron, p. 191.<br />

4 Plutarque, Vie de Cicéron, XXX.<br />

5 Ibidem, XXX.<br />

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