25.06.2013 Views

Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Cicéron contre les Triumvirs<br />

Parallèlement, des sénateurs attaquèrent Catilina en justice. Ce dernier s’en sortit de justesse,<br />

mais il se sut découvert et décida de quitter la ville pour rejoindre son armée. Réunissant les<br />

conjurés, il les avertit de son départ mais <strong>au</strong>paravant décida d’envoyer des émissaires<br />

assassiner le consul qui avait jusque là mit ses plans en échec. « Les rôles avaient été, dit-on,<br />

distribués comme suit : Statilius et Gabinius avec une forte troupe incendieraient<br />

simultanément douze quartiers de Rome… Céthégus assiégerait la porte de Cicéron, et<br />

attaquerait le consul à main armée ; les <strong>au</strong>tres avaient chacun leur victime désignée… 1 »<br />

Heureusement prévenu, Cicéron en réchappe. Ce dernier réunit une nouvelle fois le Sénat et<br />

récite sa première catilinaire<br />

« Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore<br />

serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s'arrêteront les emportements de cette <strong>au</strong>dace<br />

effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la<br />

ville, ni l'effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la<br />

réunion du Sénat, de ce lieu le plus sûr de tous, ni les regards ni le visage de ceux qui<br />

t'entourent, rien ne te déconcerte ? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois<br />

pas que ta conjuration reste impuissante, alors que nous en avons déjà tous le secret ?<br />

Penses-tu qu'un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où<br />

tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ?<br />

O temps ! O moeurs ! Le Sénat connaît tous ces complots, le consul les voit ; et Catilina vit<br />

encore. Il vit ? Que dis-je ? Il vient <strong>au</strong> Sénat ; il prend part <strong>au</strong>x conseils de la République ;<br />

son oeil choisit et désigne tous ceux d'entre nous qu'il veut immoler. Et nous, hommes pleins<br />

de courage, nous croyons assez faire pour la République, si nous échappons à sa fureur et à<br />

ses poignards. Il y a longtemps, Catilina, que le consul <strong>au</strong>rait dû t'envoyer à la mort, et faire<br />

tomber sur ta tête le coup fatal dont tu menaces les nôtres. 2 »<br />

« La patrie, qui est notre mère commune, te hait; elle te craint; depuis longtemps elle a jugé<br />

les desseins parricides qui t'occupent tout entier. Eh quoi! Tu mépriseras son <strong>au</strong>torité sacrée !<br />

Tu te révolteras contre son jugement ! Tu braveras sa puissance! Je crois l'entendre en ce<br />

moment t'adresser la parole. "Catilina," semble-t-elle te dire, "depuis quelques années il ne<br />

s'est pas commis un forfait dont tu ne sois l'<strong>au</strong>teur, pas un scandale où tu n'aies pris part. Toi<br />

seul as eu le privilège d'égorger impunément les citoyens, de tyranniser et de piller les<br />

alliés… Tant d'outrages méritaient toute ma colère ; je les ai dévorés en silence. Mais être<br />

condamnée à de perpétuelles alarmes à c<strong>au</strong>se de toi seul… c'est un sort <strong>au</strong>quel je ne peux me<br />

soumettre. 3 » S’en suivit un violent affrontement verbal entre les deux hommes. Le consul eut<br />

finalement le dessus et Catilina quitta Rome sous les cris hostiles des sénateurs et de la foule.<br />

Le seize décembre fut choisi comme jour du déclanchement de l’insurrection. Mais, une<br />

nouvelle fois, les conjurés firent preuve d’une étonnante naïveté et en informent des<br />

ambassadeurs Allobroges, qui étaient venus à Rome en mission diplomatique. Espérant<br />

pouvoir compter sur leur soutien ils leur promirent des avantages multiples en cas de succès.<br />

Pesant le pour et le contre, ceux-ci décidèrent qu’il était finalement plus avantageux d’avertir<br />

les consuls.<br />

1 Salluste, De la conjuration de Catilina, XLIII.<br />

2 Cicéron, Catilinaires, I, 1.<br />

3 Cicéron, Catilinaires, I, 7.<br />

15

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!