Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard
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Cicéron contre les Triumvirs<br />
L’année 63 s’annonçait d’ailleurs particulièrement difficile. Les deux tribuns de la plèbe<br />
sortants ayant bien l’intention de ranimer les troubles. Or comme Cicéron se trouvait être le<br />
consul le mieux élu, il devait assumer la gestion des affaires courantes durant les mois impairs<br />
et notamment en janvier. Durant six longs mois, les deux tribuns vont tenter par tous les<br />
moyens de saper le pouvoir du Sénat et des consuls. Quand ils furent enfin mis en échec, le<br />
temps des élections consulaires était déjà arrivé.<br />
Malheureusement pour Catilina, les comices l’écartèrent une nouvelle fois du pouvoir. Il<br />
décida alors de prendre par la force ce qu’il n’avait pu obtenir par les urnes. Réunissant <strong>au</strong>tour<br />
de lui <strong>au</strong>ssi bien ses amis, des jeunes gens ambitieux, des désœuvrés, des grands propriétaires<br />
endettés, des déclassés, des malfaiteurs, des déb<strong>au</strong>chés et des assassins ; de fait, « tous ceux<br />
qui avaient quelque chose à reprocher à l’ordre établi 1 », il prépara une insurrection dans la<br />
ville et en même temps envoya des hommes recruter des soldats en Campanie et en Toscane<br />
où s’étaient installés les vétérans de Sylla, dans le but de former une armée pouvant marcher<br />
sur la Ville en cas de coup dur.<br />
Alors que les agents de l’insurrection parcouraient villes et campagnes afin d’<strong>au</strong>gmenter le<br />
nombre de leurs partisans, le destin prit parti pour le consul par l’entremise d’une maîtresse de<br />
l’un des conjurés Q. Curius, une certaine Fluvie. En effet ce dernier, par excès de vanité,<br />
révéla le complot à sa bien-aimée. Celle-ci courut séance tenante chez Cicéron pour l’en<br />
informer. L’orateur convoqua <strong>au</strong>ssitôt le Sénat et l’avertit de la menace. Mais les sénateurs<br />
doutèrent de la véracité de ses dires. Coïncidence, ce fut ce jour-là que naquit le futur<br />
empereur <strong>Auguste</strong>.<br />
Le Sénat ne bougeant pas et Antonius alors en charge des affaires courantes, ne lui faisant<br />
point obstacle, Catilina se décida à déclancher la rébellion. Heureusement pour la République,<br />
il prit <strong>au</strong>paravant l’initiative d’avertir quelques uns de ses amis qui, n’étant pas encore <strong>au</strong><br />
courant de ses plans, risquaient de se trouver à Rome quand <strong>au</strong>raient lieu les massacres. Il<br />
prévint notamment Crassus qui, avec plusieurs <strong>au</strong>tres, avertit Cicéron lui fournissant cette fois<br />
la preuve écrite du complot. Aux premières lueurs de l’<strong>au</strong>be celui-ci réunit le Sénat et, lui<br />
montrant le critérium formel de la conspiration, l’enjoignit d’agir <strong>au</strong> plus vite. Au même<br />
moment un messager s’annonça <strong>au</strong>x Pères ; il leur dit qu’il venait d’Etrurie ou des troubles<br />
sérieux viennent d’éclater. Il est possible que César soit à l’origine de ce message 2 . Ainsi<br />
Crassus, comme César, pourtant farouches opposants du pouvoir en place, répugnant à<br />
renverser la République par le sang et les armes, se mettaient en travers de la route d’un<br />
Catilina qui avait manifestement perdu tout sens des réalités en même temps que ses valeurs<br />
romaines. Le vingt-deux octobre Cicéron obtint le senatus consultum ultimum, il avait<br />
désormais le devoir de défendre la République par tous les moyens. Aussitôt il entra en action,<br />
envoyant des armées stopper la progression des troupes rebelles en Italie et, dans le même<br />
temps, faisant avorter la tentative de soulèvement des gladiateurs de Capoue fomentée par les<br />
conjurés.<br />
1 Mourier, Cicéron avocat de la République, p.63.<br />
2 Grimal, Cicéron, p. 155, 156.<br />
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