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Travail complet au format pdf - Gymnase Auguste Piccard

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Cicéron contre les triumvirs<br />

Oui ! Il est juste de parler de confiscation. On peut atténuer le choc en argumentant que la<br />

République n’était pas un véritable Etat démocratique, que la plupart des pouvoirs étaient<br />

l’apanage d’une frange réduite de la population. Cela je ne le nie pas. Mais il est injuste de<br />

prétendre que la politique était alors uniquement aristocratique. La liberté d’expression<br />

existait, ce qui ne fut pas le cas sous le règne de la majorité des princes, et Cicéron n’avait pas<br />

tort quand il disait que la République était basée à la fois sur la monarchie, sur l’aristocratie et<br />

sur la démocratie. Ce fut l’union de leurs avantages qui la porta <strong>au</strong> sommet et l’alliance de<br />

leurs déf<strong>au</strong>ts qui la condamna. Car, l’histoire nous l’a prouvé, même cette forme de<br />

gouvernement n’est pas protégée des attaques des ambitieux. La République romaine résista<br />

450 ans jusqu’à que ses propres composants la détruisent.<br />

On sacrifia la liberté pour la paix, la sécurité et le profit. Comportement humain qui, de tous,<br />

est le plus honteux et méprisable. Mieux v<strong>au</strong>t mourir libre que vivre sans pouvoir s’exprimer.<br />

Ce fut la voie que choisirent Cicéron, Caton ou Brutus. Et de toutes les morts celles-ci furent<br />

les plus honorables. Il serait inique de dire que la République s’effondra d’elle-même sans<br />

résistance. Pour elle, des hommes combattirent. Pour elle, des hommes défièrent la force.<br />

Pour elle, des hommes furent traînés dans la boue. Pour elle, des hommes tombèrent en<br />

poussière…<br />

Mais valait-il la peine de s<strong>au</strong>ver l’Etat, s’il ne pouvait être secouru qu’en bafouant ses lois et<br />

en trahissant ses mœurs ? Cicéron le dit explicitement dans son de officiis : seul un acte juste<br />

d’un point de vue moral est utile. Encore une fois l’orateur avait raison. Et pourtant il ne suivit<br />

pas sa propre pensée et permit <strong>au</strong> jeune César d’accéder <strong>au</strong> plus grand pouvoir pour défendre<br />

l’Etat. Le destin fit qu’il en mourut. Si votre chemin vous mène un jour à croiser quelqu’un<br />

qui affirme que « la fin justifie les moyens », rappelez-lui comment finit la République<br />

romaine. Dites-lui comment Octave devint <strong>Auguste</strong> et comment le bras armé qui défendait<br />

l’Etat se retourna contre lui et lui trancha la tête.<br />

Il est particulièrement piquant de constater que nombre de caractéristiques de cette époque, en<br />

bien comme en mal, se retrouvent <strong>au</strong>jourd’hui chez les plus grandes puissances. On dit que les<br />

idées ne meurent jamais ; l’idée républicaine, dans sa version romaine du moins, n’échappe<br />

pas à cette règle. Plus de 1700 ans plus tard, un Etat de droit fut créé qui reprit à peu près le<br />

concept des institutions romaines. Les consuls furent remplacés par un président et l’on ajouta<br />

<strong>au</strong> Sénat une chambre du peuple plus représentative de la population réelle. Mais dans<br />

l’ensemble les ressemblances sont frappantes. Tout comme Rome, les Etat-Unis d’Amérique<br />

montèrent lentement en puissance pour venir finalement se frotter à un adversaire de leur<br />

calibre. Tout comme Rome, ils eurent à lutter pour la domination du monde connu et<br />

l’emportèrent. Au temps de la République romaine, les lois résistèrent 150 ans 3 avant que les<br />

affrontements entre sénateurs, l’individualisme du peuple et l’incompétence des dirigeants<br />

exécutifs en vinssent à bout. Combien de temps encore avant que les Etats-Unis d’Amérique<br />

ne soient vaincus par les mêmes m<strong>au</strong>x : militaires trop puissants, droits élémentaires bafoués,<br />

non respect des lois ? La question est plus que jamais d’actualité.<br />

3 Ou 200 ans suivant que l’on prend la fin théorique de la puissance punique ou sa fin dans les faits.<br />

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