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Le chasseur africain et son monde - Royal Museum for Central Africa

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<strong>Le</strong> domaine où se déroule l’activité du <strong>chasseur</strong> c’est la brousse, laquelle est désignée par une<br />

diversité de vocabulaire. Comme pour désigner le <strong>chasseur</strong>, ici aussi il est question d’éviter la terminologie<br />

ordinaire pour se servir de termes poétiques <strong>et</strong> héroïques car le domaine de la chasse constitue un <strong>monde</strong><br />

héroïque qui procure à ses héros prospérité, pouvoir <strong>et</strong> honneur (ch. 270, 306, 594, 726a, 772). <strong>Le</strong> grand<br />

<strong>chasseur</strong> ne porte pas lui-même le fusil (ch. 782). Ces grands <strong>chasseur</strong>s n’étaient pas nombreux (ch. 39d).<br />

Ils n’aimaient pas rester au village, possédés qu’ils étaient, dans leur imaginaire, par les esprits qui les<br />

<strong>for</strong>çaient à se lancer en brousse (ch. 675). En fait, les chefs politiques n’ont pas autant de prestige que le<br />

<strong>chasseur</strong> qui procure à manger au village. Ainsi un jour, un ancien disait qu’il y avait un triple pouvoir : le<br />

chef, le <strong>chasseur</strong> <strong>et</strong> le devin.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>chasseur</strong>s connaissent un sentiment de supériorité par rapport à toutes les autres occupations<br />

d’homme : comme il a été remarqué déjà antérieurement (C. Doke, 1931 : 339), les <strong>chasseur</strong>s se réfèrent<br />

souvent à la pêche <strong>et</strong> la méprisent (Annexe I ; ch. 92, 124, 309, 351, 604) ; c’est aussi le cas de la récolte du<br />

miel (ib. ; ch. 871).<br />

La chasse connaît différentes <strong>for</strong>mes quant à l’objectif à poursuivre, <strong>et</strong> les modalités de l’exécution.<br />

Il y a les <strong>chasseur</strong>s occasionnels ou amateurs qui partent seuls ou à plusieurs pour quelques heures seulement<br />

<strong>et</strong> rentrent ensuite à la mai<strong>son</strong>. <strong>Le</strong>s <strong>chasseur</strong>s professionnels eux vivent de leur chasse <strong>et</strong> s’y consacrent à<br />

temps plein. Ils pratiquent la chasse individuellement ou <strong>for</strong>ment une sorte de corporation. Ils partent à la<br />

chasse soit pour un jour, soit pour plusieurs jours. <strong>Le</strong>ur chasse leur perm<strong>et</strong> de pratiquer le troc pour avoir les<br />

vivres nécessaires, surtout la farine (ch. 727, 805). Il y a aussi la chasse des garçons, laquelle n’est pas<br />

considérée dans les chan<strong>son</strong>s reproduites ci-dessous, mais dont traitent M.T. Centner (1963 : 132-144) <strong>et</strong><br />

Sato H. (1983 : 31-32).<br />

La chasse se distingue surtout d’après les gibiers poursuivis <strong>et</strong> les techniques employées. <strong>Le</strong>s<br />

<strong>chasseur</strong>s ne <strong>son</strong>t pas nécessairement qualifiés pour toute <strong>for</strong>me de chasse. Ce ne <strong>son</strong>t pas tous les animaux<br />

non plus qui <strong>for</strong>ment l’obj<strong>et</strong> de chasse. Ainsi les animaux dont la chair est tabou dans l’alimentation ne <strong>son</strong>t<br />

pas obj<strong>et</strong> de chasse. Seulement quand un fauve m<strong>et</strong> en danger le village, on se m<strong>et</strong>tra à sa poursuite, ou<br />

quand on est attaqué en brousse, on le tuera. Il s’agit des lions, léopards, chacals, hyènes <strong>et</strong>c. En y ajoutant<br />

les serpents <strong>et</strong> les crocodiles, on a la catégorie des monstres ou fiswango dont parle A. Richards (1995 :<br />

343).<br />

<strong>Le</strong>s bêtes de chasse <strong>son</strong>t distinguées en p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> grandes bêtes. C’est la chasse des grands<br />

animaux qui procure du prestige (inama nkulu, temba ngombe, kayuba). Celle des p<strong>et</strong>its animaux ne<br />

compte pas. Un <strong>chasseur</strong> de grands animaux n’osera pas parler d’un p<strong>et</strong>it gibier qu’il a attrapé par hasard.<br />

En suivant le nombre de références faites aux animaux (Annexe IVc), on peut déduire le degré de<br />

renommée des différentes <strong>for</strong>mes de chasse. <strong>Le</strong>s noms des animaux varient d’un parler à l’autre <strong>et</strong> certains<br />

animaux ont des devises <strong>et</strong> des titres honorifiques. En premier lieu vient la chasse à l’éléphant (nsofu,<br />

nkungulu, shebele, kayuba, balambwe, ntembo, talaka, shenke, yombwe, maombe <strong>et</strong>c.; C. Doke,<br />

1931: 328-330 ; S. Marks, 1976 : 61-64), suivie de celle du buffle (mbowo ou mboo, isengu, ngombe,<br />

kingombe, yombwe), des hippotragues (mpelembe, litundubwe, itubakanwa, kanshilye, kantanta,<br />

kafumbo, ntengu, fumbwe, kaloko, ipeba), de la classe des suidés (phacochères, potamochères, ngulube,<br />

mungulube, kapoli, lupenge, ngili, mungili), de l’antilope bubale (nkonshi), de l’élan (nsefu, n<strong>son</strong>go),<br />

de l’antilope dai des buis<strong>son</strong>s (ki<strong>son</strong>go), une bête qui joue un rôle particulier dans les contes. D’autres<br />

espèces d’antilopes <strong>son</strong>t peu citées, probablement parce que exterminées depuis longtemps : ce <strong>son</strong>t le<br />

waterbuck (kyuswe, chuswe, kondolo, nsobe, mula), le cobe des roseaux (mbashi, mpoyo), l’antilope<br />

appelée mu<strong>son</strong>tole. <strong>Le</strong> rhinocéros (kipembele) <strong>et</strong> le zèbre (ngolo) ne <strong>son</strong>t presque plus connus. Des bêtes<br />

de chasse peu citées <strong>son</strong>t le blaireau ou ratel (kambole, kibuli, kankwa), <strong>et</strong> l’oryctérope (mpendwa; C.<br />

Doke, 1931 : 338 ; S. Marks, 1976 : 67-68), mais la chasse à ces animaux comporte une sensation particulière<br />

car il faut suivre c<strong>et</strong> animal dans les galeries souterraines. C’est aussi le cas de la chasse à l’hippopotame<br />

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