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Tome 1 - "L'Initiation"

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— L'Initiation —<br />

France (il ne faut pas oublier que nous étions mi-avril... 1968), l'armée avait tout intérêt à se<br />

montrer magnanime à l'égard de son contingent. De plus, l'exiguïté du local faisant office de<br />

prison interdisait toute incarcération de plus de trois individus, et la caserne en abritait au<br />

moins cinq cents.<br />

Jusque-là, rien à redire, les quelques camarades concertés se réjouissant à l'avance du<br />

résultat, quel qu'il fût... Nous choisîmes le lendemain pour le déroulement des opérations.<br />

Pour que le projet aboutisse, il s'agit maintenant de convaincre, en marge de toute<br />

corruption, le préposé au clairon. Et c'est à moi qu'incombe cette tâche, selon Mikaël,<br />

corroborant par là même cette propension qu'a ce garçon à m'impliquer, en vertu de ce qu'il me<br />

dit capable de faire, en son idéalisme forcené.<br />

Je présume qu'il me croit "assisté", peut-être même "protégé" par mes mystérieux<br />

interlocuteurs de la gare Saint-Charles. Marseille, Toulon, Grenoble, Epinal tout comme Bühl<br />

ne sont, à ses dires, que des "étapes" dans ce que je vis actuellement. J'ai beau lui démontrer,<br />

preuves à l'appui, que je subis tout ceci, qu'ils agissent où et quand bon leur semble, que je suis<br />

pris, malgré moi, dans une sorte d'imbroglio, rien n'y fait. Il me rétorque que j'ai mon mot à<br />

dire dans ce qui est loin d'être un imbroglio, que rien n'est dû au hasard et que je saurai le fin<br />

mot de l'histoire seulement lorsque je m'en serai montré "digne". Ses mots sont cinglants, mais<br />

il me semble que je puise en eux la force pour ne pas le décevoir.<br />

Et je me fais son porte-parole, l'émissaire des autres, pour faire accéder le "clairon" de<br />

service à notre requête. Ecrire ici que je n'attendis pas, en ces instants, un signe de "l'invisible"<br />

serait un mensonge éhonté ; pourtant il ne vint pas, ce signe, et c'est seulement armé des mots<br />

de l'idée de Mikaël que je convainquis le responsable du réveille-matin de différer son office.<br />

La chose se réalisa mais n'eut pas de prolongement : elle fut considérée par l'état-major<br />

comme une simple méprise. Seul le "clairon" hérita d'une garde supplémentaire à monter, pour<br />

laquelle Mikaël se porta volontaire, remplaçant délibérément l'injustement "puni".<br />

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