Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — que nous ayons collé une étiquette sur nos bagages (que nous abandonnons provisoirement dans cette même salle), laquelle mentionne nos nom et prénoms ainsi que le numéro de la compagnie à laquelle nous venons d'être affectés. Là, toujours en rang, nous nous rendons à un grand bâtiment qui se trouve être le réfectoire où nous sont remis des couverts et un "quart" (sorte de gobelet en métal) que nous devrons conserver et transporter avec nous, pour toutes les opérations se déroulant en-dehors de la caserne, notamment les manœuvres... En moins d'une heure, ce premier repas, tout à fait correct au demeurant, se trouve expédié, et nous nous retrouvons, debout, devant le baraquement où l'on nous avait conduits, pour récupérer nos valises. Nous sommes aussitôt dirigés vers ce que l'officier appelle le magasin. Il s'agit là d'un immense entrepôt dont le responsable répond au nom de "fourrier". Aidé de quelques "assesseurs", il nous mesure sommairement et nous inscrit sur un registre. Puis il nous répartit par petits groupes sous la responsabilité de ses adjoints, de façon à procéder à la distribution de nos effets militaires. En file indienne, on nous fait accéder à de grandes étagères sur lesquelles sont disposés des treillis (tenues dites de combat) et des ensembles veste-pantalon que nous glissons dans un grand sac de toile, fourni également par "la maison". Ces ensembles sont taillés dans du drap, nous dit-on, le haut ornementé de boutons dorés du plus bel effet, le bas comportant un liseret latéral sur chaque jambe, d'une couleur tranchant légèrement avec le "kaki" de la tenue, tenue dite de travail. Cette tenue, il faut le préciser, est prévue pour l'hiver, une autre du même usage devant nous être remise ultérieurement pour la belle saison. Quant à la tenue de sortie, nous en prendrons possession à la fin des "classes". Sa confection, d'ailleurs, exige de nouvelles prises de mensurations, beaucoup moins approximatives, auxquelles nous nous soumettons ; elle sera même taillée dans du Tergal, de quoi faire taire ceux qui prétendent que le budget du ministère de la Défense nationale est mal utilisé... Et je n'ai pas détaillé tout le reste, dont un long manteau, encore appelé "capote", deux chemises et deux cravates, deux paires de chaussettes en laine, deux en coton, deux tricots de corps, un pull-over et une tenue de sport comportant une paire d'espadrilles, un short, plus un survêtement... bleu des Vosges. - 68 -

— L'Initiation — La tête, non plus, n'a pas été oubliée, puisque nous ont été octroyés deux casques (un lourd, un léger) et deux bérets. Nous récupérons ensuite un sac à dos dans lequel nous glissons nos affaires de toilette et notre linge de corps, nous remettons nos valises au fourrier qui nous conduit chez le maroquinier des lieux. Ce dernier nous offre généreusement, en plus d'un ceinturon, une paire de chaussures montantes et rigides baptisées "rangers", destinées aux différentes manœuvres spéciales, ainsi qu'une paire de souliers bas servant à la vie courante. En matière d'équipement, vous saurez tout lorsque je vous aurai dit que, pour nous différencier des autres régiments, nous ont été donnés deux écussons à coudre sur notre tenue de travail et un insigne en métal à fixer sur notre béret. Nouveau rassemblement. Cette fois, c'est pour nous rendre à l'endroit où nous allons dormir. Les bâtiments, vus de l'extérieur, n'ont rien de très esthétique. Ce sont de grandes cabanes améliorées où tout est de plain-pied. Chambres, salles de bains ou disons plutôt cabinets de toilette collectifs et w.-c. se succèdent ou s'intercalent en suivant un long couloir dont les murs s'ornent de quelques gravures placées sous verre, représentant des scènes de la vie militaire d'autrefois. Ce sont là, semble-t-il, des tableaux provenant du centre d'imagerie populaire d'Epinal. Les plafonds, relativement hauts, car directement sous les toits, laissent pendre de larges abat-jour au centre desquels émergent d'énormes ampoules transparentes. Six chambres de douze lits s'ouvrent sur ce couloir. Les lits, disposés par six, de part et d'autre, sont perpendiculaires aux murs en préfabriqué cloisonnant les pièces dont j'ai fait état précédemment. Ils sont séparés entre eux par de sinistres armoires métalliques. Au centre du dortoir ronronne un volumineux poêle à charbon. Les mêmes lampes grossières, au nombre de trois, s'échelonnent entre le dessus de la porte, surmontée d'un vasistas, et les deux hautes fenêtres lui faisant face. Le sol est un vulgaire plancher dont nul ne saurait douter que l'entretien fera partie des corvées dont on a pu nous parler. Ordre nous est donné d'aménager les lieux, c'est-à-dire de ranger dans les armoires le contenu de nos sacs et de faire nos lits avec draps et couvertures que nous devons, par petits - 69 -

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La tête, non plus, n'a pas été oubliée, puisque nous ont été octroyés deux casques (un<br />

lourd, un léger) et deux bérets.<br />

Nous récupérons ensuite un sac à dos dans lequel nous glissons nos affaires de toilette<br />

et notre linge de corps, nous remettons nos valises au fourrier qui nous conduit chez le<br />

maroquinier des lieux. Ce dernier nous offre généreusement, en plus d'un ceinturon, une paire<br />

de chaussures montantes et rigides baptisées "rangers", destinées aux différentes manœuvres<br />

spéciales, ainsi qu'une paire de souliers bas servant à la vie courante.<br />

En matière d'équipement, vous saurez tout lorsque je vous aurai dit que, pour nous<br />

différencier des autres régiments, nous ont été donnés deux écussons à coudre sur notre tenue<br />

de travail et un insigne en métal à fixer sur notre béret.<br />

Nouveau rassemblement. Cette fois, c'est pour nous rendre à l'endroit où nous allons<br />

dormir. Les bâtiments, vus de l'extérieur, n'ont rien de très esthétique. Ce sont de grandes<br />

cabanes améliorées où tout est de plain-pied. Chambres, salles de bains ou disons plutôt<br />

cabinets de toilette collectifs et w.-c. se succèdent ou s'intercalent en suivant un long couloir<br />

dont les murs s'ornent de quelques gravures placées sous verre, représentant des scènes de la<br />

vie militaire d'autrefois. Ce sont là, semble-t-il, des tableaux provenant du centre d'imagerie<br />

populaire d'Epinal.<br />

Les plafonds, relativement hauts, car directement sous les toits, laissent pendre de<br />

larges abat-jour au centre desquels émergent d'énormes ampoules transparentes. Six chambres<br />

de douze lits s'ouvrent sur ce couloir. Les lits, disposés par six, de part et d'autre, sont<br />

perpendiculaires aux murs en préfabriqué cloisonnant les pièces dont j'ai fait état<br />

précédemment. Ils sont séparés entre eux par de sinistres armoires métalliques.<br />

Au centre du dortoir ronronne un volumineux poêle à charbon.<br />

Les mêmes lampes grossières, au nombre de trois, s'échelonnent entre le dessus de la<br />

porte, surmontée d'un vasistas, et les deux hautes fenêtres lui faisant face. Le sol est un<br />

vulgaire plancher dont nul ne saurait douter que l'entretien fera partie des corvées dont on a pu<br />

nous parler.<br />

Ordre nous est donné d'aménager les lieux, c'est-à-dire de ranger dans les armoires le<br />

contenu de nos sacs et de faire nos lits avec draps et couvertures que nous devons, par petits<br />

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