Tome 1 - "L'Initiation"

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Samedi 17 février — Les Visiteurs de l'Espace-Temps — TAPIS BLANC, TAPIS VERT 12 h 30 : Jean-Claude Killy a gagné la première manche du slalom spécial. Mais deux Autrichiens, Matt et Schranz, sont sur ses talons. Le spectacle est étrange. Il y a tellement de brouillard que, depuis le bas, à l'arrivée, on ne voit pas descendre les concurrents. On entend dégringoler les cris du public massé dans la pente. Ainsi, quand les cris se rapprochent de nous, on sait que le coureur va déboucher. Ils sortent de la brume comme d'un tunnel. A l'issue de la première manche : 13 hommes dans soixante-neuf centièmes de seconde ! Tous les cracks sont là. Tous peuvent gagner. 14 h 00 : le Norvégien Mjoen a gagné la seconde manche à la stupéfaction générale. L'addition des temps des deux manches en fait l'officieux champion olympique ! Schranz est second, Killy troisième au classement général. - Pour Mjoen, ce n'est pas possible, dit Killy, il ne peut pas avoir réussi un temps pareil en ayant passé toutes les portes. Pour Schranz, c'est possible. Je sais, cependant, qu'il y a eu un incident là-haut avec lui, mais je ne sais pas quoi exactement. Attendons. Le suspense, vous l'imaginez, est difficilement supportable. 14 h 15 : les officiels viennent de visionner la course de Mjoen sur le magnétoscope. Le Norvégien a manqué deux portes. Schranz devient champion olympique. Joie bruyante dans le clan autrichien. Killy félicite son vieux rival. Schranz. - Mais tout n'est pas clair, pense-t-il, il s'est passé quelque chose là-haut avec L'Autrichien explique : - J'ai effectivement manqué des portes lors de mon premier parcours de la seconde manche. Mais j'ai été gêné par quelqu'un sur la piste. Les officiels m'ont autorisé à recommencer un second parcours où, alors, je n'ai manqué aucune porte. J'ai bel et bien gagné. - 64 -

— L'Initiation — 15 h 00 : ce que Schranz a oublié de dire et que le jury fait savoir, c'est que l'Autrichien a eu droit, selon le règlement, à un second essai "provisionnel". Cet essai ne sera reconnu comme valable que s'il apparaît que Schranz a bien été gêné par quelqu'un, au cours de sa première tentative. L'enquête commence avec des films T.V. et des photographies de l'incident. 15 h 20 : le jury international décide que Karl Schranz n'a pas été gêné et le disqualifie. Jean-Claude Killy est champion olympique pour la troisième fois. 16 h 05 : la délégation autrichienne fait appel. 16 h 50 : le jury international siège de nouveau. 19 h 40 : le jury international confirme la juste disqualification de Schranz. Cette affaire "empoisonne" l'atmosphère et beaucoup de skieurs sont sévères avec Schranz, ils l'accusent d'avoir voulu à tout prix ternir l'indiscutable et totale victoire de Killy. Ce dernier (si l'on peut ainsi nommer le triple vainqueur) quitte pour la première fois son masque d'impassibilité. - Je suis au bout du voyage, nous confie-t-il, il y a peu de champions dans l'histoire du sport qui ont pu dire un jour : je n'ai plus rien à prouver. Je viens d'atteindre ce stade. Alors j'arrête. C'est formidable et je me sens un peu triste et creux. Je comprends, pour la première fois, que l'attente de quelque chose peut être un plus grand bonheur que de posséder la chose en question. Ce soir j'ai besoin de tout oublier. Je vais m'échapper, exploser, et boire un peu trop. Je suis accablé par toute cette gloire à travers laquelle je ne me reconnais plus, je reçois 500 lettres par jour, c'est démentiel ! Dans la soirée une phrase de Schranz : - Ma disqualification est imméritée, cela dit, Killy est le plus grand skieur qui ait existé et le meilleur camarade qui soit. Nous voudrions que ce soit le dernier mot des jeux Olympiques de Grenoble. =============== - 65 -

Samedi 17 février<br />

— Les Visiteurs de l'Espace-Temps —<br />

TAPIS BLANC, TAPIS VERT<br />

12 h 30 : Jean-Claude Killy a gagné la première manche du slalom spécial. Mais<br />

deux Autrichiens, Matt et Schranz, sont sur ses talons. Le spectacle est étrange. Il y a<br />

tellement de brouillard que, depuis le bas, à l'arrivée, on ne voit pas descendre les<br />

concurrents. On entend dégringoler les cris du public massé dans la pente. Ainsi, quand<br />

les cris se rapprochent de nous, on sait que le coureur va déboucher.<br />

Ils sortent de la brume comme d'un tunnel. A l'issue de la première manche : 13<br />

hommes dans soixante-neuf centièmes de seconde !<br />

Tous les cracks sont là. Tous peuvent gagner.<br />

14 h 00 : le Norvégien Mjoen a gagné la seconde manche à la stupéfaction<br />

générale. L'addition des temps des deux manches en fait l'officieux champion olympique<br />

! Schranz est second, Killy troisième au classement général.<br />

- Pour Mjoen, ce n'est pas possible, dit Killy, il ne peut pas avoir réussi un<br />

temps pareil en ayant passé toutes les portes. Pour Schranz, c'est possible. Je sais,<br />

cependant, qu'il y a eu un incident là-haut avec lui, mais je ne sais pas quoi<br />

exactement. Attendons.<br />

Le suspense, vous l'imaginez, est difficilement supportable.<br />

14 h 15 : les officiels viennent de visionner la course de Mjoen sur le<br />

magnétoscope. Le Norvégien a manqué deux portes. Schranz devient champion<br />

olympique. Joie bruyante dans le clan autrichien. Killy félicite son vieux rival.<br />

Schranz.<br />

- Mais tout n'est pas clair, pense-t-il, il s'est passé quelque chose là-haut avec<br />

L'Autrichien explique :<br />

- J'ai effectivement manqué des portes lors de mon premier parcours de la<br />

seconde manche. Mais j'ai été gêné par quelqu'un sur la piste. Les officiels m'ont<br />

autorisé à recommencer un second parcours où, alors, je n'ai manqué aucune porte.<br />

J'ai bel et bien gagné.<br />

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