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Tome 1 - "L'Initiation"

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— L'Initiation —<br />

La rue a repris son calme. Quelle heure peut-il être ? Une voiture de police passe au<br />

ralenti, ses occupants nous regardent, discernent-ils quelque chose sur notre visage ? Toujours<br />

est-il qu'ils poursuivent leur ronde... S'ils pouvaient savoir !…<br />

C'est terminé pour ce soir, l'Organisation Magnifique nous a sans doute pris en pitié :<br />

nous ne recevrons plus rien. Il ne nous reste plus qu'à nous séparer et à rentrer chacun chez<br />

soi.<br />

Il est un peu plus de vingt-deux heures lorsque je franchis la porte d'entrée du troisième<br />

étage du 35 boulevard Notre-Dame ; je suis exténué, je me sens vidé de toute substance vitale,<br />

j'ai terriblement soif et avale en quelques gorgées un litre d'eau. Je me rends dans la salle de<br />

bains et, pendant que je laisse se remplir la baignoire, je me regarde dans la glace,<br />

m’apercevant ainsi que je porte sur le front une superbe bosse que je palpe sans ressentir l'effet<br />

d'une douleur quelconque. Quand bien même voudrais-je renier les formes de ce que je vis, je<br />

suis contraint de tenir compte des traces qui marquent mon avant-bras (toujours aussi<br />

boursouflé) et mon visage. La fin de la nuit, passée à chercher le sommeil, n'atténuera en rien<br />

ces marques.<br />

Comment garder sous silence, en ce mercredi matin où nous affichons, avec mes trois<br />

amis, la mine la plus déconfite qui soit, le guet-apens de la veille ? Seul Jacques, de par sa<br />

prudence, n'a rien à arborer en matière de plaies et de bosses : prévenir vaut mieux que guérir,<br />

c'est connu. Il y avait incontestablement du bon sens dans son raisonnement car qui aurait<br />

encore la mauvaise foi de prétendre que l'Organisation Magnifique ne possède pas de moyens<br />

surnaturels ?<br />

Nos camarades de travail compatissent mais, en notre for intérieur, la véritable<br />

frustration réside en le fait que nous sommes bien conscients que personne, jamais personne ne<br />

pourra partager ce que nous avons vécu : les mots dont nous nous servons pour narrer la chose<br />

n'ont aucune commune mesure avec l'intensité de l'émotion qui a pu nous étreindre en la<br />

circonstance. Il est indéniable que la blessure que porte notre esprit mettra plus de temps à<br />

guérir que les quelques traumatismes corporels dont nous faisons état. Personnellement, je me<br />

sens absent, j'ai l'impression de me trouver à côté de moi-même ; de temps à autre, je jette un<br />

regard sur Norbert ou Robert : ils me font penser à des ombres et je revois leur air éberlué de<br />

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