Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — Baldit va, dès ce soir, nous suivre sur le parcours que j'emprunte habituellement pour rentrer chez moi. Il est inutile de dire la joie qui nous anime. Enfin !… Un adulte qui daigne nous prendre au sérieux ! Robert circulera pour sa part en voiture, quant à Jacques, il fréquentera le trottoir opposé en se tenant à bonne distance de nous et du père de Norbert, dont nous feindrons d'ignorer la présence. Monsieur Baldit travaille comme gardien à la prison des Baumettes et s'il advenait qu'il témoignât pour notre cause, la police nous considérerait sans doute tout autrement. Ce lundi me paraîtra le plus long que j'aie jamais passé dans ce bureau et nous accueillons la sonnerie de l'heure de la sortie comme le signal d'une délivrance. Norbert me montre son père discrètement, il est posté à environ cinquante mètres de la porte par laquelle nous sortons. Il se laisse dépasser par tous les employés qui sortent, puis entreprend sa filature. Voilà une vingtaine de minutes que nous marchons et, grosso modo, tout se passe comme prévu : Norbert et moi servons d'appât(s), sur le trottoir d'en face, légèrement en retrait, Jacques déambule, Robert, quant à lui, fait sa ronde au gré des sens et des feux de réglementation. C'est au moment où nous quittons la rue de Rome, une artère importante de la ville, pour prendre une rue plus étroite et moins fréquentée, la rue Dragon, que nous recevons une ampoule électrique et des pièces de monnaie. Avant de nous baisser pour ramasser le culot de l'ampoule ainsi que les pièces, nous jetons spontanément un regard interrogateur à destination de monsieur Baldit, puis de Jacques. Mais ni l'un ni l'autre, au vu de l'attitude qu'ils affichent, n'ont perçu le point de départ des projectiles : ils ont tour à tour un haussement d'épaules et une moue désabusée qui symbolisent et la surprise et le sentiment d'impuissance qui en découle. Nous nous accroupissons pour récupérer lesdits projectiles lorsque soudain je reçois sur mon avant-bras gauche une flèche. Une flèche dont le bout est une ventouse en caoutchouc comme peuvent l'être celles qu'utilisent les enfants pour leurs carabines. A la différence près que celle-ci semble être pourvue d'une sorte de dard au cœur de sa ventouse car je ressens une fort désagréable démangeaison en même temps que se dessine un œdème impressionnant entre le coude et le poignet. Ce nouveau projectile semble téléguidé car il est reparti tout de suite en marche arrière, à quelque cinquante centimètres au- dessus du sol, comme s'il se trouvait relié à un fil invisible ; d'ailleurs, il sort rapidement du champ de notre vision et, une fois de plus, la déception est au rendez-vous : proportionnelle à - 32 -

— L'Initiation — l'espoir que secrètement nous nourrissions de voir l'O.M. sinon se trahir, du moins se manifester avec moins d'aisance. Nous nous séparons donc après que Robert m'a conduit chez un pharmacien, lequel considérera qu'il s'agit là d'une piqûre d'insecte, qu'il désinfectera en me recommandant de voir un médecin en cas d'aggravation toutefois bien improbable. Je pus me rendre compte, dès le lendemain, alors que je préparais mon sac de sport pour la séance du soir, que si mon avant-bras présentait une enflure bien prononcée, je ne ressentais plus le moindre picotement. Tout le long de la journée, nous nous étions cantonnés aux décisions que nous avions prises : observer le plus profond mutisme dans tout ce qui concernait cette affaire, tout en gardant les yeux et les oreilles bien ouverts au cas où... Rien ne se passa au cours de l'entraînement que nous écourtâmes tout de même, un peu pour surprendre les membres de l'Organisation Magnifique, du moins dans les repères qu'ils ne devaient pas manquer d'avoir quant aux horaires auxquels nous les avions habitués, un peu également parce que la pratique du sport avait revêtu, peu à peu pour nous, une importance tout à fait secondaire. C'est pourquoi il ne doit pas être vingt heures au moment où nous quittons le stade Delort. Lequel d'entre nous est susceptible à cet instant précis d'imaginer que nous quittons ces lieux pour la dernière fois ? Pour ma part, je n'y remettrai les pieds que vingt-six ans plus tard, lorsque Jimmy Guieu et Olivier Sanguy, dans le cadre d'une reconstitution cinématographique 1 , m'inviteront à témoigner à propos de cette inimaginable aventure qui n'en était alors qu'à ses balbutiements. En attendant, c'est sans étonnement aucun que nous voyons arriver toutes sortes de projectiles sur les allées du Prado. Aucun ne nous touche, mais, de notre côté également, nous avons modifié notre comportement. Oh ! Il ne s'agit pas d'un plan savamment élaboré : nous avons, d'un commun accord, décidé, dans le but de faire prendre des risques à nos agresseurs, de ne pas nous arrêter en chemin. Arrivés place Castellane, la tactique n'a pas porté ses fruits : les tirs nous ont été adressés avec la même intensité, la même précision qu'à l'accoutumée. Jacques préfère s'en tenir là et se rend à l'arrêt de son bus. Norbert et Robert décident de 1 Cf., dans la série des vidéocassettes "Les Portes du Futur", voir la K7 N°9 "Contacts Espace/Temps : Jean-Claude Pantel et ses étranges visiteurs". - 33 -

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l'espoir que secrètement nous nourrissions de voir l'O.M. sinon se trahir, du moins se<br />

manifester avec moins d'aisance. Nous nous séparons donc après que Robert m'a conduit chez<br />

un pharmacien, lequel considérera qu'il s'agit là d'une piqûre d'insecte, qu'il désinfectera en me<br />

recommandant de voir un médecin en cas d'aggravation toutefois bien improbable. Je pus me<br />

rendre compte, dès le lendemain, alors que je préparais mon sac de sport pour la séance du<br />

soir, que si mon avant-bras présentait une enflure bien prononcée, je ne ressentais plus le<br />

moindre picotement.<br />

Tout le long de la journée, nous nous étions cantonnés aux décisions que nous avions<br />

prises : observer le plus profond mutisme dans tout ce qui concernait cette affaire, tout en<br />

gardant les yeux et les oreilles bien ouverts au cas où...<br />

Rien ne se passa au cours de l'entraînement que nous écourtâmes tout de même, un peu<br />

pour surprendre les membres de l'Organisation Magnifique, du moins dans les repères qu'ils ne<br />

devaient pas manquer d'avoir quant aux horaires auxquels nous les avions habitués, un peu<br />

également parce que la pratique du sport avait revêtu, peu à peu pour nous, une importance<br />

tout à fait secondaire.<br />

C'est pourquoi il ne doit pas être vingt heures au moment où nous quittons le stade<br />

Delort. Lequel d'entre nous est susceptible à cet instant précis d'imaginer que nous quittons ces<br />

lieux pour la dernière fois ? Pour ma part, je n'y remettrai les pieds que vingt-six ans plus tard,<br />

lorsque Jimmy Guieu et Olivier Sanguy, dans le cadre d'une reconstitution cinématographique 1 ,<br />

m'inviteront à témoigner à propos de cette inimaginable aventure qui n'en était alors qu'à ses<br />

balbutiements.<br />

En attendant, c'est sans étonnement aucun que nous voyons arriver toutes sortes de<br />

projectiles sur les allées du Prado. Aucun ne nous touche, mais, de notre côté également, nous<br />

avons modifié notre comportement. Oh ! Il ne s'agit pas d'un plan savamment élaboré : nous<br />

avons, d'un commun accord, décidé, dans le but de faire prendre des risques à nos agresseurs,<br />

de ne pas nous arrêter en chemin. Arrivés place Castellane, la tactique n'a pas porté ses fruits :<br />

les tirs nous ont été adressés avec la même intensité, la même précision qu'à l'accoutumée.<br />

Jacques préfère s'en tenir là et se rend à l'arrêt de son bus. Norbert et Robert décident de<br />

1 Cf., dans la série des vidéocassettes "Les Portes du Futur", voir la K7 N°9 "Contacts Espace/Temps : Jean-Claude Pantel et ses étranges<br />

visiteurs".<br />

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