Tome 1 - "L'Initiation"

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25.06.2013 Views

— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — trop "idéalisateur" de Mikaël Calvin n'était peut-être pas si utopique que cela ! Chapitre 22 Dès la première semaine de janvier, le comité d'entreprise de la caisse régionale de Sécurité sociale (où travaille Lucette) avise ses employés : il reste des places disponibles pour le voyage qu'il organise au Brésil. Les prix sont tout à fait intéressants, et Louis Grondin, qui y - 302 -

— L'Initiation — a inscrit sa famille, insiste auprès de Lucette pour que nous participions à ce séjour d'une dizaine de jours à Rio de Janeiro. Très influencé par le souvenir de ma chanson "Ultime Carnaval" et par tout ce qui s'y est rattaché par la suite, je cède à l'envie, d'autant plus que Lucette rêve depuis toujours de connaître l'Amérique du Sud. Et puis n'est-ce pas surtout l'occasion idéale de nous changer les idées et d'évacuer - momentanément, certes - tous nos petits problèmes actuels ? Le départ est prévu pour la fin du mois d'avril, et ce premier trimestre 1976 passera relativement vite malgré la pression que ne manquent pas d'exercer, à mon égard, certains cadres du service, alors qu'aucun phénomène notoire n'est à déplorer. Néanmoins, un aspect positif contrebalance cette situation : je viens de trouver, en plus de celle de Jean-Claude Panteri, une complicité indiscutable en la personne de Gérard Pietrangelli qui me soutient ouvertement et sans ambages contre l'évident parti pris qu'il m'est donné de subir. Gérard est le chaînon parfait que l'on pourrait placer entre Mikaël Calvin et Jean Platania. Plus modéré que l'un, quoique imprévisible (tel que nous aurons l'occasion de le voir), il se montre plus enthousiaste que l'autre dans le désir de voir changer les choses. Ce garçon aime le défi, et tout, chez lui, peut devenir prétexte à jouer : c'est, je crois, sa façon de se rassurer, et cela lui réussit plutôt bien. Il parle souvent de panache et reproche quelquefois à Jean, plus par boutade que par "fronderie", la résignation que ce dernier affiche selon les circonstances. Gérard est aussi très pudique et n'hésite pas à s'effacer s'il se sent de trop. A ce propos, se rendant compte d'un certain mutisme de Jean, dont il a pensé un instant être la cause, lors des repas pris en commun à la mi-journée, il m'a proposé de ne plus se joindre à nous en ces occasions. Cela ne m'a pas été facile de le convaincre qu'il n'en était rien, mais, en vérité, j'ai décelé qu'il aurait souhaité, sans qu'il l'avouât ouvertement, que je lui parlasse de ce dont je m'entretenais avec Jean, avant que lui, Gérard Pietrangelli, ne mêlât sa voix à la nôtre. Qui plus est : il sait. Et sans doute considère-t-il que je manque de confiance à son égard en ne lui contant ce que d'autres n'ont pas manqué de lui apprendre à mon sujet. Mais, assez curieusement, je considère que l'amitié plus que naissante que l'on se porte mutuellement ne gagnerait rien à ce que je me répande sur ce chapitre si particulier. Peut-être ai-je, en mon for intérieur, envie que l'on m'apprécie pour ce que je suis et non pour ce que je représente, à - 303 -

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a inscrit sa famille, insiste auprès de Lucette pour que nous participions à ce séjour d'une<br />

dizaine de jours à Rio de Janeiro. Très influencé par le souvenir de ma chanson "Ultime<br />

Carnaval" et par tout ce qui s'y est rattaché par la suite, je cède à l'envie, d'autant plus que<br />

Lucette rêve depuis toujours de connaître l'Amérique du Sud. Et puis n'est-ce pas surtout<br />

l'occasion idéale de nous changer les idées et d'évacuer - momentanément, certes - tous nos<br />

petits problèmes actuels ?<br />

Le départ est prévu pour la fin du mois d'avril, et ce premier trimestre 1976 passera<br />

relativement vite malgré la pression que ne manquent pas d'exercer, à mon égard, certains<br />

cadres du service, alors qu'aucun phénomène notoire n'est à déplorer. Néanmoins, un aspect<br />

positif contrebalance cette situation : je viens de trouver, en plus de celle de Jean-Claude<br />

Panteri, une complicité indiscutable en la personne de Gérard Pietrangelli qui me soutient<br />

ouvertement et sans ambages contre l'évident parti pris qu'il m'est donné de subir.<br />

Gérard est le chaînon parfait que l'on pourrait placer entre Mikaël Calvin et Jean<br />

Platania. Plus modéré que l'un, quoique imprévisible (tel que nous aurons l'occasion de le voir),<br />

il se montre plus enthousiaste que l'autre dans le désir de voir changer les choses. Ce garçon<br />

aime le défi, et tout, chez lui, peut devenir prétexte à jouer : c'est, je crois, sa façon de se<br />

rassurer, et cela lui réussit plutôt bien. Il parle souvent de panache et reproche quelquefois à<br />

Jean, plus par boutade que par "fronderie", la résignation que ce dernier affiche selon les<br />

circonstances. Gérard est aussi très pudique et n'hésite pas à s'effacer s'il se sent de trop. A ce<br />

propos, se rendant compte d'un certain mutisme de Jean, dont il a pensé un instant être la<br />

cause, lors des repas pris en commun à la mi-journée, il m'a proposé de ne plus se joindre à<br />

nous en ces occasions. Cela ne m'a pas été facile de le convaincre qu'il n'en était rien, mais, en<br />

vérité, j'ai décelé qu'il aurait souhaité, sans qu'il l'avouât ouvertement, que je lui parlasse de ce<br />

dont je m'entretenais avec Jean, avant que lui, Gérard Pietrangelli, ne mêlât sa voix à la nôtre.<br />

Qui plus est : il sait. Et sans doute considère-t-il que je manque de confiance à son<br />

égard en ne lui contant ce que d'autres n'ont pas manqué de lui apprendre à mon sujet. Mais,<br />

assez curieusement, je considère que l'amitié plus que naissante que l'on se porte mutuellement<br />

ne gagnerait rien à ce que je me répande sur ce chapitre si particulier. Peut-être ai-je, en mon<br />

for intérieur, envie que l'on m'apprécie pour ce que je suis et non pour ce que je représente, à<br />

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