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Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps —<br />

mieux comprendre la force que j'avais pu ressentir chez lui dès les premiers instants où nous<br />

nous étions côtoyés. Je situe également un peu mieux, au contact de sa famille, la source de ce<br />

sentiment de retenue qu'il exprime, tout à son avantage d'ailleurs, mais dont je perçois qu'il<br />

l'inhibe un tant soit peu, par rapport à ce qu'il laisse apparaître quelquefois de ses potentialités<br />

intrinsèques en matière de ce que nous appellerons le don de soi. Les Platania, famille d'origine<br />

italienne rapatriée de Tunisie, ont su, en dépit des difficultés attribuables au fait de devoir<br />

recommencer leur vie, inculquer à leurs trois fils un certain sens des valeurs à travers une<br />

éducation rigoureuse dont il faut les féliciter. Jean se plaît à reconnaître que, sans doute, "ceci"<br />

tend à expliquer "cela" quand Lucette, plus ou moins maladroitement, l'incite à afficher plus de<br />

confiance à l'égard de lui-même et, par conséquent, d'autrui...<br />

Est-ce Paris qui m'a éloigné encore un peu plus de moi-même ? Est-ce Jean qui, à<br />

l'instar de Rasmunssen, privilégie l'état par rapport à la fonction ? Toujours est-il que, sans<br />

sombrer dans un nihilisme total, je ne suis pas loin de faire mienne la théorie prétendant qu'il<br />

n'y a vraiment rien à espérer dans ce que nous croyons bon d'entreprendre, à seule fin de faire<br />

évoluer l'homme, ou, pour le moins, sa façon de vivre. Seul le souvenir de Mikaël Calvin<br />

parvient, en "fantomatique injonction", à m'interdire de sombrer corps et âme, mais jamais, je<br />

crois, je n'ai eu conscience d'un déphasage semblable. Je vaque, comme tout un chacun, à des<br />

occupations qui ont pour effet principal de nous nourrir et de payer notre loyer, mais je ressens<br />

une profonde aversion à l'égard de ce que je fais et, presque machinalement, il m'arrive parfois<br />

d'avoir honte de me sentir à ce point servile. De plus, cette impression de robotisation<br />

s'amplifie lorsque je regarde tous ceux et toutes celles avec qui j'ai partagé les diverses<br />

situations que ce récit comporte. M'estimant à l'écart de moi-même, je m'aperçois que je ne<br />

suis pas davantage avec les autres : promotions, mutations m'ont éloigné de Jacques Warnier,<br />

de Norbert Baldit, de Christian Santamaria, de Gilbert Marciano comme de Michel Aguilo. Et<br />

si Martine Barjetto ou Noëlle Gardonne n'écossent pas les petits pois sur les banquettes du<br />

métro, je ne puis échapper à cette terrible vision qui me poursuit assidûment, tel un cauchemar<br />

que je vis éveillé et que corroborent les vers de Louis Aragon, mis en musique par Jean Ferrat<br />

dans "J'entends, j'entends" :<br />

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