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Tome 1 - "L'Initiation"

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— L'Initiation —<br />

poèmes et de chansons), couvait cet obsédant désir d’embellissement de notre humanité.<br />

Confronté à la chronicité de nos carences, le bien-être de l'homme susceptible d’éclore de ce<br />

changement souhaité allait, d’espoirs déçus en espoirs déçus, définitivement se métamorphoser<br />

chez moi en ce que je baptiserai "le mal à l'homme".<br />

Chelles/Paris dans les deux sens pendant deux mois, de train de banlieue en métro, j'ai<br />

toute la disponibilité requise, entre les auditions passées dans les cabarets et les maisons de<br />

disques, pour évaluer, chaque jour un peu plus, l'absurdité de notre système de vie. Le plus<br />

souvent, sous un ciel maussade, quand ce n'est pas sous une pluie battante, je me surprends à<br />

scruter le comportement des gens que je croise ou que je rencontre. Tous sont soumis à un<br />

rythme trépidant, et l'énergie qu'ils déploient est sans commune mesure avec l'importance de ce<br />

qu'ils sont en train d'entreprendre. Une profonde tristesse émane alors de ce que j'hésite encore<br />

à nommer un "ambiant".<br />

Ainsi, avec Jean-Jacques Gaillard, nous pouvons voir des femmes assises dans le métro<br />

en train d'écosser des petits pois, puis descendre machinalement à leur station, pratiquement<br />

sans regarder l'endroit où elles se trouvent. Des hommes en font autant en interrompant, pour<br />

leur part, la lecture d'un magazine ou d'un surplus de travail qu'ils achèveront<br />

vraisemblablement chez eux. Et tout cela dans une indifférence quasi totale ! Et je passerai ici<br />

sous silence certaines réactions d'automobilistes pris dans des embouteillages aux heures dites<br />

"de pointe"... Comment peut-on s'accoutumer à un tel conditionnement ? La nuit, dans le lit si<br />

gentiment mis à ma disposition par Claire et Claude, il suffit que je ne m'endorme pas d'un trait<br />

pour que ces scènes évoquées viennent me tenir compagnie sans que je les y aie invitées, quand<br />

je n'en fais pas tout bonnement de sinistres cauchemars qui m'escortent parfois jusqu'au petit<br />

matin. Dieu ! que la misère est perfide ! Elle se niche bien, comme a pu nous l'expliquer<br />

Rasmunssen, dans le corps de notre quotidien. Je l'avais située, cernée dirais-je, sur un plan<br />

social et étais tout disposé à la combattre, l'art demeurant, à cet effet, la meilleure arme quand<br />

il se veut vecteur d'un courant culturel. Mais la bougresse, à l'instar de l'iceberg de<br />

Rasmunssen, avait édifié son socle beaucoup plus profondément sur le plan l'humain, avec<br />

tout ce que cela peut comporter d'atavisme et de réminiscences ! Après avoir réalisé à ce<br />

propos toutes sortes d'imperfections lors des diverses entrevues avec l'Organisation<br />

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