Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — En moins de cinq minutes, nous nous habillons et dévalons l'escalier. Madame Papadacci n'a pas accompli le moindre geste pour se vêtir : "on" lui a passé ses collants, sa robe et enfilé ses chaussures ! Nous nous engouffrons à six dans le véhicule de Yoann : notre conducteur, Jean-Claude, sa mère, Lucette, André, qui a cru bon de prendre sa guitare, et moi qui sens ma tête se mettre à bouillonner et mes mains devenir glacées. Nous prenons la direction de la plage, n'osant déranger personne de nos amis susceptibles de nous accueillir à une heure aussi avancée de la nuit. Tandis que nous sommes arrivés au bord de mer, j'ai l'impression de m'extirper de moi-même et, comme cela s'était déjà produit, je perds toute souvenance de mon comportement. C'est donc, une fois de plus, grâce au témoignage de mes amis que va vous être relaté ce qui survint alors. Yoann Chris s'est garé, et nous sommes descendus de la voiture pour nous asseoir sur la plage où André, pour exorciser la peur de chacun, s'est mis à jouer de la guitare. Pendant que les étoiles et la lune se reflètent en dansant sur les flots, une barque apparaît au loin et se rapproche du rivage pour s'immobiliser à une centaine de mètres d'où nous nous trouvons. Là, elle se place parallèlement à la plage et entreprend une sorte de ballet nautique, filant droit devant elle, pour revenir en marche arrière, très vite et sans bruit, sa coque glissant sur un tapis de flammèches. C'est alors que, m’exprimant dans un langage inconnu, je me lève et me dirige vers l'esquif qui vient d'entreprendre une nouvelle manœuvre et s'apprête à regagner le large. Yoann m'a emboîté le pas, se préparant à éventuellement me porter assistance car il craint que dans mon état semi-hypnotique je ne coure quelque danger. Mais rien ne se passe, sinon un échange amical de signes de la main avec les personnages occupant la barque, dont j'oserais attribuer aujourd'hui l'appartenance à l'Organisation Magnifique, de par les déductions qu'il m'a été donné de faire et que je vous soumettrai quand sera venue l'heure d'établir les conclusions de cette histoire. Au moins deux heures s’égrèneront avant que nous réintégrions notre havre de la rue Taddeï et que je recouvre enfin mes sens. Tout comme pour mes amis et mon épouse, un climat étrange règne à l'intérieur de l'appartement : Tanit a l'air quelque peu engourdie, et il semble qu’un brouillard flotte autour de nous. Cependant, la tension que nous avons subie, à des degrés divers, nous engage à remettre au lendemain nos commentaires sur ce que nous - 252 -

— L'Initiation — venons de vivre, d'autant plus qu'aucune "voix" ne daigne se manifester pour nous dire ce qui s'est déroulé durant notre éloignement. C'est seulement le surlendemain que nous pourrons obtenir quelques renseignements sur cette nuit mouvementée, encore que fort peu de détails nous seront donnés. Nous apprendrons simplement que ne se jouait là aucune question de suprématie, qu'il s'agissait avant tout de rétablir un équilibre compromis par l’œuvre d'interférences au niveau des échanges entre différentes espèces. L'ensemble de ces événements se voulait en grande partie imputable à ce fameux "ambiant", un mot adopté peu à peu par notre vocabulaire. A ce jour, bien d'autres éléments, inhérents à l'Initiation dont nous avons bénéficié, nous ont autorisé à interpréter d'une façon assez cohérente, car plus complète, ce qui était survenu par cette nuit de novembre. Ce n'est pas dans le but d'entretenir un quelconque suspense que je remets à plus tard mes précisions sur le sujet : considérons que faire fi de la chronologie des faits, en la circonstance, ne rendrait pas plus explicite la chose. Sans brûler les étapes, disons simplement que, pour l'heure, Karzenstein, poursuivant le but qu'elle s'était assigné à mon égard, vient de commencer à mettre en place les données essentielles permettant à Rasmunssen, Jigor et consorts de m'apporter ce à quoi j'étais, bien malgré moi, voué. C'est avec une joie non dissimulée que, le lendemain, Paul Miguel s'en vient nous apprendre que la C.P.L.O.S.S. a enfin reçu le feu vert de l'O.P.A.C. pour que nous effectuions, conformément aux dernières supputations, notre entrée le 1 er décembre dans notre nouveau logement. Hormis l'agitation due à tous les préparatifs de notre emménagement, le calme a repris ses droits dans tout ce qui constitue notre environnement. La famille de Lucette, sans doute rassérénée de voir une forme de normalité poindre dans notre quotidien, semble avoir mis un bémol aux mesures de mise en quarantaine prises à notre encontre, imitée en cela par mes parents qui, de toute évidence, se réjouissent de nous voir enfin commencer notre vie (pour reprendre leurs propres mots). Ainsi, sept bons mois après notre mariage, Lucette et moi, libérés d'une certaine tension, eûmes la sensation réelle, bien qu'imagée, d'achever une traversée du désert. Nous prîmes cependant difficilement nos marques dans l'appartement des Chartreux qui demeura encore un temps, pour nos esprits meurtris, plus un mirage qu'une oasis. - 253 -

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En moins de cinq minutes, nous nous habillons et dévalons l'escalier. Madame<br />

Papadacci n'a pas accompli le moindre geste pour se vêtir : "on" lui a passé ses collants, sa<br />

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conducteur, Jean-Claude, sa mère, Lucette, André, qui a cru bon de prendre sa guitare, et moi<br />

qui sens ma tête se mettre à bouillonner et mes mains devenir glacées. Nous prenons la<br />

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l'impression de m'extirper de moi-même et, comme cela s'était déjà produit, je perds toute<br />

souvenance de mon comportement. C'est donc, une fois de plus, grâce au témoignage de mes<br />

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descendus de la voiture pour nous asseoir sur la plage où André, pour exorciser la peur de<br />

chacun, s'est mis à jouer de la guitare. Pendant que les étoiles et la lune se reflètent en dansant<br />

sur les flots, une barque apparaît au loin et se rapproche du rivage pour s'immobiliser à une<br />

centaine de mètres d'où nous nous trouvons.<br />

Là, elle se place parallèlement à la plage et entreprend une sorte de ballet nautique,<br />

filant droit devant elle, pour revenir en marche arrière, très vite et sans bruit, sa coque<br />

glissant sur un tapis de flammèches. C'est alors que, m’exprimant dans un langage inconnu,<br />

je me lève et me dirige vers l'esquif qui vient d'entreprendre une nouvelle manœuvre et<br />

s'apprête à regagner le large. Yoann m'a emboîté le pas, se préparant à éventuellement me<br />

porter assistance car il craint que dans mon état semi-hypnotique je ne coure quelque danger.<br />

Mais rien ne se passe, sinon un échange amical de signes de la main avec les personnages<br />

occupant la barque, dont j'oserais attribuer aujourd'hui l'appartenance à l'Organisation<br />

Magnifique, de par les déductions qu'il m'a été donné de faire et que je vous soumettrai quand<br />

sera venue l'heure d'établir les conclusions de cette histoire.<br />

Au moins deux heures s’égrèneront avant que nous réintégrions notre havre de la rue<br />

Taddeï et que je recouvre enfin mes sens. Tout comme pour mes amis et mon épouse, un<br />

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