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Tome 1 - "L'Initiation"

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— L'Initiation —<br />

rentrer chez moi et que je vais avoir cent fois le temps de me faire agresser. Il me dit alors :<br />

- Je t'accompagne : à deux, s'il nous arrive quelque chose, il s'en trouvera bien un<br />

pour aller chercher du secours, et puis tu ne connais pas bien encore la ville… Je vais te<br />

faire passer par des rues que tu n'empruntes pas d'habitude, peut-être parviendrons-nous<br />

ainsi à "les" perdre…<br />

Et nous partons comme il l'a dit, nous courons sur à peu près deux ou trois cents<br />

mètres, puis il bifurque à gauche, puis à droite, je le suis évidemment, bien que nous<br />

rallongions singulièrement le parcours que j'accomplis d'habitude. Mais comme nous alternons<br />

la marche et la course, nous arrivons assez rapidement au boulevard Notre-Dame. Nous<br />

sommes à environ cent mètres de chez moi quand une pierre vient frapper violemment la porte<br />

métallique d'un magasin. Nous n'avons pas le temps de commenter le fait : un trolley descend à<br />

toute allure, Jacques lui fait signe et, bien qu'ayant dépassé l'arrêt, le chauffeur lui ouvre la<br />

porte… Jacques s'engouffre dans le véhicule en marche sans demander son reste. Je ne<br />

m'attarde pas, je cours les derniers mètres qu'il me reste et sors les clefs de mon sac, la tête<br />

rentrée dans les épaules, j'actionne la poignée de la lourde porte d'entrée et c'est avec<br />

soulagement que je me retrouve dans le hall d'entrée de l'immeuble. Je crois bien que je n'ai<br />

jamais été aussi heureux d'en franchir le seuil.<br />

Je monte deux par deux les marches d'escalier, j'entre dans l'appartement et m'y<br />

enferme à double tour. Les volets sont ouverts, ils le resteront. Je ne me sens pas vraiment en<br />

sécurité. Je dors par intervalles, je pense à Jacques : est-il rentré chez lui ? Je me dis que<br />

j'aurais dû lui proposer de dormir ici, il me tarde que le jour se lève, la nuit me semble à la fois<br />

longue et courte. Enfin, le petit matin se glisse dans ma chambre...<br />

C'est l'ombre de moi-même qui arrive au bureau ce matin-là.<br />

Tout juste puis-je exprimer ma joie en voyant Jacques fidèle au poste, il ne lui est donc<br />

rien arrivé, il me le confirme en me disant qu'après m'avoir pris congé de moi, il ne s'est<br />

absolument plus rien passé. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de taire à nos collègues<br />

de bureau l'incroyable soirée de la veille. Nos camarades du service nous croient, les autres ont<br />

des réactions diverses, mais les moqueries ne sont plus de mise, nos visages défaits en sont<br />

sans doute la cause. La journée s'écoule lentement, trop lentement, mais rien d'anormal ne se<br />

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