Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — En attendant, la journée avait été courte et nous partîmes, comme nous l'avions convenu, afin d’arriver sur le coup de dix-neuf heures, au stade Delort. Robert Augustin, devant faire quelques achats en compagnie de son épouse, nous proposa de nous rejoindre plus tard, à la fin de la séance d'entraînement. Bien que tendus, car en proie à une anxiété qui nous gagnait de plus en plus, nous courûmes mais sans vraiment être dans ce que nous faisions. C'est avec joie que vers vingt heures trente, nous vîmes Robert venir à notre rencontre. Il est réconfortant, il convient de le dire, de constater dans certaines circonstances que le mot amitié possède un sens. Et tant pis si force est de constater que c'est souvent sous le couvert de quelque événement plus ou moins tragique que s'exprime la solidarité humaine. Je puis dire sans crainte de me tromper que la chose existe, l'histoire que je suis en train de vous conter en regorge d'exemples, nous aurons l'occasion d'y revenir. Mais pour l'instant, il n'est pas encore vingt et une heures en cette douce soirée du mois d'août 1967 et rien n'est encore arrivé, rien de ce que nous avions envisagé. L'Organisation Magnifique a-t-elle renoncé à ses projets ? Nous sommes engagés sur les allées du Prado, à hauteur de l'hôpital Saint-Joseph, c'est-à-dire que nous marchons depuis dix bonnes minutes, attentifs à tout ce qui nous entoure : ainsi prenons-nous même le soin de relever des numéros de plaques minéralogiques de voitures qui roulent un peu trop au ralenti à notre goût, nous dévisageons sans complaisance des passants dont le comportement nous paraît bizarre, mais tout cela s'avère vite inutile car c'est d'un toit que tombe avec fracas une brique dont les éclats s'éparpillent à nos pieds, sans toutefois nous toucher. Nous nous organisons sans tarder, Norbert met l'antivol à son Solex autour duquel nous disposons nos sacs. Nous étant concertés, nous nous répartissons en deux groupes afin de compliquer la "tâche" de nos assaillants. Norbert et Robert prennent le trottoir de droite, Jacques et moi continuons sur celui de gauche. Soudain une grosse pierre me touche à la jambe, va frapper Jacques, puis poursuit sa route, percutant au passage des voitures en stationnement. Nous la récupérons plusieurs dizaines de mètres plus loin : c'est tout bonnement ahurissant ! Jacques la ramasse, elle est tiède. En face, Norbert et Robert ont également essuyé le feu de nos tireurs invisibles. Nous nous rejoignons et convenons rapidement que la chose est pour le moins - 22 -

— L'Initiation — insolite car s'il est vrai que nous sommes atteints par des projectiles, il n'en est pas moins vrai que ces projectiles, malgré leur taille et leur poids imposants, ne nous font pas mal. Certes, nous les sentons lorsqu'ils nous percutent, mais par rapport à la force et à la vitesse avec lesquelles ils arrivent, ces petits rochers n'occasionnent pas les dégâts que l'on serait en droit d'attendre qu'ils causent. D'ailleurs, nous constatons que les voitures en stationnement qui ont été touchées ne portent pas la moindre trace d'impact alors que le bruit entendu lors de la percussion était de nature à nous laisser envisager le pire en la matière. Jacques relève avec stupéfaction que la pierre qu'il avait ramassée après sa chute était presque chaude. Et puis, si le premier jet semblait provenir d'un toit, les autres donnaient l'impression de partir du sol, comme s'ils étaient téléguidés. Tout cela n'est pas de nature à nous rassurer, bien que nous marquions plusieurs haltes afin de persister dans nos investigations. Alors que nous reprenons le sens initial de notre marche, je perçois un bruit et projette instinctivement Jacques en arrière, le tirant par la manche : une flèche vient de partir de l'entrée d'un garage. Il s'agit là d'un parking couvert situé sous un grand immeuble ; Norbert et Jacques se précipitent à l'intérieur, Robert se poste à l'entrée et, pour ma part, je fais le tour de l'immeuble en courant pour m'assurer qu'il n'existe pas une autre sortie. Il fait nuit, nous n'avons que l'éclairage de la ville et, dans le garage, c'est l'obscurité la plus totale car nos deux amis n'ont pas trouvé l'interrupteur qui leur permettrait d'allumer les néons qui, d'ailleurs, explosent sous les projectiles qui arrivent de plus belle ! Nous nous regroupons au-dehors, nous commençons à paniquer, le bouchon du réservoir du Solex de Norbert nous parvient l'on ne sait d'où. Notre camarade le récupère : il est tiède ! La lutte, si lutte il y a, est par trop inégale ; au sentiment de frustration succède peu à peu un sentiment d'inquiétude et Jacques, pour la première fois, emploie le mot "surnaturel" pour évoquer la situation. La soirée n'est pas finie : arrivés aux abords de la place Castellane, nous sommes encore atteints par des pierres, sous les yeux de nombreux témoins qui, pas davantage que nous, ne sont capables d'en situer l'origine. Ainsi nous engageons la conversation avec un monsieur distingué d'une soixantaine d'années, lequel promène son chien. Ce monsieur, auquel nous nous confions car il vient d'assister à l'arrivée d'une bouteille, nous conseille de porter plainte à la police. C'est l'heure de nous séparer ; une fois encore, nous avons subi et surtout - 23 -

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En attendant, la journée avait été courte et nous partîmes, comme nous l'avions<br />

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devant faire quelques achats en compagnie de son épouse, nous proposa de nous rejoindre plus<br />

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Bien que tendus, car en proie à une anxiété qui nous gagnait de plus en plus, nous<br />

courûmes mais sans vraiment être dans ce que nous faisions. C'est avec joie que vers vingt<br />

heures trente, nous vîmes Robert venir à notre rencontre. Il est réconfortant, il convient de le<br />

dire, de constater dans certaines circonstances que le mot amitié possède un sens. Et tant pis si<br />

force est de constater que c'est souvent sous le couvert de quelque événement plus ou moins<br />

tragique que s'exprime la solidarité humaine. Je puis dire sans crainte de me tromper que la<br />

chose existe, l'histoire que je suis en train de vous conter en regorge d'exemples, nous aurons<br />

l'occasion d'y revenir.<br />

Mais pour l'instant, il n'est pas encore vingt et une heures en cette douce soirée du mois<br />

d'août 1967 et rien n'est encore arrivé, rien de ce que nous avions envisagé. L'Organisation<br />

Magnifique a-t-elle renoncé à ses projets ? Nous sommes engagés sur les allées du Prado, à<br />

hauteur de l'hôpital Saint-Joseph, c'est-à-dire que nous marchons depuis dix bonnes minutes,<br />

attentifs à tout ce qui nous entoure : ainsi prenons-nous même le soin de relever des numéros<br />

de plaques minéralogiques de voitures qui roulent un peu trop au ralenti à notre goût, nous<br />

dévisageons sans complaisance des passants dont le comportement nous paraît bizarre, mais<br />

tout cela s'avère vite inutile car c'est d'un toit que tombe avec fracas une brique dont les éclats<br />

s'éparpillent à nos pieds, sans toutefois nous toucher. Nous nous organisons sans tarder,<br />

Norbert met l'antivol à son Solex autour duquel nous disposons nos sacs.<br />

Nous étant concertés, nous nous répartissons en deux groupes afin de compliquer la<br />

"tâche" de nos assaillants. Norbert et Robert prennent le trottoir de droite, Jacques et moi<br />

continuons sur celui de gauche. Soudain une grosse pierre me touche à la jambe, va frapper<br />

Jacques, puis poursuit sa route, percutant au passage des voitures en stationnement. Nous la<br />

récupérons plusieurs dizaines de mètres plus loin : c'est tout bonnement ahurissant ! Jacques la<br />

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