Tome 1 - "L'Initiation"

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parle d'un "avènement". — Les Visiteurs de l'Espace-Temps — Et dire qu'à dater de ce moment, il me faudra quinze années, pas une de moins, pour découvrir enfin pourquoi tu n'auras pas eu, toi, Mikaël, le droit de partager avec tous ceux qui m'entourent "ce" que tu avais su si éminemment déceler, et que l'humilité, en son habit de pudeur, m'interdit d'évoquer ici, sinon entre les lignes !… Quoi qu'il en soit, et tant pis si je blasphème, "rien" ni "personne" ne saura m'empêcher de dire, d'écrire qu'il s'agit là de l'un des plus grands regrets de ma vie... Ce que vient de dire implicitement Karzenstein clôt cet entretien, et André comme Paul prennent congé de nous ; ni l'un ni l'autre ne savent, en cet instant, qu'ils ne feront pas partie, à des titres divers, de ce que certains vont recevoir à nos côtés et qu'il convient d'appeler une Initiation. A une allure vertigineuse, nous allons mener alors une existence exaltante : atterrés par moments, transcendés quelquefois, nous ne connaîtrons pratiquement jamais de répit, et il nous faudra rayer de notre vocabulaire le mot train-train. Les pages qui vont suivre m'octroient le droit d'imputer à l'assimilation totale de ce style de vie une bonne part du délai que j'ai dû observer avant de commencer à rédiger ce livre. De cette densité événementielle, plus extraordinaire que jamais, je vais donc m'efforcer d'extraire l'essentiel, entre situations burlesques et moments pathétiques. Bien qu'il soit acquis que les interventions, à travers les phénomènes d'ordre physique, interférèrent alors entre elles, et ce, je suis en droit de l'avancer, avec une certaine connivence entre nos invisibles Interlocuteurs et l'Organisation Magnifique, je serais bien en peine aujourd'hui de vous définir "qui", exactement, fit "quoi" dans le déroulement de ce qu'il advint en cette période ; en voici de toute façon le récit. Conformément à ce qui avait été prévu, le magasin où nous avions acheté la cuisinière électrique et la machine à laver vient de nous déléguer un technicien pour le branchement de cette dernière. L'homme doit avoir une quarantaine d'années. Il s'emploie à établir l'arrivée d'eau depuis le dessous de l'évier jusqu’au lave-linge, placé sous une enfilade de meubles muraux dans lesquels nous entreposons la vaisselle. Tout se passe normalement, si l'on excepte les échanges verbaux auxquels nous nous livrons depuis le début de l'après-midi avec Frida, - 210 -

— L'Initiation — Verove et Zilder. L'ouvrier qui s'affaire auprès de notre appareil ménager ne peut manquer d'entendre les voix qui nous parlent et de constater qu’elles évoluent dans l'espace, sans que l'on puisse en situer le support ! Il a déjà été étonné de voir se poser sur un tabouret, tel un tapis volant surgi d'un conte des Mille et Une Nuits, le petit drap mortuaire que nous a rapporté monsieur Auzié. Par souci de convivialité, nous avons offert à boire à notre plombier de service, manifestement peu à l'aise dans ce contexte assez particulier où nous essayons, cependant, de conserver une attitude des plus détachées par rapport au dialogue qui se poursuit avec nos "étranges Visiteurs". L'homme a terminé son travail et il me fait signer un papier qui atteste la mise en service qu'il vient d'effectuer, me demandant simultanément de m'acquitter du prix de cette installation. Je lui expose alors l'argument selon lequel il nous avait été signifié que l'installation était gratuite, mention explicitement imprimée au bas de la facture qui nous avait été remise lors de l'achat. Il apparaît rapidement que nous sommes en total désaccord sur ce point : le ton monte et le technicien nous met en demeure de payer, faute de quoi il se verra contraint, sur-le- champ, de tout remettre en l'état qui a précédé son intervention. Ce que je l'engage à faire, puisque nous estimons, à juste titre, être victimes soit d'un plombier indélicat, soit d'avoir été abusés par le directeur du magasin chez lequel je m'apprête à me rendre avec lui, sitôt le démontage de son installation accompli. Alors que je suis en train de me vêtir et que l'ouvrier va procéder au débranchement de notre lave-linge, Verove et ses acolytes se mettent à houspiller le pauvre homme qui, à cette heure, se demande bien ce qu'il est venu faire dans cette galère ! Le malheureux technicien n'aura pas la possibilité de défaire son ouvrage : alors qu'il s'est accroupi, sa trousse à outils à ses côtés, il se voit soulevé du sol et s'en va marteler du sommet de son crâne la file de meubles de rangement précédemment évoquée. A plusieurs reprises, il tombe à genoux sur le carrelage de la cuisine. Aux coups violents assénés contre sa base, la rangée de placards muraux manque de se décrocher du mur sur lequel elle est fixée. A l'intérieur du meuble, on devine, au bruit perçu, que la vaisselle est en train de s'éparpiller ; toutefois, aucune des portes de l'enfilade ne s'ouvre, évitant ainsi que plats, assiettes, verres et autres ustensiles se répandent sur le sol, à l'instar du plombier, lequel est complètement étendu - 211 -

parle d'un "avènement".<br />

— Les Visiteurs de l'Espace-Temps —<br />

Et dire qu'à dater de ce moment, il me faudra quinze années, pas une de moins, pour<br />

découvrir enfin pourquoi tu n'auras pas eu, toi, Mikaël, le droit de partager avec tous ceux qui<br />

m'entourent "ce" que tu avais su si éminemment déceler, et que l'humilité, en son habit de<br />

pudeur, m'interdit d'évoquer ici, sinon entre les lignes !… Quoi qu'il en soit, et tant pis si je<br />

blasphème, "rien" ni "personne" ne saura m'empêcher de dire, d'écrire qu'il s'agit là de l'un des<br />

plus grands regrets de ma vie...<br />

Ce que vient de dire implicitement Karzenstein clôt cet entretien, et André comme Paul<br />

prennent congé de nous ; ni l'un ni l'autre ne savent, en cet instant, qu'ils ne feront pas partie, à<br />

des titres divers, de ce que certains vont recevoir à nos côtés et qu'il convient d'appeler une<br />

Initiation.<br />

A une allure vertigineuse, nous allons mener alors une existence exaltante : atterrés par<br />

moments, transcendés quelquefois, nous ne connaîtrons pratiquement jamais de répit, et il nous<br />

faudra rayer de notre vocabulaire le mot train-train. Les pages qui vont suivre m'octroient le<br />

droit d'imputer à l'assimilation totale de ce style de vie une bonne part du délai que j'ai dû<br />

observer avant de commencer à rédiger ce livre. De cette densité événementielle, plus<br />

extraordinaire que jamais, je vais donc m'efforcer d'extraire l'essentiel, entre situations<br />

burlesques et moments pathétiques.<br />

Bien qu'il soit acquis que les interventions, à travers les phénomènes d'ordre physique,<br />

interférèrent alors entre elles, et ce, je suis en droit de l'avancer, avec une certaine connivence<br />

entre nos invisibles Interlocuteurs et l'Organisation Magnifique, je serais bien en peine<br />

aujourd'hui de vous définir "qui", exactement, fit "quoi" dans le déroulement de ce qu'il advint<br />

en cette période ; en voici de toute façon le récit.<br />

Conformément à ce qui avait été prévu, le magasin où nous avions acheté la cuisinière<br />

électrique et la machine à laver vient de nous déléguer un technicien pour le branchement de<br />

cette dernière. L'homme doit avoir une quarantaine d'années. Il s'emploie à établir l'arrivée<br />

d'eau depuis le dessous de l'évier jusqu’au lave-linge, placé sous une enfilade de meubles<br />

muraux dans lesquels nous entreposons la vaisselle. Tout se passe normalement, si l'on excepte<br />

les échanges verbaux auxquels nous nous livrons depuis le début de l'après-midi avec Frida,<br />

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