Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — évoluions. Il a profité de sa visite pour nous apporter des amandes de la campagne et aussi pour nous rendre certains disques que nous lui avions prêtés. Patrick nous apprend ainsi que les bruits qui courent sur nous sont loin d'être élogieux : ils font notamment état de manipulation de ma part à l'égard de Lucette ! Il est dit que je détruis mobilier et bibelots pour répondre à des rites pratiqués dans des sociétés occultes (sans doute est-il fait référence là au bris de la statue du "Méditerranée" et surtout à ce qui s'est déroulé à la rue Raoul Busquet). Quoi qu'il en soit, il est prodigieux que des gens ne sachant pratiquement rien de la vie de quelqu'un s'autorisent, sans autre forme de procès, à porter un jugement des plus sordides sur la vie de ce quelqu'un. Il y a de quoi se réjouir de n'être plus au Moyen Age : le colportage de telles insanités est de ceux qui conduisirent, à n'en pas douter un seul instant, nombre d'innocents au bûcher... Dans l'après-midi, nous avons le plaisir de recevoir André Dellova, lequel corroborera ma vision - que vous aurez peut-être jugée un tantinet trop caricaturale - des choses en m'apprenant qu'il a reçu, de la part de son syndic, une lettre le mettant en garde une fois pour toutes contre les "assemblées mystérieuses" et bruyantes qui se tiendraient chez lui ! En outre, ce courrier met particulièrement en exergue le fait que de nouvelles plaintes du même ordre, qui proviendraient de la part des locataires constituant son voisinage, l'exposeraient à une mise en demeure de quitter les lieux dans un délai fixé par la loi. Autrement dit, le pauvre André se verrait tout bonnement expulsé si d'aventure, pour une raison ou pour une autre, des manifestations intempestives étaient perçues - et surtout divulguées - par son entourage. Il est désormais hors de question que nous puissions tenir nos séances informatives et "expérimentales" à Saint-Gabriel. Nous en aviserons Jimmy Guieu à son retour. Je ne terminerai pas le récit de cette journée sans mentionner le fait suivant : alors que nous raccompagnons André des yeux et d'un au revoir gestuel de derrière notre fenêtre, nous constatons que le curieux personnage qui avait suivi Lucette, le matin, rôde toujours dans les parages. Il est même en conversation avec un autre inconnu, et tous deux ne manquent pas de suivre visuellement le départ de notre ami. Samedi 14 juillet : jour J-1… Nous devons passer au "Méditerranée" pour arroser les plantes chez mes beaux- - 200 -

— L'Initiation — parents. A cette fin, nous attendons André qui doit nous rejoindre en milieu de matinée. Alors que nous nous préparons, les pantoufles ainsi que toutes les paires de chaussures de Lucette s'envolent en formation serrée, telle l'escadrille de la Patrouille de France, puis elles se dématérialisent au contact de la baie vitrée de la salle à manger ! Il convient de savoir que Lucette a toujours eu des problèmes pour se chausser et qu'elle est une cliente assidue des pédicures et autres podologues : ce handicap certain lui a, jusqu'à présent, interdit les trop longs parcours pédestres, et je n'avais d'ailleurs pas manqué d'être surpris, au début de notre rencontre, de la voir souvent utiliser de manière abusive le taxi pour des déplacements qui ne justifiaient pas un autre moyen que celui de la marche à pied. Pour clore cette anecdote, je vous dirai que toutes les chaussures de Lucette mirent un mois pour revenir et qu’elle ne connut plus jamais le moindre problème d'ordre physiologique sur cette partie de sa personne. Elle réalisa, de surcroît, d'authentiques exploits au cours de la décennie qui suivit, à l’occasion de compétitions de course à pied dites de grand fond, lesquelles se déroulèrent sur vingt-quatre et même quarante-huit heures. Mais la chronologie de cette histoire nous autorisera à y revenir en temps choisi. Pour l'heure, en ce jour de fête nationale, André Dellova nous a rejoints et nous a avertis que le rôdeur de la veille se trouvait en faction au coin de la rue. Nous partons donc pour le "Méditerranée", non sans avoir pris soin, par acquis de conscience, de fermer notre porte à double tour, n'ignorant pas la portée tout à fait limitée de cette précaution. Chemin faisant, nous constatons tour à tour que nous effectuons des gestes totalement indépendants de notre volonté. Lucette, en plus du fait qu'elle marche pieds nus, adopte de temps à autre un pas bondissant qui la propulse quelques dix mètres en avant ! André, lui, évolue sur le toit des voitures en stationnement, comme si de rien n'était. Quant à moi, je perds à plusieurs reprises ma chemise, et je ne dois de la récupérer qu'à des passants prévenants qui sont à peine surpris de mon "étourderie"... Nous arrivons ainsi au 60 avenue de Toulon, au "Méditerranée", pour constater que notre "espion" de service se trouve quelque cinquante mètres derrière nous. André me paraît étrange et il semble beaucoup moins bien supporter le conditionnement incontestable que nous subissons. Je ne suis qu'à moitié surpris de le voir carrément briser une baie vitrée à l'aide - 201 -

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évoluions. Il a profité de sa visite pour nous apporter des amandes de la campagne et aussi<br />

pour nous rendre certains disques que nous lui avions prêtés. Patrick nous apprend ainsi que<br />

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répondre à des rites pratiqués dans des sociétés occultes (sans doute est-il fait référence là au<br />

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Quoi qu'il en soit, il est prodigieux que des gens ne sachant pratiquement rien de la vie de<br />

quelqu'un s'autorisent, sans autre forme de procès, à porter un jugement des plus sordides sur<br />

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Dans l'après-midi, nous avons le plaisir de recevoir André Dellova, lequel corroborera<br />

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ce courrier met particulièrement en exergue le fait que de nouvelles plaintes du même ordre,<br />

qui proviendraient de la part des locataires constituant son voisinage, l'exposeraient à une mise<br />

en demeure de quitter les lieux dans un délai fixé par la loi. Autrement dit, le pauvre André se<br />

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désormais hors de question que nous puissions tenir nos séances informatives et<br />

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Je ne terminerai pas le récit de cette journée sans mentionner le fait suivant : alors que<br />

nous raccompagnons André des yeux et d'un au revoir gestuel de derrière notre fenêtre, nous<br />

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