Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — sans atterrir, ce sont avant tout des billes d'acier. Dakis prend alors dans son cartable un livre de prières et m'invite à les réciter avec lui sur un banc public. Nous sommes à peine assis que le banc se met à se mouvoir sous nos postérieurs, comme s'il était en caoutchouc. Inutile de préciser que nous délaissons bien vite ce siège récalcitrant pour continuer nos invocations debout. Mal nous en prend car des coups viennent nous assaillir : de cinglantes gifles s'abattent sur nos nuques, alors que nous protégeons nos têtes dans nos bras, plus par réflexe que pour parer quoi que ce soit. Les badauds nous regardent, hébétés : gesticulant et courant de tous côtés, nous jurons à chaque horion reçu, bien que tout à fait conscients de notre impuissance à endiguer cette vague de violence subite. Alors qu’une accalmie vient de survenir, Lucette, à juste titre, considère que nous ne devrions pas encore réintégrer notre appartement. Les Chevallier, qui viennent de se retrouver, proposent à André Dellova de le raccompagner chez lui, à Saint-Gabriel. Il s’agit là d’une sage décision à laquelle notre ami André se rallie, après force palabres durant lesquelles nous le convainquîmes de renoncer à s'inquiéter de notre sort. Sort que nous avons décidé de remettre entre les mains de Jimmy Guieu que nous nous apprêtons à rejoindre, chez lui, à Sainte-Anne. Yoann Chris dispose d'une Volkswagen qui est la copie conforme de celle que Walt Disney a porté au cinéma, sous le nom de "Coccinelle". La comparaison ne s'arrête pas au modèle du véhicule, loin s'en faut : la réalité dépasse la fiction au moment où, peu après nous être installés dans la voiture, cette dernière emprunte les trajectoires les plus imprévisibles. Yoann Chris n'a de conducteur que le nom, il tient le volant tandis qu'avec Dakis et Lucette, nous nous agrippons où nous pouvons : tableau de bord, portière, siège, en criant comme on le ferait sur le grand 8 de quelque fête foraine. Le trajet s'accomplit sans dommage, bien que nous ayons zigzagué d'un trottoir à l'autre, entre les voitures garées en épi et les piétons déambulant sur ces allées du Prado où le matin se tient le marché, et où le soir nous avions tant et tant de fois servi de cibles à "ceux" qui ont, semble-t-il, singulièrement amélioré leur potentiel d'action. J'avais pressenti cette "escalade" sans que j'en pusse dire pourquoi : sans doute nous approchions- nous de ce que Mikaël Calvin avait perçu en son temps... Parvenus chez Jimmy Guieu, nous n'y trouvons que Monique qui nous invite à patienter - 184 -

— L'Initiation — en nous offrant des rafraîchissements, son écrivain de mari se trouvant dans le Vaucluse où il donne une conférence. La banquette sur laquelle nous avons pris place n'a pas l'air de nous apprécier davantage que le banc public du Prado tout à l'heure : elle nous vide carrément en décollant d'un bon mètre du sol. Quelques billes d'acier percutant les cloisons de la salle de séjour, Monique nous engage, pour le "confort" des voisins, à attendre Jimmy à l'extérieur. Elle rédige un mot à l'attention de ce dernier, et puis nous descendons donc dans la rue. Là, comme il fallait s'y attendre, nous avons droit à toute la panoplie des facéties habituelles. Cela va de la bouteille qui rebondit sur les véhicules en stationnement au rocher percutant la vitrine d'un magasin de meubles. Nous sommes tout étonnés de ne pas nous voir interpellés par les policiers qui font leur ronde, juste à ce moment, alors que nous sommes les seuls et uniques piétons à nous trouver à proximité de la vitrine, ou du moins de ce qu'il en reste. Sans doute l'effet d'invisibilité (que j'ai précédemment assimilé à celui d'une bulle qui isolerait les protagonistes de cette forme de vécu) joue-t-il pleinement son rôle dans ce cas précis où nous devrions être considérés (au moins) comme des témoins par la patrouille. Celle-ci marquera un temps d'arrêt devant les dégâts causés au magasin, avant de poursuivre son chemin. Prenant notre air le plus naturel, nous continuons à déambuler dans les rues et ruelles du quartier Sainte-Anne, lorsque, comme à Lyon, une voix lointaine me parvient, m'indiquant que Jimmy Guieu vient d'arriver. Toujours escortés par des blocs de pierre éclatant de-ci de-là et devancés par mes chaussures qui marchent à une cinquantaine de mètres de notre petit groupe, nous arrivons devant l'immeuble où nous pouvons effectivement constater que Jimmy est bien là : il est accoudé à son balcon, au premier étage, et il ne s'en faut guère pour que je le rejoigne, puisqu"ils" me font léviter à une bonne hauteur, avant de me déposer sur le toit d'une voiture en stationnement ! Ayant récupéré mes souliers, nous montons chez nos amis et leur racontons notre soirée, laquelle s'achèvera sur des lits de camp. Là, nous entendrons le bruit d’un galop de cheval, le cri terrifiant habituel, puis le sommeil nous surprendra enfin. - 185 -

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sans atterrir, ce sont avant tout des billes d'acier. Dakis prend alors dans son cartable un livre<br />

de prières et m'invite à les réciter avec lui sur un banc public. Nous sommes à peine assis que<br />

le banc se met à se mouvoir sous nos postérieurs, comme s'il était en caoutchouc. Inutile<br />

de préciser que nous délaissons bien vite ce siège récalcitrant pour continuer nos invocations<br />

debout. Mal nous en prend car des coups viennent nous assaillir : de cinglantes gifles<br />

s'abattent sur nos nuques, alors que nous protégeons nos têtes dans nos bras, plus par<br />

réflexe que pour parer quoi que ce soit. Les badauds nous regardent, hébétés : gesticulant et<br />

courant de tous côtés, nous jurons à chaque horion reçu, bien que tout à fait conscients de<br />

notre impuissance à endiguer cette vague de violence subite.<br />

Alors qu’une accalmie vient de survenir, Lucette, à juste titre, considère que nous ne<br />

devrions pas encore réintégrer notre appartement. Les Chevallier, qui viennent de se retrouver,<br />

proposent à André Dellova de le raccompagner chez lui, à Saint-Gabriel. Il s’agit là d’une sage<br />

décision à laquelle notre ami André se rallie, après force palabres durant lesquelles nous le<br />

convainquîmes de renoncer à s'inquiéter de notre sort. Sort que nous avons décidé de remettre<br />

entre les mains de Jimmy Guieu que nous nous apprêtons à rejoindre, chez lui, à Sainte-Anne.<br />

Yoann Chris dispose d'une Volkswagen qui est la copie conforme de celle que Walt Disney a<br />

porté au cinéma, sous le nom de "Coccinelle".<br />

La comparaison ne s'arrête pas au modèle du véhicule, loin s'en faut : la réalité dépasse<br />

la fiction au moment où, peu après nous être installés dans la voiture, cette dernière emprunte<br />

les trajectoires les plus imprévisibles. Yoann Chris n'a de conducteur que le nom, il tient le<br />

volant tandis qu'avec Dakis et Lucette, nous nous agrippons où nous pouvons : tableau de<br />

bord, portière, siège, en criant comme on le ferait sur le grand 8 de quelque fête foraine. Le<br />

trajet s'accomplit sans dommage, bien que nous ayons zigzagué d'un trottoir à l'autre,<br />

entre les voitures garées en épi et les piétons déambulant sur ces allées du Prado où le<br />

matin se tient le marché, et où le soir nous avions tant et tant de fois servi de cibles à<br />

"ceux" qui ont, semble-t-il, singulièrement amélioré leur potentiel d'action. J'avais<br />

pressenti cette "escalade" sans que j'en pusse dire pourquoi : sans doute nous approchions-<br />

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