25.06.2013 Views

Tome 1 - "L'Initiation"

Tome 1 - "L'Initiation"

Tome 1 - "L'Initiation"

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— L'Initiation —<br />

que quelqu'un se trouve, au même titre que moi, à présent directement impliqué dans cette<br />

affaire : Lucette.<br />

Nous prenons soin de déserter notre domicile, en général au moins jusqu’à minuit,<br />

essayant, par ce moyen, de minimiser les nuisances que notre proche voisinage de la rue Raoul<br />

Busquet subit.<br />

Pourtant, n'étant pas en arrêt de travail en permanence, nous avons besoin de sommeil,<br />

et il arrive que nous précédions les douze coups de minuit pour retrouver ce qui devrait être<br />

notre havre de paix, et qui se trouve être l'œil du cyclone. Une de ces nuits va faire aboutir la<br />

demande d'expulsion de l'immeuble dont nous avons fait l'objet. En voici un bref résumé :<br />

Lucette couchant chez notre amie Noëlle Gardonne, Paul Miguel s'est porté volontaire<br />

pour dormir - ou du moins attendre le petit jour - à mes côtés. Les trois coups ont été donnés,<br />

l'obscurité la plus totale baigne la pièce. De longues minutes s’égrènent, et nous avons le loisir<br />

d'entendre le souffle - ô combien accéléré - de notre respiration. Brusquement, la petite<br />

armoire où une partie de notre linge est entreposée (la quasi-totalité de nos vêtements se<br />

trouvant au "Méditerranée", chez monsieur et madame Auzié) se met à tressauter et à heurter<br />

le lit, en en faisant le tour. De son côté, le chauffage d'appoint a déserté son angle et roule dans<br />

tous les sens, un bruit de tôle et un grincement sinistre scandant son évolution. Un craquement<br />

que l'on apparente à celui d’un objet en bois vient dominer ce concert insolite, provoquant,<br />

semble-t-il, un souffle qui n'a rien à envier à une rafale de mistral ou de tramontane. Soudain,<br />

l'armoire monte sur le lit et répand son contenu sur Paul, tandis qu'elle me happe et me<br />

tient prisonnier quelques instants. Je m'en dégage, ou plutôt "on" m'en libère, alors que<br />

je suis en proie à un tremblement général. Paul exprime dans un sanglot le désir que tout<br />

s'arrête, mais je ne lui suis d'aucun secours malgré l'expérience qui peut être mienne car, plus<br />

que le déplacement des objets eux-mêmes, c'est la densité de la nuit, je le répète, qui est<br />

paralysante et conditionne toutes nos réactions. Ceci n'a aucune commune mesure avec la<br />

nuit passée à Villeurbanne avec Gil, où la pénombre ambiante permettait de visualiser tout ce<br />

qui se passait. Là, rien… Ainsi un bruit de verre brisé, puis un gargouillement émanant du<br />

cabinet de toilette ne révélèrent leur origine qu'au terme des hostilités, une fois que nous eûmes<br />

recouvré nos esprits.<br />

- 177 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!