Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — tandis que Lucette se demande comment vont réagir ses parents en apprenant le désastre. La statue reproduisait un couple et un petit enfant, mais surtout représentait un cadeau auquel monsieur et madame Auzié tenaient par-dessus tout. Toujours conditionné par ce complexe d'infériorité dont je ne pouvais alors me départir dès qu'il était question de faire part de ces choses à des adultes, je convainquis Lucette de faire appel à Jimmy Guieu, un homme d'âge mûr paraissant, à mon avis, plus crédible que les deux tourtereaux insouciants et étourdis qu’à leurs yeux nous étions. Chose dite, chose faite : Jimmy et Monique se font une joie de nous inviter à dîner, et nous les rejoignons. Nanti de tous les éléments nécessaires à la reconstitution des faits, Jimmy Guieu téléphone à monsieur Auzié, lui conseillant de venir parler de cet "accident" de vive voix, après le dîner à son domicile. C'est vers vingt et une heures que les parents de Lucette se retrouvent avec nous autour de la table de la salle à manger où Jimmy et, de temps à autre, son épouse Monique, vont s'évertuer à minimiser l'incident de l'après-midi. Jimmy, se présentant comme écrivain et producteur d'émissions radiophoniques, engage monsieur Auzié à dominer sa déception et sa colère en lui faisant valoir que je ne suis que bien indirectement responsable de tout ce qui m'arrive. Bien sûr, se conformant à mes souhaits, il n'aborde pas les "contacts" et, donc, l'existence de l'Organisation Magnifique : je lui ai spécifié que le père de Lucette était contrôleur divisionnaire au ministère de l'Intérieur et qu'il valait mieux, en la circonstance, éviter toute possibilité de rapport de force. Ainsi Jimmy Guieu me définit comme une sorte de catalyseur d'énergie, énergie incontrôlée me transformant alors en médium à effets physiques. Devant le catastrophisme affiché par les parents de Lucette (n'oublions pas que je suis appelé à devenir leur gendre), Jimmy ne manque pas d'ajouter qu'un jour futur me sera vraisemblablement donnée l'opportunité de me servir de ce qu'il appelle des "dons". Il me semble encore entendre la voix tonitruante du père Auzié, lequel lancera : - En attendant de se servir de son magnétisme pour soigner ou faire je ne sais quoi, il est donc appelé à tout casser chez moi ! Faisant valoir le caractère exceptionnel du contexte, Jimmy saura tout de même rasséréner mes futurs beaux-parents. Il leur assurera que je saurais tirer prochainement parti de - 172 -

— L'Initiation — la chose, excluant ce caractère destructeur qu’elle recelait alors. Il ne nous appartenait plus que de prier, afin que le proche avenir, où il me serait donné de savoir, ne s'attardât pas trop en route... En dépit de cet incident de parcours, Lucette et moi avons projeté de nous marier au printemps prochain. Il nous faut par conséquent prévoir un logement, et c'est ainsi que nous passons la commande d'un appartement que nous choisissons sur plan, qui se situera dans une rue parallèle à celle où est situé le "Méditerranée" et se verra livrable à la fin de l'année prochaine. Pour que nous puissions patienter et nous sentir chez nous, Manolo Lago, parrain de Lucette, nous prêtera fort complaisamment un petit studio qu'il possède dans ce même quartier, studio que je vais occuper seul, dès maintenant, délaissant ainsi mon 35 boulevard Notre-Dame (refuge de tant de nuits blanches !) pour le 6 rue Raoul Busquet. Au bureau, sont entrés dans mon service deux garçons qui ne vont pas tarder à venir grossir le rang des victimes des facétieux tours de passe-passe de l'O.M. : Robert Rebattu et Paul Miguel. Bien qu'ayant été dirigé sur une voie de garage, donc sans aucune perspective d'avenir, je me dois d'admettre que ma vie professionnelle n'est plus en butte aux embûches auxquelles j'ai été contraint de me heurter : la Sécurité sociale ne me pose plus de problèmes, ou plus exactement je ne lui en pose plus. Pour me montrer parfaitement honnête, je n’omettrai pas de préciser que les camarades et amis qui constituent mon entourage direct passent sous silence tout ce qui peut survenir de paranormal durant les heures de travail. Les manifestations elles-mêmes se font plus rares, apparaissant davantage sous forme de symbole lorsqu'elles surviennent. Hélas, et c'est encore vérifiable à l'heure où j'écris ces lignes, ces symboles se révèlent toujours (lorsqu'on les décèle) postérieurement aux situations qu'ils sont censés nous faire valoir. Ainsi, un soir de la semaine qui a succédé à la chute de la statue de mes futurs beaux-parents, nous avons appris, par courrier, que Gil venait soudainement de perdre son emploi. Comment ne pas y percevoir, en filigrane, l'image de la famille disloquée ? La statue, je le répète, représentait un couple et un très jeune enfant... Egalement, alors que je rentre de Toulon, en ce premier week-end d'automne, comment ne pas penser à un incendie en trouvant la porte de mon appartement de la rue Raoul Busquet léchée par de longues flammes bleues ? Flammes qui se porteront sur un disque de Joe Dassin ("Aux - 173 -

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tandis que Lucette se demande comment vont réagir ses parents en apprenant le désastre. La<br />

statue reproduisait un couple et un petit enfant, mais surtout représentait un cadeau auquel<br />

monsieur et madame Auzié tenaient par-dessus tout.<br />

Toujours conditionné par ce complexe d'infériorité dont je ne pouvais alors me départir<br />

dès qu'il était question de faire part de ces choses à des adultes, je convainquis Lucette de faire<br />

appel à Jimmy Guieu, un homme d'âge mûr paraissant, à mon avis, plus crédible que les deux<br />

tourtereaux insouciants et étourdis qu’à leurs yeux nous étions. Chose dite, chose faite : Jimmy<br />

et Monique se font une joie de nous inviter à dîner, et nous les rejoignons.<br />

Nanti de tous les éléments nécessaires à la reconstitution des faits, Jimmy Guieu<br />

téléphone à monsieur Auzié, lui conseillant de venir parler de cet "accident" de vive voix, après<br />

le dîner à son domicile. C'est vers vingt et une heures que les parents de Lucette se retrouvent<br />

avec nous autour de la table de la salle à manger où Jimmy et, de temps à autre, son épouse<br />

Monique, vont s'évertuer à minimiser l'incident de l'après-midi.<br />

Jimmy, se présentant comme écrivain et producteur d'émissions radiophoniques, engage<br />

monsieur Auzié à dominer sa déception et sa colère en lui faisant valoir que je ne suis que bien<br />

indirectement responsable de tout ce qui m'arrive. Bien sûr, se conformant à mes souhaits, il<br />

n'aborde pas les "contacts" et, donc, l'existence de l'Organisation Magnifique : je lui ai spécifié<br />

que le père de Lucette était contrôleur divisionnaire au ministère de l'Intérieur et qu'il valait<br />

mieux, en la circonstance, éviter toute possibilité de rapport de force. Ainsi Jimmy Guieu me<br />

définit comme une sorte de catalyseur d'énergie, énergie incontrôlée me transformant alors en<br />

médium à effets physiques.<br />

Devant le catastrophisme affiché par les parents de Lucette (n'oublions pas que je suis<br />

appelé à devenir leur gendre), Jimmy ne manque pas d'ajouter qu'un jour futur me sera<br />

vraisemblablement donnée l'opportunité de me servir de ce qu'il appelle des "dons".<br />

Il me semble encore entendre la voix tonitruante du père Auzié, lequel lancera :<br />

- En attendant de se servir de son magnétisme pour soigner ou faire je ne sais quoi, il<br />

est donc appelé à tout casser chez moi !<br />

Faisant valoir le caractère exceptionnel du contexte, Jimmy saura tout de même<br />

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