Tome 1 - "L'Initiation"

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25.06.2013 Views

— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — chose, tandis que Christian se délecte à lui raconter les événements ayant coloré notre journée. Nous téléphonons à Claudine et, apprenant que tout va pour le mieux à Toulon, nous décidons d'aller manger ensemble dans un petit restaurant proche du studio qui va abriter ma troisième et dernière nuit lyonnaise. Nous sommes dans la 4 L de Gil ; j'ai pris place à côté de lui, mais voilà que je me sens décollé de mon siège par une force contre laquelle je sais qu'il est inutile d'essayer de lutter. Faisant spontanément référence à l'épisode du lit à Villeurbanne, je me laisse donc porter par cette force invisible qui me dépose, sans dommage, sur la banquette arrière, auprès de Christian qui se pelotonne contre la portière ! Sans avoir la moindre idée du procédé, il y a de quoi être subjugué par le rapport mouvement/espace, l'habitacle d'une 4 L offrant une marge de manœuvre gestuelle tout à fait minime. Quand on sait que mon envol pour le moins inattendu n’a provoqué aucun contact physique ni avec mes amis, ni avec les éléments du véhicule, alors que nous roulions à bonne allure, il est légitime de se montrer admiratif vis-à-vis de l'Organisation Magnifique. L'opération "lévitation" se réitérera au beau milieu du restaurant où, sous les yeux de plusieurs consommateurs ébahis, j'emporterai dans mon ascension la table à laquelle nous nous étions installés ! En cette occasion, le retour au sol se fera de manière moins qualitative : il y aura de la vaisselle brisée. Il est aux environs de minuit ; j'ai à peine le temps de me mettre au lit qu'une vitre de la chambre éclate, et deux lampes de poche dirigent leur faisceau de lumière vers moi. Les deux hommes qui les tiennent m'invitent à me rhabiller et à les suivre. Dans la rue, un véhicule nous attend : c'est la S.M. Maserati de Marseille, et deux autres hommes l'occupent. Un claquement de portière, que je qualifierai de feutré, est le seul bruit qu'auront peut-être perçu les voisins car notre démarrage, quoique rapide, s'effectue dans un silence de cathédrale. En un laps de temps complètement incompatible avec la distance parcourue, nous nous trouvons transportés rue Maryse Bastié. Je reconnais l'endroit, mais nous n'allons pas jusqu'au 10. Un portail s'ouvre du côté opposé : je pense qu'il s'agit du numéro 1, à moins qu'il ne s'agisse du 3, peu importe. A l'intérieur de la villa règne une grande animation. Je ne peux dénombrer la quantité de personnes qui vont, viennent et se croisent, chacun ou chacune semblant vaquer à des occupations précises. La pièce vers laquelle on est en train de me diriger se trouve en - 162 -

— L'Initiation — étage, au second pour être précis. C'est une salle immense qui doit couvrir la superficie de la maison. De petits pans de mur émergeant de droite et de gauche peuvent laisser penser que l'on a abattu des cloisons pour transformer plusieurs pièces en une seule. Contre l'un des murs maîtres est fixée une immense console regorgeant de boutons et de manettes, que je crois être une table de mixage, comme j'ai pu en voir à la Maison de la radio. Où que l'on se tourne, il y a des cartes murales : planisphères, plans de villes. Des ampoules multicolores éclairent concomitamment l'ensemble. En fond sonore, se fait entendre "la Symphonie du Nouveau Monde" d'Anton Dvořák. Des tables ont été disposées en carré au centre de la pièce et nous nous y asseyons. Je nous compte douze. Devant chacun de nous se trouve une carafe transparente et un verre. Celui qui semble tenir le rôle de "maître de séance" nous invite à remplir nos verres et à le porter à nos lèvres, après l'avoir levé au ciel au nom d'un monde nouveau. La phrase est lâchée, mais elle ne me surprend pas, la musique d'ambiance étant bien là pour symboliser le projet. Je fais la grimace en goûtant mon breuvage qui est une eau pétillante. On m'indique alors que c'est de l'eau additionnée de sels lithinés. Le présumé orateur s'adresse à une sorte de petit Interphone qui doit correspondre avec les autres pièces de la maison, pour donner des directives dont je ne comprends pas le sens. Il interpelle ses complices par des noms bizarres, que je pense être des noms de code. Puis il s'adresse à l'assemblée, dont je reconnais quelques membres, mais dont je suis le seul, apparemment, à ne point arborer de badge au revers de la veste : sans doute suis-je le seul, également, à ne pas faire partie de "l'association"... Notre société, une fois encore, est mise à l'index : pollution, destruction, corruption, tout est abordé avec une grande sagacité. Et puis ce que je redoute survient : l'élaboration de "l'opération renouveau". D'autres membres de l'assemblée prennent la parole et énoncent des noms d'enfants qui sont appelés à devenir les acteurs de cette "opération renouveau". Et voilà que le "président" de ce colloque s'enquiert de ma virtuelle démarche auprès des Saulnier à propos de Vanessa. Sa question formulée, celui-ci commande un éclairage qui semble être dirigé de la grande console que j'ai assimilée à une table de mixage. La lumière provient d'une sorte d'œil rivé à un angle du plafond, qui balaie de son faisceau, non éblouissant au demeurant, des surfaces variables. Pour me donner une contenance, je trempe mes lèvres dans - 163 -

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étage, au second pour être précis. C'est une salle immense qui doit couvrir la superficie de la<br />

maison. De petits pans de mur émergeant de droite et de gauche peuvent laisser penser que l'on<br />

a abattu des cloisons pour transformer plusieurs pièces en une seule. Contre l'un des murs<br />

maîtres est fixée une immense console regorgeant de boutons et de manettes, que je crois être<br />

une table de mixage, comme j'ai pu en voir à la Maison de la radio. Où que l'on se tourne, il y a<br />

des cartes murales : planisphères, plans de villes. Des ampoules multicolores éclairent<br />

concomitamment l'ensemble. En fond sonore, se fait entendre "la Symphonie du Nouveau<br />

Monde" d'Anton Dvořák. Des tables ont été disposées en carré au centre de la pièce et nous<br />

nous y asseyons. Je nous compte douze. Devant chacun de nous se trouve une carafe<br />

transparente et un verre. Celui qui semble tenir le rôle de "maître de séance" nous invite à<br />

remplir nos verres et à le porter à nos lèvres, après l'avoir levé au ciel au nom d'un monde<br />

nouveau. La phrase est lâchée, mais elle ne me surprend pas, la musique d'ambiance étant bien<br />

là pour symboliser le projet. Je fais la grimace en goûtant mon breuvage qui est une eau<br />

pétillante. On m'indique alors que c'est de l'eau additionnée de sels lithinés.<br />

Le présumé orateur s'adresse à une sorte de petit Interphone qui doit correspondre<br />

avec les autres pièces de la maison, pour donner des directives dont je ne comprends pas le<br />

sens. Il interpelle ses complices par des noms bizarres, que je pense être des noms de code.<br />

Puis il s'adresse à l'assemblée, dont je reconnais quelques membres, mais dont je suis le seul,<br />

apparemment, à ne point arborer de badge au revers de la veste : sans doute suis-je le seul,<br />

également, à ne pas faire partie de "l'association"...<br />

Notre société, une fois encore, est mise à l'index : pollution, destruction, corruption,<br />

tout est abordé avec une grande sagacité. Et puis ce que je redoute survient : l'élaboration de<br />

"l'opération renouveau". D'autres membres de l'assemblée prennent la parole et énoncent des<br />

noms d'enfants qui sont appelés à devenir les acteurs de cette "opération renouveau". Et voilà<br />

que le "président" de ce colloque s'enquiert de ma virtuelle démarche auprès des Saulnier à<br />

propos de Vanessa. Sa question formulée, celui-ci commande un éclairage qui semble être<br />

dirigé de la grande console que j'ai assimilée à une table de mixage. La lumière provient d'une<br />

sorte d'œil rivé à un angle du plafond, qui balaie de son faisceau, non éblouissant au<br />

demeurant, des surfaces variables. Pour me donner une contenance, je trempe mes lèvres dans<br />

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