Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — Sur sa lancée de la veille, l'Organisation Magnifique nous a concocté une journée qui restera mémorable, et que l'on peut résumer ainsi : c'est tout juste après avoir pris un frugal repas dans un petit restaurant, sis dans une galerie marchande, que l'une de mes chaussettes viendra atterrir sur notre table sans que mes chaussures aient quitté mes pieds ! A proximité de nous, un cocker tourne en rond et aboie en direction de quelque chose (ou quelqu'un ?) que nous ne discernons pas, tandis que son maître tente en vain de le calmer. Nous préférons quitter les lieux avant que la situation n'empire... Une heure plus tard, alors que nous déambulons dans le parc de la Tête d'Or, des gens nous regardent d’un air visiblement amusé, et pour cause… Un léger souffle de vent me ramène à la réalité que je partage illico avec Christian, lequel éclate de rire : je ne porte plus de pantalon ! J'ai bonne mine dans mon blazer en velours noir croisé sur un col roulé demi- saison, jambes nues dans mes chaussettes et mes souliers vernis... Que faire, sinon rejoindre la voiture pour rapatrier Caluire où j'ai laissé ma valise et mes affaires, et où je pourrai enfiler un nouveau pantalon ? Là, j'avise madame Saulnier que je dormirai chez monsieur et madame Goulet à Rozier, suivant les conseils de Christian, de façon à éviter une éventuelle nuit blanche supplémentaire à Gil. Sur la route qui nous conduit chez les parents de Christian, un spectacle unique nous est offert : nous pouvons voir le pantalon qui m'avait faussé compagnie dans le parc de la Tête d'Or flotter à quelques dizaines de mètres derrière la voiture, puis s'évanouir dans la nature, au profit d'un virage. A Rozier, il n'y a que Mylène, la sœur cadette de Claudine et de Christian, pour nous accueillir. Quelques meubles se déplaceront afin de nous signifier, à mon avis, que nous sommes sous surveillance, puis tout observera une paix profonde, jusqu'au coup de téléphone de madame Saulnier qui nous avertira du retour du pantalon fugueur dans sa penderie ! Je m'attarderais volontiers à Rozier, mais c'est à Lyon que, si tout se passe bien, je dois rencontrer des gens appartenant au milieu de la chanson. Aussi, sans tarder, dès neuf heures nous rejoignons Gil au siège de son journal, qui préférerait que je demeure sur place, en ville. Peu enthousiaste à la pensée de devoir retourner dans l'appartement de Villeurbanne, je suggère de prendre une chambre d'hôtel pour quelques jours. Christian me propose alors de me - 160 -

— L'Initiation — prêter son studio d'étudiant, puisqu'il ne l'occupe pas en période de vacances. C'est un petit appartement coquet, posé à l'étage d'une maison individuelle entourée d'un jardinet, par lequel on entre d'ailleurs, où s'entrelacent vigne vierge et glycines. La propriétaire des lieux est causante et, pendant que nous transportons mes bagages, elle me vante la tranquillité du quartier, me recommandant, dans le cas où je serais plutôt noctambule, de prendre des précautions à l'égard du voisinage. Le frère de Claudine lève les yeux au ciel après m'avoir gratifié d'un demi-sourire complice. Pour l'heure, nous retournons au centre-ville où nous devons demeurer en contact avec Gil. Mais en matière de contact, nous ne nous attendions nullement à ce que nous assimilerons à de la télépathie et qui, sous forme de voix lointaines, mais fort distinctes, nous invite à nous rendre au numéro 10 de la rue Maryse Bastié, où se trouverait Laurent Floch, le fils cadet de madame Floch, alias Peggy. Bien qu'il n'y ait aucune raison pour que l'enfant de la directrice artistique toulonnaise se trouve là, nous prenons un bus, puis un second, pour nous rendre à l'adresse indiquée. Au cours du trajet, nous entendons le jeune garçon fredonner dans le lointain, tandis qu'une autre voix nous dit que nous arriverons sur place avec la pluie... Pourtant, le ciel ne peut être plus bleu ! Nous voilà à destination. Nous sonnons au numéro 10 (c'est une villa), et une jeune femme nous ouvre, nous introduit dans la maison, et là, surprise ! Elle nous apprend que Laurent est effectivement à Lyon, qu’il vient d'ailleurs d'y arriver aujourd'hui, mais que, malencontreusement pour nous, il vient juste de s'absenter. La jeune femme, devant mon trouble qu'elle interprète peut-être comme une déception, nous conseille de repasser dans deux heures. Ne pouvant rien promettre, je la remercie et lui demande de transmettre mes amitiés au jeune homme. Nous ressortons, totalement abasourdis, et là, deuxième surprise : il pleut ! Le ciel reste tout à fait bleu, mais il pleut ! Nous finirons l'après-midi complètement décontenancés, assis sur un banc public, Christian rompant quelquefois le silence pour donner libre cours à son admiration, et moi me contentant d'acquiescer, plus enclin à un mélange de respect et de crainte. Le soir nous a rejoints, et nous avons récupéré Gil à son bureau. Il n'a pas pu obtenir de rendez-vous pour moi et ne dissimule pas sa contrariété. Je lui souligne le peu de gravité de la - 161 -

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Sur sa lancée de la veille, l'Organisation Magnifique nous a concocté une journée qui<br />

restera mémorable, et que l'on peut résumer ainsi : c'est tout juste après avoir pris un frugal<br />

repas dans un petit restaurant, sis dans une galerie marchande, que l'une de mes chaussettes<br />

viendra atterrir sur notre table sans que mes chaussures aient quitté mes pieds ! A<br />

proximité de nous, un cocker tourne en rond et aboie en direction de quelque chose (ou<br />

quelqu'un ?) que nous ne discernons pas, tandis que son maître tente en vain de le calmer.<br />

Nous préférons quitter les lieux avant que la situation n'empire...<br />

Une heure plus tard, alors que nous déambulons dans le parc de la Tête d'Or, des gens<br />

nous regardent d’un air visiblement amusé, et pour cause… Un léger souffle de vent me<br />

ramène à la réalité que je partage illico avec Christian, lequel éclate de rire : je ne porte plus<br />

de pantalon ! J'ai bonne mine dans mon blazer en velours noir croisé sur un col roulé demi-<br />

saison, jambes nues dans mes chaussettes et mes souliers vernis... Que faire, sinon rejoindre la<br />

voiture pour rapatrier Caluire où j'ai laissé ma valise et mes affaires, et où je pourrai enfiler un<br />

nouveau pantalon ?<br />

Là, j'avise madame Saulnier que je dormirai chez monsieur et madame Goulet à Rozier,<br />

suivant les conseils de Christian, de façon à éviter une éventuelle nuit blanche supplémentaire à<br />

Gil. Sur la route qui nous conduit chez les parents de Christian, un spectacle unique nous est<br />

offert : nous pouvons voir le pantalon qui m'avait faussé compagnie dans le parc de la<br />

Tête d'Or flotter à quelques dizaines de mètres derrière la voiture, puis s'évanouir dans<br />

la nature, au profit d'un virage.<br />

A Rozier, il n'y a que Mylène, la sœur cadette de Claudine et de Christian, pour nous<br />

accueillir. Quelques meubles se déplaceront afin de nous signifier, à mon avis, que nous<br />

sommes sous surveillance, puis tout observera une paix profonde, jusqu'au coup de téléphone<br />

de madame Saulnier qui nous avertira du retour du pantalon fugueur dans sa penderie !<br />

Je m'attarderais volontiers à Rozier, mais c'est à Lyon que, si tout se passe bien, je dois<br />

rencontrer des gens appartenant au milieu de la chanson. Aussi, sans tarder, dès neuf heures<br />

nous rejoignons Gil au siège de son journal, qui préférerait que je demeure sur place, en ville.<br />

Peu enthousiaste à la pensée de devoir retourner dans l'appartement de Villeurbanne, je<br />

suggère de prendre une chambre d'hôtel pour quelques jours. Christian me propose alors de me<br />

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