Tome 1 - "L'Initiation"
Tome 1 - "L'Initiation" Tome 1 - "L'Initiation"
— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — faire rencontrer un certain monsieur Lamour (directeur d'un music-hall de la ville), mais aussi de me présenter à d'autres personnes, dans la mesure de sa disponibilité. Du fait que sa compagne est encore étudiante et que "Troperama", son roman qui vient à peine de sortir, n'est pas sûr de pourvoir aux nouveaux besoins de la famille, Gil compte sur les articles de presse qu'il rédige pour nourrir les siens. Ceci implique certaines contingences de nature à enfreindre son désir d'être à mes côtés comme il l'entendrait, afin de m'aider efficacement. Au soir du lundi de Pâques, nous partons donc, Gil et moi, conduits par son oncle, pour la cité de la soie. Gil et Claudine habitent Villeurbanne, dans un petit appartement suspendu au cinquième étage, sous les toits. Nous y arrivons sur le coup de minuit trente, le voyage s'étant déroulé paisiblement, mis à part un bruit insolite, à un moment donné, sous la voiture. C'est à l’instant où l'oncle de Gil nous dépose qu'une grosse pierre vient percuter le trottoir et les marches d'escalier de l'immeuble dont on vient d'ouvrir la porte. C'est le début d'une nuit blanche à laquelle je vous convie, en les lignes qui suivent. Essayant d'éviter de laisser libre cours à l'angoisse qui ne manque pas de sourdre en moi, je rassure tant bien que mal Gil, lequel panique en prenant conscience "qu'ils" sont là, à Villeurbanne, à son domicile !... Nous nous allongeons ainsi côte à côte dans le lit qu'il partage habituellement avec Claudine. Cela n'empêche pas sa ceinture de sortir, attachée, des passants de son pantalon et de tournoyer autour de nous, sa pipe, la commode et le réveille-matin d'effectuer un ballet aérien durant de longues minutes. Puis le lit se retourne sur le côté, Gil touche le sol, mais voilà qu'au lieu de tomber sur lui, je me retrouve à l'extérieur des draps et des couvertures, sentant sous mes pieds et mes mains la paroi lisse du... plafond : je vole ! Je suis dans l'espace, à deux mètres au-dessus du parquet. Gil est terrifié, et je crois que j'ai aussi peur que lui, d'autant plus que je me demande comment je vais rejoindre le sol. Toutefois, l'atterrissage s'effectue sans mal. Mais nous n'avons pas le loisir de reprendre nos sens : simultanément, comme sous l'effet d'un souffle violent, l'armoire s'ouvre et la layette de la petite Vanessa en sort, se répandant sur le sol ! Tout est pêle-mêle dans la pièce ; de plus cela - 158 -
— L'Initiation — fait énormément de bruit et Gil redoute les réactions des voisins. Soudain, les fenêtres de la cuisine sortent de leurs gonds et partent sur les toits. Complètement ahuris, nous allons d'une pièce à l'autre, ne sachant que dire, que faire... On sonne à la porte. Les voisins viennent-ils se plaindre ? Non, ce ne sont pas les voisins : c'est l'une des fenêtres qui est debout sur le palier ! Nous nous en saisissons pour la remettre dans ses gonds et constatons que l'autre vient de reprendre sa place, un cintre suspendu à son loquet, lequel oscille encore... Il est près de trois heures du matin, bientôt ce sera l'aube. Gil doit aller travailler tout à l'heure : le pourra-t-il ? Voilà qu'un disque sort de sa pochette et va se glisser sous le bras de l'électrophone qui se met en marche. La musique se fait entendre : c'est "Le Rêve d'amour" de Liszt. La terreur atteint son paroxysme. Gil ne tient plus : il n'aspire qu'à partir, à fuir ce tohu-bohu, et propose que nous allions nous "réfugier" chez ses parents demeurant à Caluire, dans la banlieue nord de Lyon. Nous nous rhabillons en hâte et essayons de faire le moins de bruit possible en descendant les marches d'escalier, surpris de ne pas se faire interpeller à un palier, ou à un autre, par des voisins que "notre" vacarme aurait dû déranger. Nous quittons Villeurbanne en fanfare puisque, dans le garage collectif où Gil parque sa voiture, un rocher vient faire éclater le pare-brise d'un véhicule voisin ! Nous partons sur les chapeaux de roue, n'ayant certes pas le feu aux trousses, mais tout de même un ouvre-bouteilles en forme de main qui nous suivra en frappant contre les vitres de la voiture, avant d'entrer sans les casser par celles de la salle à manger des parents de Gil, tout surpris d'accueillir tant de visiteurs à la fois, à une heure aussi indue. Mis au courant déjà par leur fils, monsieur et madame Saulnier sauront nous rasséréner en nous offrant une hospitalité digne d'éloges, quand on sait les risques encourus par tous ceux qui sont pris dans le feu de ces manifestations. Heureusement, l'O.M. fera montre de civilité et nous épargnera de nouveaux désagréments, chez les beaux-parents de Claudine. Avant de partir travailler, Gil téléphone à son beau-frère qui, en tant qu'étudiant, est en vacances. Christian nous rejoint donc à Caluire et, mis au courant de nos mésaventures de la nuit, se propose de me faire visiter Lyon, en attendant que Gil m'obtienne un rendez-vous avec monsieur Lamour. - 159 -
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d'une pièce à l'autre, ne sachant que dire, que faire... On sonne à la porte. Les voisins<br />
viennent-ils se plaindre ? Non, ce ne sont pas les voisins : c'est l'une des fenêtres qui est<br />
debout sur le palier ! Nous nous en saisissons pour la remettre dans ses gonds et constatons<br />
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Il est près de trois heures du matin, bientôt ce sera l'aube. Gil doit aller travailler tout à<br />
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nous "réfugier" chez ses parents demeurant à Caluire, dans la banlieue nord de Lyon. Nous<br />
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puisque, dans le garage collectif où Gil parque sa voiture, un rocher vient faire éclater le<br />
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frappant contre les vitres de la voiture, avant d'entrer sans les casser par celles de la salle à<br />
manger des parents de Gil, tout surpris d'accueillir tant de visiteurs à la fois, à une heure aussi<br />
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Mis au courant déjà par leur fils, monsieur et madame Saulnier sauront nous rasséréner<br />
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qui sont pris dans le feu de ces manifestations. Heureusement, l'O.M. fera montre de civilité et<br />
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Avant de partir travailler, Gil téléphone à son beau-frère qui, en tant qu'étudiant, est en<br />
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