Tome 1 - "L'Initiation"

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25.06.2013 Views

— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — Fourbus mais heureux, nous fîmes un bout de chemin ensemble, ce qui me permit d'améliorer encore ma connaissance de Marseille, aller et retour n'empruntant pas le même itinéraire. Nous remontâmes ainsi le Prado, l'une des plus grandes artères de la ville, laissant derrière nous l'immeuble de l'O.R.T.F., devenu, depuis, le siège de FR3. Après vingt bonnes minutes de marche, nous arrivâmes à la place Castellane où nous nous séparâmes. Jacques, pour prendre son bus (il habitait en banlieue), moi, pour rejoindre "mon" boulevard Notre- Dame situé à un petit quart d'heure de marche de là. Je pris en arrivant un repas frugal ; il devait être environ vingt et une heures trente lorsque je me mis au lit. Le lendemain, nonobstant de légitimes courbatures, je me rendis guilleret à mon travail où nous ralliâmes des adeptes à notre cause en racontant à nos collègues de bureau nos "exploits" de la veille. Deux d'entre eux, Norbert Baldit, lequel venait juste d'être embauché, et Robert Augustin, un athlétique judoka, décidèrent de venir en découdre avec nous dès le jeudi, jour de la deuxième séance hebdomadaire. Je souligne à cette occasion que le sport semble la meilleure soupape d'évacuation de ce stress qui nous envahit dans notre mode de vie complètement hybride, on ne le dira jamais assez : c'est par sa pratique que l'on peut éviter de tomber dans le piège des fléaux de notre civilisation que sont la drogue, le tabac et, bien entendu, l'alcool, palliatifs d'un mal de vivre peut-être, mais ô combien dangereux car annihilant toute volonté et donc tout espoir d'évolution. Chapitre 2 - 14 -

— L'Initiation — Il est vingt heures quinze, tout au plus, en ce jeudi qui vient d'être le témoin de tours de terrain couverts à diverses allures par quatre garçons dont je fais partie et qui sont en train de se rhabiller, perclus de fatigue, mais gonflés de joie. Nous sommes encore à l'intérieur du stade Delort, parlant de la prochaine séance d'entraînement, lorsque, soudain, retentit une déflagration. Jacques rompt le premier le silence qui a succédé à notre surprise ; il parle d'un coup de feu, tenant pour preuve que les branches d'un arbre avoisinant le vestiaire remuent encore. Norbert et Robert attribuent ce frisson de feuilles au vent, je ne suis pas loin d'entériner leur raisonnement mais je me dois d'admettre qu'à l'évidence, comme le souligne Jacques, les autres arbres, et notamment les haies de cyprès ceignant les courts de tennis voisins, n'ont pas remué. Il ne nous faudra pas longtemps pour accréditer la thèse de notre ami Warnier : nous sommes à peine sortis du stade que Norbert reçoit sur sa jambe une pierre d'un calibre assez impressionnant, si l'on en juge la difficulté que l'on a pour la tenir dans une seule main. Le doute n'est plus permis à présent, c'est bien une agression que nous subissons ! Nous posons nos sacs à terre et nous nous dispersons comme une volée de moineaux à travers les allées entourant les complexes sportifs que sont les terrains de tennis et le fameux stade Vélodrome. Notre chasse à l'homme se révèle tout à fait improductive, pis encore : nous essuyons un nouveau jet de pierre face à l'immeuble de l'Office de radiotélévision sans que nous percevions ne serait-ce qu'un bruit de pas dans le secteur où, d'évidence, il n'y a pas l'ombre d'un individu. Il fait encore jour lorsque, sur le coup de vingt et une heures, nous décidons de nous séparer, Robert reprenant sa voiture, Norbert son Solex, Jacques et moi poursuivant notre route à pied. Une fois chez moi, je me sustentai de quelques restes de la veille et c'est passablement contrarié que je me couchai. Avant de m'endormir, je ressassai dans ma tête ce qui venait - 15 -

— L'Initiation —<br />

Il est vingt heures quinze, tout au plus, en ce jeudi qui vient d'être le témoin de tours de<br />

terrain couverts à diverses allures par quatre garçons dont je fais partie et qui sont en train de<br />

se rhabiller, perclus de fatigue, mais gonflés de joie.<br />

Nous sommes encore à l'intérieur du stade Delort, parlant de la prochaine séance<br />

d'entraînement, lorsque, soudain, retentit une déflagration. Jacques rompt le premier le silence<br />

qui a succédé à notre surprise ; il parle d'un coup de feu, tenant pour preuve que les branches<br />

d'un arbre avoisinant le vestiaire remuent encore.<br />

Norbert et Robert attribuent ce frisson de feuilles au vent, je ne suis pas loin d'entériner<br />

leur raisonnement mais je me dois d'admettre qu'à l'évidence, comme le souligne Jacques, les<br />

autres arbres, et notamment les haies de cyprès ceignant les courts de tennis voisins, n'ont pas<br />

remué.<br />

Il ne nous faudra pas longtemps pour accréditer la thèse de notre ami Warnier : nous<br />

sommes à peine sortis du stade que Norbert reçoit sur sa jambe une pierre d'un calibre assez<br />

impressionnant, si l'on en juge la difficulté que l'on a pour la tenir dans une seule main. Le<br />

doute n'est plus permis à présent, c'est bien une agression que nous subissons !<br />

Nous posons nos sacs à terre et nous nous dispersons comme une volée de moineaux à<br />

travers les allées entourant les complexes sportifs que sont les terrains de tennis et le fameux<br />

stade Vélodrome. Notre chasse à l'homme se révèle tout à fait improductive, pis encore : nous<br />

essuyons un nouveau jet de pierre face à l'immeuble de l'Office de radiotélévision sans que<br />

nous percevions ne serait-ce qu'un bruit de pas dans le secteur où, d'évidence, il n'y a pas<br />

l'ombre d'un individu.<br />

Il fait encore jour lorsque, sur le coup de vingt et une heures, nous décidons de nous<br />

séparer, Robert reprenant sa voiture, Norbert son Solex, Jacques et moi poursuivant notre<br />

route à pied.<br />

Une fois chez moi, je me sustentai de quelques restes de la veille et c'est passablement<br />

contrarié que je me couchai. Avant de m'endormir, je ressassai dans ma tête ce qui venait<br />

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