Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — commençait à me faire singulièrement défaut. Oh ! Mon cœur saigne encore souvent au moment de chanter "Un homme s'est pendu" et parfois lorsque je rends visite à Chantal qui poursuit sa convalescence. Mais la conversation que j'ai eue avec mes parents a remis de l'ordre dans mon esprit : je me dois de ne pas les décevoir, ainsi je laisse s'estomper les sombres idées qui avaient fleuri en moi, il y a peu de temps... Grimaud, Cogolin, Le Lavandou, Hyères, autant de lieux où je donne du cœur et de la voix pour animer des bals populaires et où la musique est en train de prendre une place prépondérante dans ma vie. Bien sûr, ces bals ayant lieu le plus souvent les week-ends, je n'affiche pas une mine très fraîche le lundi au bureau et je subis, comme il se doit pour tout fonctionnaire indigne de ce nom, quelques réprimandes quant à ma vaillance trop mesurée à la tâche. Nous sommes fin septembre, j'ai eu droit à quinze jours de congé et je les partage avec mes amis habituels auxquels s'est jointe Claudine Goulet, de passage à Toulon. Chantal va mieux, mais il est hors de question de la voir reprendre une activité quelconque pour le moment. Il y a moins de bals, aussi je peux participer à quelques compétitions d'athlétisme, réalisant d'honorables performances sur 800 et 1000 mètres. Je dois admettre que, sur ce plan- là, j'ai pris un certain recul : la compétition ne m'intéresse plus vraiment. Après un bain de mer, je constate un écoulement nasal pour le moins purulent, et je me réveille, la nuit suivante, en proie à une insoutenable douleur faciale que j'attribue à une rage de dents. Dès le matin, je me rends chez le dentiste, lequel ne décèle rien et attribue ma douleur à une sinusite, m'encourageant à consulter sans tarder un oto-rhino, ce que je fais évidemment. Cette consultation apporte bien la confirmation que je souffre de sinusite maxillaire. Voilà mes vacances gâchées ! Mon état nécessite des soins journaliers sous forme de lavages de sinus, fort désagréables au demeurant, entrecoupés de séances d'aérosols. Une amélioration s'instaure mais le médecin traitant n'est pas vraiment satisfait du résultat, envisageant de m'envoyer passer une radio si mes sécrétions devaient persister sous leur forme actuelle. Il me donne un traitement et m'invite à venir le revoir dans un mois. J’ai retrouvé sans grand entrain Marseille et dîne avec Alain Saint-Luc, lequel projette de nous réunir pour le réveillon du Nouvel An autour de Chantal. Bien que quelque peu - 122 -

— L'Initiation — tributaire des contrats décrochés à l'occasion des fêtes par "Les Desperados", j'adhère à l'idée d'Alain, proposant même de nous rassembler là où je me produirai avec mon orchestre, si l'état de santé de notre amie le permet. Ce soir-là, Alain me raccompagna en moto et dut accomplir de véritables prodiges sur son engin pour se faufiler entre les tuiles et les briques que nous reçûmes tout au long du trajet ! Nous passâmes par des sens interdits, changeant constamment de direction de façon subite, sans pour autant faire perdre notre trace aux membres toujours invisibles de l'O.M. qui venaient à cette occasion de se manifester à nouveau, au sortir d’une interruption de plus de quatre mois. Nous pouvons constater que ces manifestations s'interrompent souvent à la suite d’un fait marquant (mutation, réforme) ; cette trêve-là correspondait, semble-t-il, à la sortie de Chantal de Saint-Joseph et à son regain de santé, en dépit de son caractère encore précaire à ce moment-là. La grande émotion du mois de novembre sera la nouvelle du retour de Pascal Petrucci à la Sécurité sociale. Le reste se réduira au calme plat. Il est écrit que je ne participerai jamais à un réveillon en tant que chanteur : cette fois, c'est ma sinusite qui l'emportera et qui occasionnera mon admission en clinique pour une sorte de curetage et un traitement de choc aux antibiotiques. Dix jours d'hospitalisation et un mois d'interruption de travail me font déserter Marseille une fois de plus, sans que cela me chagrine vraiment, dois-je le préciser. Cette période durant laquelle je me refais une santé ne me pèse pas du tout ; bien au contraire, j'apprends – ou plus exactement je réapprends - qu'une vie sans profession n'est pas une vie dépourvue d'activité… Mieux même, je m'aperçois que l'on peut se rendre utile d'autant plus que l'on est disponible. Je m'adonne souvent à cette introspection qui entretient la vigilance, comme savait si bien le dire Mikaël. Ainsi il me souvient cette anecdote qu'il est bon de relater dans le cadre de la prise de conscience dont il vient d'être fait état, par rapport au fait d'être disponible. Nous étions en 1965, et mon père, eu égard à mon comportement scolaire tout à fait singulier, m'avait fait embaucher, au moment des grandes vacances, dans une pharmacie où je me devais d'être l'assistant d'un préparateur, et ce, pendant deux mois. Rien d’anormal jusque- - 123 -

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commençait à me faire singulièrement défaut. Oh ! Mon cœur saigne encore souvent au<br />

moment de chanter "Un homme s'est pendu" et parfois lorsque je rends visite à Chantal qui<br />

poursuit sa convalescence. Mais la conversation que j'ai eue avec mes parents a remis de<br />

l'ordre dans mon esprit : je me dois de ne pas les décevoir, ainsi je laisse s'estomper les sombres<br />

idées qui avaient fleuri en moi, il y a peu de temps...<br />

Grimaud, Cogolin, Le Lavandou, Hyères, autant de lieux où je donne du cœur et de la<br />

voix pour animer des bals populaires et où la musique est en train de prendre une place<br />

prépondérante dans ma vie. Bien sûr, ces bals ayant lieu le plus souvent les week-ends, je<br />

n'affiche pas une mine très fraîche le lundi au bureau et je subis, comme il se doit pour tout<br />

fonctionnaire indigne de ce nom, quelques réprimandes quant à ma vaillance trop mesurée à la<br />

tâche.<br />

Nous sommes fin septembre, j'ai eu droit à quinze jours de congé et je les partage avec<br />

mes amis habituels auxquels s'est jointe Claudine Goulet, de passage à Toulon. Chantal va<br />

mieux, mais il est hors de question de la voir reprendre une activité quelconque pour le<br />

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réalisant d'honorables performances sur 800 et 1000 mètres. Je dois admettre que, sur ce plan-<br />

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Après un bain de mer, je constate un écoulement nasal pour le moins purulent, et je me<br />

réveille, la nuit suivante, en proie à une insoutenable douleur faciale que j'attribue à une rage de<br />

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Cette consultation apporte bien la confirmation que je souffre de sinusite maxillaire. Voilà mes<br />

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fort désagréables au demeurant, entrecoupés de séances d'aérosols. Une amélioration s'instaure<br />

mais le médecin traitant n'est pas vraiment satisfait du résultat, envisageant de m'envoyer<br />

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J’ai retrouvé sans grand entrain Marseille et dîne avec Alain Saint-Luc, lequel projette<br />

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