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Tome 1 - "L'Initiation"

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— L'Initiation —<br />

souhaité, si je me confinais à ce que je savais de ma naissance pour le moins hasardeuse. Dans<br />

le train qui me ramena le dimanche soir à Marseille, j'échafaudai nombre de projets plus<br />

sombres les uns que les autres.<br />

Ultérieurement, il nous fut enseigné (nous aurons l'occasion d'y revenir) que la plus<br />

belle Espérance était celle de pouvoir espérer encore… Convenons humblement que vivre la<br />

chose ne s’avère pas toujours très aisé.<br />

Gagné par la déprime que généraient l'issue fatale promise à mon amie, les difficultés<br />

éprouvées dans ma vie professionnelle, les agissements toujours aussi sibyllins de l'O.M. et le<br />

souvenir plus que jamais présent de Mikaël, j'assimilais l'existence humaine à un non-sens et je<br />

maudissais ceux qui m'avaient conçu, regrettant bien amèrement d'avoir survécu à l'abandon<br />

ayant succédé à ma naissance.<br />

Je m'étais fixé le moment de prendre une décision, quant à la poursuite de ma présence<br />

ici-bas, après le dénouement de la maladie de Chantal. N'ayant pu assister Mikaël et<br />

l'empêcher, de la sorte, de commettre l'irréparable, il me restait à essayer de rendre l'agonie de<br />

celle que je considérais comme ma grande sœur moins pénible.<br />

Juin 1968 : hôpital à Trèves. Juin 1969 : hôpital à Marseille. Similitude, de par ma<br />

fréquentation assidue de ces lieux ô combien dissemblables selon ce qu'on vient y faire !<br />

Toujours est-il que je passe mes soirées à Saint-Joseph, dans un pavillon qui abrite souvent le<br />

squelette au linceul paré de la faux. A plusieurs reprises, je croiserai des gens éplorés dans les<br />

couloirs et, même une fois, un corps recouvert d'un drap, transporté sur un chariot par deux<br />

brancardiers à la morgue. M'efforçant de faire bonne figure en toutes occasions, je tiens<br />

compagnie à Chantal jusqu’à une heure avancée de la nuit, lui faisant part de mes petits ennuis,<br />

meilleur moyen de lui faire oublier les siens. Mes avatars avec l'O.M. l'ayant toujours divertie,<br />

je ne me prive pas de lui en rendre compte.<br />

Il est plus de vingt et une heures lorsque, chaque soir, j'essuie dans le parc de l'hôpital<br />

les tirs toujours précis des sbires de l'Organisation Magnifique. De guerre lasse, je ne maugrée<br />

plus contre les auteurs de ces agressions, enjambant sans me presser le portail fermé et<br />

remontant ensuite le Prado perdu dans mes pensées, plus sombres que la nuit qui m'enveloppe.<br />

Un certain soir, alors que je vais escalader l'enceinte de l'hôpital et que viennent<br />

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