Tome 1 - "L'Initiation"

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— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — Le petit matin me surprendra attablé au bureau de ma chambre, hébété, entre mon électrophone et quelques feuilles de papier, dont la lettre de Patrice que je prendrai soin de ranger dans mon portefeuille, hors de portée de mes parents. Et puis je me glisserai subrepticement sous les couvertures, évitant ainsi que l'on me trouve debout et que l'on m'en demande la raison à travers de bien inutiles questions. Je profiterai du fait que mes parents soient au marché pour prendre mes affaires de sport et tenter d'aller évacuer un peu de ma douleur sur les flancs des collines de l'U.S.A.M… Je ne me répandrai pas ici en détails morbides sur ce que furent ces deux jours, simplement je tiens à noter l'impression de plénitude ressentie à la répétition du samedi, lorsqu'il me fallut entonner "Un homme s'est pendu". Sans y voir un hommage à mon ami Mikaël, à qui je consacrerai quelques années plus tard un poème, je crois qu'en la circonstance je fis corps avec sa mémoire, laquelle me sembla flotter, tout au long de l'après-midi, à mes côtés. J'ai repris le train-train quotidien, et je dois dire que cela me pèse de plus en plus. C'est avec Jean-Claude Panteri que je me sens le mieux pour parler des problèmes existentiels, il m'est d'un grand réconfort dans les moments fort pénibles que je vis actuellement. Nous passons de longues soirées à parler de politique, de religion et à essayer de trouver un dénominateur commun à cette évolution de l'homme qui, au fil des siècles, des sociétés et des civilisations, n'en finit pas de se faire attendre. Tout juste prenons-nous le temps de remarquer, sans nous en plaindre, au hasard de nos conversations, que nous n'avons plus eu à subir de facéties de la part de l'O.M. Néanmoins, nous ne doutons pas une seule seconde que cette association (?) poursuit ses activités en quelque lieu ou en quelque temps que nous ignorons. Peut-être était-il écrit que cette trêve ne se prolongerait pas au-delà de huit mois, c'est en tout état de cause ce qu'il nous fut donné de déduire en ce début mars où, de nulle part comme toujours, les premiers projectiles arrivèrent. Bien qu'étant convaincu d'être le pôle d'intérêt des agissements de l'Organisation Magnifique, il fallait convenir qu'il ne m'arrivait jamais rien lorsque j'étais seul. J'ai toujours eu la chance d'être en compagnie de quelqu'un lors de ces manifestations intempestives. - 116 -

— L'Initiation — Et là encore, la "reprise" n'échappe pas à la règle. C'est tout d'abord avec Christian que je reçois la première bouteille, puis avec Gilbert qu’une lame de rasoir vient se ficher dans le talon de ma chaussure, comme au bon vieux temps ! Ces faits qui, dès cet instant, vont survenir journellement, donnent l'opportunité à Jacques Warnier de constituer de nouveaux témoignages en les personnes de Pierre Montagard et Max Corrado, par lesquels il se fait accompagner de temps à autre en venant à ma rencontre, à la sortie du bureau. Mais c'est un tout autre événement qui va venir monopoliser mon attention, sans que pour autant le "paranormal" marque la pause. En effet, Chantal Varnier m'annonce, par courrier, qu'elle "rapatrie" Toulon pour raisons de santé. A la suite d'une visite médicale de routine, la radiographie a permis de déceler une tache au niveau de son sternum, et d'autres examens, plus complets, se révèlent nécessaires pour établir un diagnostic précis. C'est à Marseille que le corps médical rendra son verdict : Chantal est atteinte d'une tumeur nécessitant une intervention chirurgicale. Elle entre ainsi de toute urgence à l'hôpital Saint-Joseph et va subir, coup sur coup, deux opérations. De mars à juin, il m'est offert de connaître l'angoisse sous des formes qui m'avaient été épargnées jusqu'alors. Quotidiennement, mes heures de travail achevées, je me rends au chevet de mon amie. Très souvent en compagnie de Jacques, je croise en ces occasions la maman de Chantal qui s'efforce de cacher, du mieux qu'elle peut, la gravité de son mal à sa fille. Il n'est pas rare que nous nous rencontrions dans le parc de l'établissement hospitalier, et là, madame Varnier ne peut dissimuler son bouleversement. Sans entacher sa dignité, en tous points remarquable en ces heures ô combien éprouvantes, elle me rapporte les commentaires bien évasifs des médecins qui refusent de se prononcer catégoriquement sur l'issue de la maladie. Il m'est quelquefois difficile d'arborer une mine impassible lorsque je pénètre dans la chambre de Chantal, après avoir parlé avec sa mère. D'ailleurs, je laisse toujours, en ces occasions, s'écouler un petit moment avant d'entrer, ce qui m'évite d'avoir à lui dire que j'ai rencontré madame Varnier en arrivant. Souvent, il arrive que je doive escalader la grille de l'hôpital en repartant le soir : il est vrai que je dépasse presque toujours l'horaire de fin d’autorisation des visites. - 117 -

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Et là encore, la "reprise" n'échappe pas à la règle. C'est tout d'abord avec Christian que<br />

je reçois la première bouteille, puis avec Gilbert qu’une lame de rasoir vient se ficher dans le<br />

talon de ma chaussure, comme au bon vieux temps !<br />

Ces faits qui, dès cet instant, vont survenir journellement, donnent l'opportunité à<br />

Jacques Warnier de constituer de nouveaux témoignages en les personnes de Pierre Montagard<br />

et Max Corrado, par lesquels il se fait accompagner de temps à autre en venant à ma rencontre,<br />

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Mais c'est un tout autre événement qui va venir monopoliser mon attention, sans que<br />

pour autant le "paranormal" marque la pause.<br />

En effet, Chantal Varnier m'annonce, par courrier, qu'elle "rapatrie" Toulon pour<br />

raisons de santé. A la suite d'une visite médicale de routine, la radiographie a permis de déceler<br />

une tache au niveau de son sternum, et d'autres examens, plus complets, se révèlent nécessaires<br />

pour établir un diagnostic précis. C'est à Marseille que le corps médical rendra son verdict :<br />

Chantal est atteinte d'une tumeur nécessitant une intervention chirurgicale. Elle entre ainsi de<br />

toute urgence à l'hôpital Saint-Joseph et va subir, coup sur coup, deux opérations.<br />

De mars à juin, il m'est offert de connaître l'angoisse sous des formes qui m'avaient été<br />

épargnées jusqu'alors. Quotidiennement, mes heures de travail achevées, je me rends au chevet<br />

de mon amie. Très souvent en compagnie de Jacques, je croise en ces occasions la maman de<br />

Chantal qui s'efforce de cacher, du mieux qu'elle peut, la gravité de son mal à sa fille. Il n'est<br />

pas rare que nous nous rencontrions dans le parc de l'établissement hospitalier, et là, madame<br />

Varnier ne peut dissimuler son bouleversement. Sans entacher sa dignité, en tous points<br />

remarquable en ces heures ô combien éprouvantes, elle me rapporte les commentaires bien<br />

évasifs des médecins qui refusent de se prononcer catégoriquement sur l'issue de la maladie. Il<br />

m'est quelquefois difficile d'arborer une mine impassible lorsque je pénètre dans la chambre de<br />

Chantal, après avoir parlé avec sa mère. D'ailleurs, je laisse toujours, en ces occasions,<br />

s'écouler un petit moment avant d'entrer, ce qui m'évite d'avoir à lui dire que j'ai rencontré<br />

madame Varnier en arrivant. Souvent, il arrive que je doive escalader la grille de l'hôpital en<br />

repartant le soir : il est vrai que je dépasse presque toujours l'horaire de fin d’autorisation des<br />

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