Tome 1 - "L'Initiation"
Tome 1 - "L'Initiation" Tome 1 - "L'Initiation"
— Les Visiteurs de l'Espace-Temps — de défis. Défis plus insensés les uns que les autres. Plus que jamais, j'attribuais les raisons de son comportement à ce qu'il avait vécu en ma présence, parvenant même à penser qu'il n'avait pas agi seul en ces circonstances. N'était-il pas devenu le complice malgré lui ou, qui sait, peut-être un "cobaye" de la diabolique Organisation Magnifique ? Organisation dont, concrètement, je ne savais plus rien, n'ayant eu en tout et pour tout qu'un contact à la gare Saint-Charles, voilà presque un an, le reste ne s'étant manifesté qu'à travers des actions complètement anonymes, bien qu'efficaces puisque ayant incité la défense de mon pays à se passer de mes services. Et d’ailleurs que savais-je "d'eux", sinon ce "qu'ils" avaient bien voulu m'en dire ? Disons que, sur le plan technique comme sur le plan tactique, "ils" avaient démontré leur infaillibilité en tous lieux, en tous temps. Mais qui étaient-"ils" ? Où recrutaient- ils leurs éléments ? Comment choisissaient-ils leurs victimes ? Rien de tout cela n'avait jamais été éclairci, bien que nous nous fussions souvent posé la question, notamment avec mes amis marseillais. Mon père, lui, ravi qu'il était de me voir reprendre, selon ses termes, une vie normale, négligeait la mine perturbée que j'aurais été bien en peine de masquer. Il avait, sans attendre, repris contact avec mon employeur et mon ancienne propriétaire. Peu avant les fêtes, nous descendîmes à Marseille, où je passai une visite dite de reprise chez le médecin du travail. Nanti d'un certificat attestant mon parfait état de santé, j'accompagnai mon père chez le chef du personnel qui me notifia sur-le-champ mon retour dans ses effectifs pour le 2 janvier 1969. Avant de regagner Toulon, nous fîmes escale au 35 du boulevard Notre-Dame, confirmant ainsi à mon ex-propriétaire que je réintégrerais son appartement dès le début de l'année. 1968 s'acheva dans la mélancolie pour moi, avec quelques mots griffonnés sur un petit bout de carton que protégeait une enveloppe trop grande : "Meilleures pensées pour la nouvelle année, un petit "transmetteur" quelque part en Allemagne, te souviens-tu ? Mike". C'étaient les vœux de Mikaël. De sa cellule, il avait trouvé la force, la conviction de m'écrire, négligeant sa détresse que je savais être grande, en cet isolement qui le privait de sa principale raison de vivre : se sentir "utile". Bien sûr, je lui écrivis, adressant ma lettre à la forteresse de Landaü, mentionnant sur l'envoi de faire suivre, Mikaël ayant oublié (volontairement ?) de me mentionner son adresse exacte. - 112 -
— L'Initiation — Chapitre 9 Cela fait une semaine que je fréquente à nouveau les locaux de la Sécurité sociale. Une semaine que j'ai retrouvé "l'usine" de la rue Jules Moulet, une semaine que j'ai fait connaissance avec mes nouveaux collègues de bureau, dont Christian Santamaria et Gilbert Marciano, tous deux fraîchement embauchés, naviguant approximativement dans la même tranche d'âge que moi. J’ai bien sûr retrouvé Jean-Claude Panteri, à qui je n'ai pas manqué de narrer mes aventures militaires, et j'ai repris contact avec Jacques Warnier et Norbert Baldit. Tous m'ont confirmé la démission de Pascal Petrucci. Il paraîtrait que Pascal, après avoir réussi sa capacité en droit, serait parti travailler dans un cabinet d'avocats. Il semble que pas mal de choses aient changé durant mon absence sur le plan du travail proprement dit : sont-ce les conséquences de mai 68 ? Certes, les salaires ont augmenté substantiellement, mais on sent une mainmise de l'encadrement sur la discipline et une forte présence des syndicats, principalement en matière de politique de recrutement. Sans doute suis-je encore imprégné de cette liberté dont j'ai joui pendant six mois, mais j'entreprends une réadaptation pour le moins difficile. Je n'ai qu'une hâte, c'est de voir les journées se terminer, bien que ces dernières ne se déroulent plus de la même façon, les horaires ayant été aménagés différemment : nous effectuons une journée continue de sept heures trente à seize heures trente, avec une coupure d'une heure pour le repas (soit de onze heures trente à midi trente, - 113 -
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Saint-Charles, voilà presque un an, le reste ne s'étant manifesté qu'à travers des actions<br />
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m'en dire ? Disons que, sur le plan technique comme sur le plan tactique, "ils" avaient<br />
démontré leur infaillibilité en tous lieux, en tous temps. Mais qui étaient-"ils" ? Où recrutaient-<br />
ils leurs éléments ? Comment choisissaient-ils leurs victimes ? Rien de tout cela n'avait jamais<br />
été éclairci, bien que nous nous fussions souvent posé la question, notamment avec mes amis<br />
marseillais.<br />
Mon père, lui, ravi qu'il était de me voir reprendre, selon ses termes, une vie normale,<br />
négligeait la mine perturbée que j'aurais été bien en peine de masquer. Il avait, sans attendre,<br />
repris contact avec mon employeur et mon ancienne propriétaire. Peu avant les fêtes, nous<br />
descendîmes à Marseille, où je passai une visite dite de reprise chez le médecin du travail.<br />
Nanti d'un certificat attestant mon parfait état de santé, j'accompagnai mon père chez le chef du<br />
personnel qui me notifia sur-le-champ mon retour dans ses effectifs pour le 2 janvier 1969.<br />
Avant de regagner Toulon, nous fîmes escale au 35 du boulevard Notre-Dame, confirmant<br />
ainsi à mon ex-propriétaire que je réintégrerais son appartement dès le début de l'année.<br />
1968 s'acheva dans la mélancolie pour moi, avec quelques mots griffonnés sur un petit<br />
bout de carton que protégeait une enveloppe trop grande : "Meilleures pensées pour la<br />
nouvelle année, un petit "transmetteur" quelque part en Allemagne, te souviens-tu ? Mike".<br />
C'étaient les vœux de Mikaël. De sa cellule, il avait trouvé la force, la conviction de<br />
m'écrire, négligeant sa détresse que je savais être grande, en cet isolement qui le privait de sa<br />
principale raison de vivre : se sentir "utile". Bien sûr, je lui écrivis, adressant ma lettre à la<br />
forteresse de Landaü, mentionnant sur l'envoi de faire suivre, Mikaël ayant oublié<br />
(volontairement ?) de me mentionner son adresse exacte.<br />
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