25.06.2013 Views

Tome 1 - "L'Initiation"

Tome 1 - "L'Initiation"

Tome 1 - "L'Initiation"

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

— L'Initiation —<br />

m'empêchant pas, cependant, de suivre mon père du regard jusqu'à ce qu'il ne devînt plus qu'un<br />

point et qu'il disparût à l'angle de la rue qui portait nos pas vers nos "destins" respectifs.<br />

Arrivé chez moi, je téléphonai à ma mère et me couchai sans rien absorber. La journée<br />

avait été pénible, le travail lui-même n'était pas en cause, mais il s'agissait là de l'accumulation<br />

d'éléments divers dont, principalement, celui de me retrouver enfermé une huitaine d’heures<br />

alors que j'avais coutume de me mouvoir, en toute liberté, dans un "univers" ô combien moins<br />

austère ! Peut-être s'agissait-il, en l'occurrence, d'une prise de conscience qui m'invitait à<br />

délaisser, une fois pour toutes, le monde de l'enfance, monde dont j'avais fait ma patrie au nom<br />

de cette liberté que je vénérais, sans vraiment "la" savoir...<br />

Les jours passèrent et tant bien que mal je me faisais peu à peu à ma nouvelle vie. Les<br />

gens qui m'entouraient étaient plutôt sympathiques et cela atténuait grandement la longueur<br />

des journées. C'est le soir, dès la sortie du bureau, que remontaient à la surface les souvenirs<br />

me donnant à regretter mon jeune passé. Sur le chemin du retour, j’effectuais de menus achats<br />

destinés à mon dîner que je prenais seul dans ma chambre.<br />

Selon l'accord conclu entre la propriétaire et mon père lors de la signature du contrat<br />

de location, j’avais accès à toutes les dépendances de l’appartement, mais je ne cacherai point<br />

que je ne me sentais bien qu’en cette pièce où je dormais, et, du reste, elle était devenue mon<br />

refuge.<br />

L'immeuble lui-même abritait un appartement par palier, il était assez cossu et avait dû<br />

voir le jour à la fin de la dernière guerre. Il ne comportait pas de balcon et c'est derrière de très<br />

hautes fenêtres que, du troisième étage, je pouvais voir le boulevard Notre-Dame, entre les<br />

branches des micocouliers qui le longeaient.<br />

Ma propriétaire, une alerte septuagénaire, ne fréquentait les lieux que du vendredi soir<br />

au lundi matin, c'est-à-dire lorsque je n'y étais pas. Cette dernière particularité allait, par la<br />

suite, se révéler d'une grande importance. Je me dois d'ajouter que j'avais la permission de me<br />

servir du téléphone pour appeler mes parents, ce que je faisais avec joie pratiquement chaque<br />

soir.<br />

Parvenu en fin de semaine, je regagnai en train Toulon où je rejoignai enfin ma petite<br />

famille. Il me fallut commenter mes débuts professionnels de la même manière, ou peu s'en<br />

- 11 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!