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Tome 1 - "L'Initiation"

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- Ils m'attendent...<br />

— L'Initiation —<br />

- Ils t'attendent ?… Ils attendront seize mois comme tout le monde ! Si tu étais en<br />

Israël, comment ferais-tu ? Et, de plus, je viens de lire que tu te livres à la dégradation de<br />

matériel militaire ? Des individus de ta sorte, on les enferme !<br />

Et d'appeler son infirmier-major pour l'inviter à me conduire, selon ses termes, "en<br />

cellule". Je me retrouve dans les cinq minutes qui suivent dans une pièce exiguë, très haute de<br />

plafond, au double vitrage peint en blanc, avec en tout et pour tout un lit métallique doté d'un<br />

matelas et d'une couverture, un tabouret et une petite table. La porte, massive, ne peut s'ouvrir<br />

de l'intérieur, faute de poignée, mais est pourvue d'un "judas" qui permet une surveillance de<br />

l'extérieur. M’ayant délesté de mon rasoir, de mes lacets et de ma ceinture, l'infirmier, qui a<br />

perçu mon désarroi, me suggère de ne pas m'inquiéter. Il m'apprend ainsi que le docteur est<br />

coutumier du fait ; ses méthodes, pour le moins expéditives, lui servent à cerner l'individu (en<br />

l'occurrence le patient) qu'il a en face de lui. Il jauge de la sorte s'il a affaire à un simulateur ou<br />

bien si le diagnostic qu'on lui a soumis au préalable est justifié. Auquel cas, il n'hésite pas à le<br />

proposer pour la "réforme", même si, comme c'est précisément mon cas, le soldat a dépassé la<br />

durée de trois mois "sous les drapeaux".<br />

C'est une nuit blanche que je passe sur la paillasse améliorée de ma "chambre<br />

d'isolement". Comme il n'y a ni persiennes ni volets à ma fenêtre, je peux voir le jour envahir<br />

progressivement la pièce. Il doit être huit heures lorsque la porte s'ouvre brusquement, laissant<br />

entrer le commandant de Toffol et son infirmier qui me sert un quart de café fumant. Après<br />

s'être enquis de mon état, le docteur, beaucoup plus calme, me remet un calepin en m'invitant à<br />

écrire la raison pour laquelle, selon moi, j'ai été recommandé à lui. A ses dires, il me remettra<br />

"en liberté" sitôt ma "confession" rédigée. En d'autres termes, je ne pourrai réintégrer la<br />

chambre dans laquelle j'avais été admis initialement qu'une fois passé aux "aveux".<br />

Or rédiger des aveux en la matière n'équivaut à rien d'autre que de mentionner, noir sur<br />

blanc, que j'ai participé à des actes de malveillance. C'est-à-dire que j'encours le risque de me<br />

retrouver passible du tribunal militaire. N'est-ce pas là tomber de Charybde en Scylla ? Car, de<br />

toute évidence, se reconnaître coupable de dégradation de matériel militaire, par les temps qui<br />

courent (n'oublions pas que nous sommes en juin 1968...), ne peut attirer en aucune façon une<br />

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