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Voir - Bribes

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88 CIRCONSTANCES<br />

famille s’enrichit et, par leur rang, ils faisaient honneur à leurs parents.<br />

Che avait un voisin qui s’appelait Mong. Ce dernier avait aussi deux fils qui étaient également l’un un lettré,<br />

l’autre un soldat et ils vivaient dans une grande pauvreté. Mong fut pris du désir de posséder autant que la<br />

famille Che. C’est pourquoi il s’adressa à Che en s’enquérant des moyens d’une si rapide ascension. Les<br />

deux fils de Che lui contèrent tout conformément à la vérité.<br />

Sur quoi, un des fils de Mong fit une démarche à Ts’in pour offrir ses services comme lettré au roi de ce<br />

pays. Le roi de Ts’in dit : "Par les temps qui courent, les princes mettent toutes leurs forces dans la guerre.<br />

Leur intérêt se porte tout entier sur les armes et sur les approvisionnements. Si je cherchais à gouverner<br />

mon pays au moyen de l’amour et de la justice, ce serait là prendre la voie la plus appropriée pour trouver<br />

la ruine et la mort" Cela dit, il fit châtier le solliciteur, puis le relâcha peu après.<br />

L’autre fils se rendit à Wei pour offrir ses services au prince de la région. Ce dernier s’exprima ainsi : "Mon<br />

pays est faible, il est entouré par de grands États et j’aide les petits États : je suis ainsi la voie de la paix.<br />

Si je voulais me fier à la force de mes armes, je n’aurais pas à attendre longtemps pour consommer ma<br />

ruine. D’autre part, si je laisse partir cet homme indemne, il s’adressera au prince d’un autre royaume et<br />

me causera bien des ennuis" Sur quoi, il fit couper les pieds du solliciteur et on le transporta à Lou.<br />

Là, le père Mong et ses fils se frappaient la poitrine et accablaient de reproches le père Che. Ce dernier<br />

finit par dire : "Quand les circonstances sont favorables, on réussit. Dans le cas contraire, c’est la ruine. La<br />

voie que vous avez prise était la même que la nôtre, cependant l’issue en est différente. Cela provient de<br />

ce que vous n’avez pas trouvé le moment favorable, et non pas que vous l’avez manqué de votre propre<br />

chef. En outre, il n’existe pas dans le monde de principe qui soit valable en toutes circonstances, pas un<br />

acte qui soit mauvais dans tous les cas. Ce qui fut jadis en usage est peut-être rejeté aujourd’hui. Ce qu’on<br />

rejette aujourd’hui sera peut-être en usage plus tard. L’usage et le non-usage ne suivent pas de règle fixe.<br />

Comment exploiter une occasion, trouver le moment opportun, se plier aux circonstances, voilà ce qui ne<br />

dépend d’aucune recette. Il s’agit ici d’une certaine habileté. Si vous n’avez pas cette habileté, auriez-vous<br />

l’immense savoir de K’ong K’iou et l’adresse d’un Liu Chang, où que vous alliez, vous échouerez." »<br />

< p.574-575 ><br />

ÉPICTÈTE / Entretiens / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962<br />

« Les occasions sont indifférentes, l’usage qu’on en fait ne l’est pas. Comment conserver, avec le calme<br />

et l’équilibre, une attention sans abandon et sans nonchalance? En imitant les joueurs de dés : les cailloux<br />

sont indifférents, les dés aussi ; comment saurais-je ce qui va tomber? Profiter avec réflexion et selon les<br />

règles des points tombés, voilà quelle est mon affaire. Ainsi, dans la vie, voici l’essentiel de ce que tu as à<br />

faire : divise et distingue bien les choses ; dis : les choses extérieures ne dépendent pas de moi ; ma volonté<br />

dépend de moi. Où chercher le bien et le mal? En moi- même, dans ce qui est mien. Quant aux choses qui<br />

te sont étrangères, ne prononce jamais à leur propos les noms de bien et de mal, d’utilité et de dommage,<br />

ni rien de pareil. »<br />

< II v p.890 ><br />

MACHIAVEL / Le Prince / Le livre de poche / Librairie Générale Française 1983<br />

« Chaque homme vise aux mêmes buts, qui sont les honneurs et la richesse ; mais ils emploient pour les<br />

atteindre des moyens variés : l’un la prudence, l’autre la fougue ; l’un la violence, l’autre l’astuce ; celui-ci<br />

la patience, cet autre la promptitude ; et toutes ces méthodes sont bonnes en soi. Et l’on voit encore de deux<br />

prudents l’un réussir et l’autre échouer ; et à l’inverse deux homme également prospères qui emploient des<br />

moyens opposés. Tout s’explique par les seules circonstances qui conviennent ou non à leurs procédés. De<br />

là résulte ce que j’ai dit précédemment: des façons de faire différentes produisent un même effet, et de<br />

deux conduites toutes pareilles l’une atteint son but, l’autre fait fiasco.<br />

...<br />

Si tu savais changer de nature quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait point. »<br />

< p.132 ><br />

MACHIAVEL / Discours sur la première Décade de Tite-Live / Œuvres complètes / Bibliothèque de la<br />

Pléiade / nrf Gallimard 1952<br />

« Deux choses s’opposent à ce que nous puissions changer : d’abord nous ne pouvons pas résister au<br />

penchant de notre nature ; ensuite un homme à qui une certaine façon d’agir a toujours parfaitement réussi,

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