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68 BONHEUR<br />

BONHEUR<br />

ÉPICURE / Sentences vaticanes / Lettres, maximes, sentences / Livre de Poche (4628) 1994<br />

« Voix de la chair : ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid ; celui qui dispose de cela, et a<br />

l’espoir d’en disposer à l’avenir, peut lutter pour le bonheur. »<br />

< 33 p.213 ><br />

ÉPICTÈTE / Manuel / Les Stoïciens / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1962<br />

« N’essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu<br />

couleras des jours heureux. »<br />

< VIII p.1114 ><br />

ÉRASME / Éloge de la Folie / Robert Laffont - Bouquins 1992<br />

« Mais, dit-on, c’est un malheur d’être trompé. Non, ce n’est pas l’être qui est un très grand malheur. Car<br />

ceux qui croient que le bonheur de l’homme réside dans les réalités ont vraiment perdu l’esprit. Il dépend<br />

de l’opinion qu’on a d’elles. L’obscurité et la diversité des choses humaines sont telles qu’on ne peut rien<br />

savoir clairement, comme l’ont bien dit mes Académiciens, les moins orgueilleux des philosophes. Ou si<br />

on peut savoir quelque chose, c’est bien souvent aux dépens du plaisir de la vie. Enfin, l’âme humaine est<br />

ainsi modelée qu’on la prend beaucoup plus par le mensonge que par la vérité. Veut-on une expérience<br />

évidente et claire? Qu’on aille écouter le sermon à l’église : s’il est question de choses sérieuses, tout le<br />

monde dort, bâille, s’ennuie. Si le braillard, pardon, je voulais dire l’orateur [jeu de mot en latin : clamator,<br />

celui qui pousse des cris, et declamator, celui qui déclame = l’orateur] commence, comme il est fréquent,<br />

par quelque histoire de bonne femme, tout le monde se réveille, se redresse, est bouche bée.<br />

[...]<br />

J’ai connu quelqu’un de mon nom qui fit présent à sa jeune femme de quelques pierres fausses et la persuada,<br />

car c’était un beau parleur, non seulement qu’elles étaient vraies et naturelles mais qu’elles avaient<br />

une valeur rare, inestimable. Eh bien, qu’est-ce que cela faisait à la jeune femme, puisqu’elle n’éprouvait<br />

pas moins de plaisir à repaître ses yeux et son esprit de la verroterie et qu’elle gardait cachés chez elle ces<br />

riens comme s’il s’agissait d’un précieux trésor?<br />

En attendant le mari évitait une dépense, et profitait de l’illusion de son épouse qui lui était tout aussi reconnaissante<br />

que s’il lui avait offert un cadeau coûteux. »<br />

< p.52-54 ><br />

« Par les dieux immortels, y a-t-il plus heureux que cette espèce d’hommes qu’on appelle vulgairement<br />

bouffons, fous, sots, innocents, les plus beaux noms à mon avis? Au premier abord, j’ai peut-être l’air de<br />

dire une chose folle et absurde ; c’est pourtant rigoureusement vrai. D’abord ils ignorent la crainte de la<br />

mort, qui, par Jupiter, n’est pas une petite misère. Ils ignorent les remords de conscience. Ils ne sont pas<br />

terrifiés par les histoires de revenants. Ils ne sont pas épouvantés par les spectres et les lémures, ni torturés<br />

par la crainte des maux qui les menacent, ni écartelés par l’espérance des biens à venir. Bref, ils ne sont pas<br />

déchirés par les mille tourments auxquels cette vie est en butte. Ils ignorent la honte, la crainte, l’ambition,<br />

l’envie, l’amour. Enfin, s’ils parviennent à l’inconscience des bêtes brutes, ils ne commettent même plus<br />

de péché, selon les théologiens.<br />

Maintenant, sage plein de folie, je voudrais que tu comptes avec moi tous les soucis qui jour et nuit tourmentent<br />

ton esprit, que tu réunisses en un seul tas tous les ennuis de ta vie, et tu comprendras enfin de<br />

combien de misères j’ai affranchi mes fous. Ajoutez-y que non seulement ils ne font que jubiler, s’amuser,<br />

chantonner, rire, mais de plus ils apportent à tous, partout où ils vont, le plaisir, le jeu, l’amusement et le<br />

rire, comme si la bienveillance des dieux les avait destinés à égayer la tristesse de la vie humaine. Aussi,<br />

tandis que les gens ont les uns envers les autres des sentiments divers, tout le monde les reconnaît également<br />

pour des amis, les recherche, les régale, les choie, les entoure, les secourt s’il arrive quelque chose,<br />

leur permet de dire ou de faire n’importe quoi impunément. On désire si peu leur nuire que même les bêtes<br />

sauvages s’abstiennent de leur faire du mal, les sentant d’instinct inoffensifs. Car ils sont véritablement<br />

consacrés aux dieux, en particulier à moi ; ce n’est donc pas à tort qu’on les respecte universellement. »<br />

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